154 - Meg - l'origine de son monde
Je ne suis pas honnête. Je suis Megan. Megan H. Le nouveau modèle. Le vrai. Le vintage. Le roots. Le basique. Simple. Débarrassée de mes gènes royaux rendus récessifs. Bien planquée en banlieue de l’ère 4 avec d’autres lignées préservées. Greta et sa Victoire, Brigitte et sa Denisova, Danielle et sa Princesse, Pauline et moi. En satellites, Elin 2 et sa K-Lynn révolutionnent autour de nous toutes. Je suis quelqu’une d’autre mais pour ne pas oublier d’où je viens j’ai gardé mon nom de légende en ajoutant pas un chiffre mais une lettre, une deuxième haine qui annule la première pour n’être que amours, chacune à le sien, charnel pour Pauline , amical pour la neuvième d’entre-nous, Estelle Bernadotte. Avec elle nous sommes trois à pouvoir remplacer Clémence si elle échoue dans son Royaume, soutenue par les spiritualités du Vatican 4, surveillées par les services de l’Octogone, avec ce qui reste de sciences à son service. Pendant ce temps, je me cache sous une nouvelle couche d’identité en mettant mon uniforme de marinette ajusté par ma capitaine de corvette qui me serre la cravate et me fait un bisou tendre et sec sur la bouche. J’ajuste mon tricorne, je vérifie l’attache de mon sabre et nous entrons sur la place d’armes où je vais recevoir une médaille dans une chorégraphie orchestrée et solennelle, à l’Est, loin des Ordres de l’Ouest. Et au coquetèle elles me disent toutes des trucs du genre « ça y est, t’est une vraie maintenant » en trinquant aux bulles amères. Je m’aperçois dans un grand miroir, jolie brunette, jolie médaille, ça me va bien l’uniforme, sexy avec mes grandes bottes et ma jupe courte.
- Qu’est ce que j’ai fait en fait pour être dans cette fête ?
- C’est la distribution automatique, on en a tant qu’on reste, à servir. On ne pensait pas te revoir après ton problème de santé.
- J’en suis revenue plus forte, plus vivante aussi, moins contrastée, peau moins blanche, cheveux plus clairs.
Je passe ma qualif bateau à naviguer dans des conditions exécrables. On ne voit jamais les bateaux en intervention, ils arrivent toujours trop tard après les navettes qui savent maintenant se poser sur l’eau en cas de besoin. Mais le bateau est toujours au programme. Ça pourra toujours servir pour se promener au grand large. Je me concentre à prendre les vagues de face pour ne pas chavirer. Pour la qualif sous-marine, tout est beaucoup plus calme, rien ne bouge en dessous, c’est comme en l’air mais au ralenti. Je ne l’aurai pas volée, ma deuxième barre et ma deuxième médaille. Maintenant je peux leur dire : « ça y est, je me sens des vôtres maintenant. » Surtout quand je plonge le visage entre les cuisses de Pauline pour goûter à l’origine de son monde.
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