170 - du sens sensible

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C’est en arrivant au dessert, avec les fraises, assises sur l’épaisse couverture dans l’herbe au soleil derrière la cabane à l’abri des regards que, on a succombé, en se goûtant et en les mangeant une à une dans la bouche de l’autre sous la caresse de nos peaux suintantes de désir jusque dans la chaleur de nos plis les plus profonds. Il s’est passé quelque-chose. Après ça, on ne se regarde plus comme avant, c’est plus direct, plus franc, plus vrai, plus inconditionnel. On se reconnaît telles que nous sommes. Je la vois et elle me voit. Izzy. C’est si fort. Si naturel. Inéluctable. Maintenant je comprends pourquoi Bri l’aime et pourquoi Pauline a validé sa venue. Pas parce qu’elle est exceptionnelle, il y en a plein d’autre à l’Ouest qui mériterait notre place. Parce qu’elle est prête à tout renier pour s’approcher de l’absolue vérité.

  • Cette vérité dont tout le monde se fout tellement le niveau de l’illusion d’elles-même est élevé. Elles ne sont pas juste dans le fantasme ou dans la légende. Elles sont carrément perdues et oubliées. À Pauline de sélectionner celles qui sont prêtes à se retrouver, ici, avec nous, toutes. Là, ça fait secte.
  • Oui et non, je suis d’accord.

On se regarde en souriant, en silence, en se caressant, en s’embrassant. C’est notre moment à nous. Suspendu. Le temps s’arrête. L’instant d’après, je reprends conscience en un flash orgasmique, dans la cabane, sur le lit de camp, à genoux et à plat ventre, je secoue mes fesses dans son visage. My turn. J’y vais aussi fort que je peux, ses plaintes m’encouragent. Après ça, on ne se regarde plus pareil, encore. Elle pose sa main moite sur mon visage luisant et avec reconnaissance elle me dit :

  • Tu n’as pas idée de tout ton potentiel, Megan. Mais nous, si.
  • Tu veux dire, sexuel ?
  • Ah non ça je n’en avais pas idée. Mais c’est normal. C’est inconcevable. Il te faut te jouir pour te croire.

On change d’air. Elle rentre chez elle et je la suis, soit-disant qu’elle a des choses à me montrer, elle veut m’éveiller à la peinture, aux images. Mais quand on arrive en rigolant de nos chatouilles on surprend Bri, en cuisine. Izzy s’excuse de passer en salle d’eau, elle a des preuves de moi à effacer sur elle, en elle aussi je pense. En attendant, je risque un pas en cuisine en me tenant à l’écart même si je dois sentir Izzy à plein nez.

  • Approche Meg, je ne la sens plus tellement je la consomme.
  • Qu’est ce que vous avez toutes à faire de la cuisine ?
  • Après nos exploits de tous les jours, on doit se recentrer sur l’essentiel et le naturel d’une activité, manuelle et utile, qui a du sens, sensible.

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