179 - vraiment à part
Traditions. Mon pot de départ à la Capitainerie. On accroche la nouvelle plaque fraîchement gravée. Mon nom vient après celui de Pauline, en toutes lettres. Leclère. Honest.
- Ah non les filles il y a deux « n » à « Honest ».
Mais j’en rigole, je m’en fiche. En revanche, je n’avais jamais vu le nom de Pauline. Elle a pris le nom de sa mère. C’est presque le même que celui de Alice. La magie des mondes parallèles. Je donne mes galons à ma successeuse, sinon ça porte malheur de les garder, les marinettes sont très superstitieuses. Je déambule désormais en civile sur le Port. Je vais même hors-sujette tellement je n’ai aucun signe extérieur maritime. Mais je n’ai pas besoin de montrer au prouver quoi que soit, tout est en moi. Je suis plutôt classe mais un peu trop garçonne dans ma tenue. Heureusement que j’ai ma magnifique crinière. Pénélope n’a pas le loisir de pouvoir traîner anonymement en ville alors je la rejoins chez elle, pour discuter. On s’embrasse, maladroitement, elle est gênée, je l’impressionne.
- Tu es si forte, Megan. Tu me fais un peu peur.
- Tu peux. Une Chapelle va ouvrir sur le Port. Toute noire. La mienne. C’est pour calmer les âmes de l’Ouest et leur satanée annexe. Sinon, je te trouve un peu pâlotte et comme coincée en prison ici. Je t’ai obtenu un passe. Un passe Port. Et des vacances. Au soleil. Moi aussi. Pauline est très… compréhensive. Et je suis très persuasive aussi. C’est mon congé de fin de service, il paraît. On y va ?
Elle me trouve incroyable. Il était temps que j’arrive dans sa vie pour remettre du vent dans ses voiles. Nous voilà donc au soleil, Laguna Beach, maison 25, on se prélasse sur la terrasse pendant que Médo court après les gros oiseaux blancs. Il n’y en avait pas avant.
- Tu es comme une évidence, Meg. Je te vois et tu me vois.
- Je sais, j’ai l’impression de vivre une expérience mystique.
- Tu as beaucoup d’amies en banlieue.
- Et j’ai une femme aussi. Est-ce que son job est plus important que le tien ?
- Maintenant qu’elle est titulaire, oui. Je suis à ses ordres.
- Ça alors, Penny, tu fricotes avec la femme de la patronne.
- Je vais avoir des ennuis, mais j’ai l’habitude.
Je lui prends la main pour lui faire sentir que non. Elle est tellement douce. Elle a la beauté de Victoria, mais en plus naturel. Moins que Clémence mais plus que Émilie. Elle est vraiment à part.
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