167 - le monde de nos extases
En me faisant les mêmes tresses qu’elle, Greta me le confirme. D’après ses sources au Vatican, mon nom n’est plus en tête de chapitre mais il s’agit toujours de mon histoire.
- Quel numéro ?
- 167, un nombre premier, évidemment.
On se met toutes nues pour se couvrir de lingerie fine. En jaune pour elle, en brun foncé pour moi. Comme ça Victoria a le choix, entre vanille et chocolat. On n’est pas trop de deux pour assouvir cette grande dame aux formes parfaite. Elle a coupé ses longs cheveux blonds pour se démarquer de sa Reine fille. Ça dégage ses épaules et sa silhouette n’en est que plus impressionnante. J’ai le droit à son côté droit, Greta a le privilège du cœur. Le voyage de ma langue commence par son oreille et se termine loin en bas, au bout de ses orteils. Sur le trajet il y a quelques tempêtes où l’orage râle, je suis le rythme de Greta, en miroir, je suis sa positive. Mais toujours insatisfaite, Victoria s’entreprend en solo nous mettant hors sujettes. On se retire alors de sa couche pour s’isoler à côté et se donner l’une l’autre comme on a su lui donner à elle. En revenant à nous, on arrive pas à s’endormir alors on cause :
- Greta, j’ai vu dans la Bible que tu n’apparais pas tout de suite dans le premier tome. Pourquoi ?
- Parce que ce n’est pas mon histoire en fait. Je ne suis qu’un personnage secondaire.
- Ça me rassure, ça veut dire que je ne suis pas si importante que ça. En plus, cette histoire est trop longue, trop compliquée, trop de personnages, et c’est souvent mal écrit.
- C’est vrai, je m’y perds à chaque fois que je m’y plonge.
- C’était comment la Terre ?
- Dans la folle course du temps, les êtres vivants mourraient et le reste se dégradait dans un monde où le risque et le hasard étaient pessimiste. On est bien mieux ici où tout fonctionne pour toujours, êtres vivants ou non. Ici, tu peux, tu vas nous inventer une belle fin, j’en suis sûre.
- Je vais y réfléchir. C’est vrai que tu le mérites. On le mérite toutes. Mais on n’est pas bien là déjà ? Il n’y a rien de mieux à espérer, si ? Et même, le mieux est l’ennemi du bien alors pourquoi on s’inquiète du chapitre suivant ?
Elle prend ma main pour que je la caresse à nouveau. Philosopher, c’est bien, mais boire de son lait, c’est mieux. C’est encore mieux. Et elle me le rend bien. On s’évade à nouveau dans le monde de nos extases.
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