J’ai mal à la tête, trop de soleil. Je m’arrête au bar pour boire des bulles sucrées à l’alcaloïde pour évacuer toute cette fumée de mes fluides. Une jolie main me pousse mon verre. Je lève la tête.

• Salut Misha.
• J’ai lu tous tes bouquins.
• Pas moi. Mais j’ai pas écris ça pour les petites filles comme toi. Tu ferais mieux de t’en tenir à la Bible.
• Merci pour Danielle. Maintenant je l’ai pour moi toute seule.
• T’as bien de la chance, Misha, d’être née ici et de ne jamais être partie.
• Mais j’ai loupé plein de trucs il paraît, pour évoluer et grandir.

Elle me caresse l’avant-bras et pose sa main sur la mienne. Hypnose de contact. C’est une fille de terrain, il n’y a pas de doutes.

• J’ai connu tes parents. Ils travaillaient pas loin d’ici, avant tout ça. Une voie logistique vers le sud et vers l’ouest. Ils en étaient responsables.
• Oui je l’ai les reconnus dans « Invisible ». C’est pas l’ancien titre de la Bible d’ailleurs ?
• Entre autres. Ça dépend quelles archives on consulte. Ils m’ont beaucoup inspiré, tes parents. Ils ont toujours bien fait les choses, même toi. Tu vis vraiment dans cette maison mystérieuse tout en haut de la montagne ?
• C’était un relais, sur la route du sud. Danielle trouve ça trop sophistiqué alors on vit en bas. Elle préfère les maisons aux palais.
• Comment elle va ?
• Elle déprime. Elle glisse sur la voie de Elin. Ça la hante. Je ne sais pas toujours quoi faire. Heureusement qu’elle vous a, toutes.
• Surtout toi Misha. Tu sais, il suffit juste d’être là, pour elle, c’est tout.
• Mais elle va beaucoup mieux à chaque fois qu’elle te croise. Montre-moi. Pour elle. Et un peu pour moi aussi. Et pour toi.
• Tu as quelque-chose en plus. Ton lait, elle doit en boire. Et toi, tu dois boire le sien aussi, pour vous maintenir en jeunes mamans.

Dans la paillote on peut sentir les effluves de toutes les précédentes usagères. Je la plaque, nue contre les traces sur le mur. J’aime salir sa beauté, appuyer fort sur ces seins au point d’en faire sortir un jet lubrifiant ses parties intimes et sa bouche. Elle pleure, je relâche la pression.

• Tu me fais mal, tu me fais peur.
• Elle a besoin d’être bousculée, il faut la tirer vers le haut. Domine-la. Elle est à toi. Tu es à elle. Ne laisser pas une fantôme entre vous.