169 - réciproque
Les premières lueurs de l’aube me réveillent. Les révélations de Greta se sont plantées dans mon esprit et je n’ai plus qu’à les arroser pour qu’elles grandissent et prospèrent. Je me redresse et j’admire la beauté magique de Pauline qui récupère son désir assouvi dans son sommeil réparateur. On est toutes au bon endroit pour vivre nos fictions et pour être au plus près de la vérité, il faut en faire le moins possible, c’est pour ça que Aurélie a créé les Suburbs, que Pauline en a sélectionné les habitants avec son Ambassade, qu’elle est venue y habiter quand elle a trouvé la bonne personne, en l’occurrence, moi. On est toutes sensibilisées et initiées au fait qu’ici, il faut en faire le moins possible dans les scenarii de nos vies pour rester au plus près de la vérité. Avec mes romans à l’Ouest, je suis allée tellement loin dans le mensonge que, en arrêtant mon esprit et en priorisant mon corps, j’ai eu la bonne démarche et Pauline m’a choisie pour cela, pour être à ses côtés. C’est parce que je suis allée la plus loin du côté obscure que j’ai compris comment revenir vers le côté le plus clair, au risque de disparaître dans ma propre lumière noire, cette couleur que j’ai essayé de garder sur moi en souvenir dans mes cheveux et dans mes yeux. J’enlève le drap qui la recouvre et j’admire ses courbes angéliques, Pauline est une invitation à l’amour sacré sous toutes ses formes. Je me mets en position sur elle pour la réveiller dans mon devoir, conjugal. Aujourd’hui on n’a rien à faire à part s’occuper de nous et traîner avec les autres âmes, esprits et corps de la tribu. Après la douche et le petit-déjeuner, une fois habillée, j’envoie une invitation à Izzy pour un brunch privé près de la cabane de notre jardin. Un prétexte pour discuter, l’écouter, et plus, si affinités :
- En supervisant les activités artistiques à l’Ouest, je participais à recouvrir l’Humanité 4 d’une couche supplémentaire de mensonge. Ici, je me sens enfin moi, une Denisova, et j’enseigne ce que je sais avec parcimonie aux élèves de l’école, juste ce qu’il faut, pas trop, sans les passionner au point qu’ils se perdent à aller sur la mauvaise voie. Mais ce sera à eux de comprendre et de trouver la leur, non ? On n’est pas les gourous d’une secte.
- Je ne sais pas, on y ressemble beaucoup en tous cas, non ? On a même les deux pôles avec nous. On est les plus belles armes pour combattre le feu par le feu. Et plus je te regarde, plus je me demande si tu n’es pas la plus belle d’entre-elles.
- C’est la nature de tes gènes primaires qui parlent. Il n’y a pas meilleure que toi pour apprécier ma vraie beauté naturelle, et c’est réciproque.
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