165 - Meg - même le devoir
À l’abri des regards, nos langues se caressent en bouche à bouche.
- Tu devrais être près de Pauline, tu manques à tous tes devoirs.
- Non, je la déconcentre, je lui ai même fait perdre son travail à la Capitainerie. Elle était réticente à ce que je vienne. Ma présence peut lui nuire, encore. Et là je pense que je suis en train de nuire aussi à ton Adé.
- Je vais vous réconcilier, j’ai déjà plein d’idées.
Ça y est, le slogan gravé à l’entrée prend tout son sens : « Faites l’amour, pas la guerre. » Je ne ressens que de l’amour de Hilde et je le lui rends bien. J’attends qu’elle dise stop, ou alors c’est à moi de le dire ? Deux agentes de l’Ambassade nous retrouvent. Elles nous séparent gentiment. Je reprends ma respiration, je réajuste ma tenue et on retourne vers la foule comme si de rien n’était. Il me faut quelques coupes pour retrouver mon état normal, près de Pauline, à faire des amabilités. Jusqu’à ce qu’elle m’échappe pour une affaire importante à traiter, me laissant seule face à ma prédatrice principale qui a l’air moins sûre d’elle en face à face avec moi-même.
- Tu es… très jolie ce soir, Megan H.
- Merci Adé. Toi aussi, tes cheveux courts font ressortir ta beauté originelle, même en garçonne tu dégages une aura, sensuelle.
- Tu vas t’y faire. En ambassade, l’air qu’on respire est adapté aux missions qui s’y déroulent. Y venir, c’est déjà accepter la paix.
En attendant, j’ai besoin de prendre l’air. Je la salue poliment et je m’évade vers les escaliers de marbre qui montent, qui montent… jusqu’au toit. Oxygène. 40 %. ça fait du bien. Bizarre. Personne ne règle ses comptes ici ? Je me sens terriblement seule, sous les étoiles, dans la fumée de ma respiration. Ne pas s’approcher du bord. Quelqu’une pourrait me pousser. Ce serait la fin. La porte s’ouvre derrière moi. J’ai été suivie.
- Megan ?
- Greta ! Tu es toute belle. Classe. Je suis contente de te voir.
- Je vois ça. T’es pas mal non plus. Allez, viens, c’est dangereux ici. Le toit d’une ambassade, c’est pire qu’un champ de mines.
Elle me prend la main et on descend en rigolant.
- Je sais que c’est dans l’air mais je te trouve super attirante, Greta.
- Moi aussi. Je me sens super attirante. Approche. Tu te rends compte qu’on a exactement le même gabarit. On est faites l’une pour l’autre. Pas de plus grande, pas de plus petite, pas de plus…
Je l’embrasse, amoureusement. Avec elle j’ai le droit. J’ai même, le devoir.
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