180 - sexe primé sans dormir
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Je rentre encombrée de mes bagages avec un grand chapeau et des lunettes, je suis un peu pataude à ouvrir et à refermer la porte derrière moi, surtout avec mes talons aiguilles. Pauline m’accueille en pouffant de rire.
- Alors ? Elle est comment sous son uniforme et sous la couette ?
- Tu te rappelles plus ?
- Non, on ne se connaît pas intimement.
- Ah bon, je croyais. Tu n’as jamais été tentée ?
- Si mais elle n’est pas très abordable avec moi, on n’est pas du même monde.
- Faut que je te montre alors. Elle fait l’amour au ralenti. C’est enivrant et en phase aussi, avec l’éternité. Ça donne une certaine impression d’absolu. On va essayer ça tout de suite.
Je lâche tout et je me réfugie en elle. Qu’est ce qu’on est bien ici. Elle me serre tendrement. Je lui ai manquée. Elle est contente que je sois rentrée. Moi aussi en fait. Je ferme les yeux et je me concentre sur cet instant merveilleux.
- Et pour la Marine, tu t’es beaucoup investie et tu es douée. Tu regrettes ?
- Je devrais mais je me sens libérée en fait, de toutes ces responsabilités et ces contraintes. Et je dois avouer et m’avouer que je ne me suis jamais vraiment sentie marinette. Surtout sans toi à mes côtés. J’espère même ne jamais être rappelée. En tous cas c’était enrichissant et intéressant. Je n’avais jamais eu de vrai métier avant, surtout technique. Je suis une artiste en fait. Sauf que pour l’écriture, je ne suis plus inspirée. Je n’ai plus rien à raconter. C’est comme ça. Ça ne s’apprend pas. Ça ne se force pas. C’est juste fini. Dès que je l’ai su j’ai voulu devenir autre chose, redevenir moi, simple et basique, quitte à mourir, quitte à m’oublier. Mais je ne renonce pas à tous, je ne renie pas mon histoire ni mon nom. Aujourd’hui je suis juste la femme de l’Ambassadrice, je vis au Glet Manor et je fais parti de la tribu Grevibrizydanisha, avec Estelle à part quand même. Elle est un véritable défi à toutes.
- De ton point de vue, à ton avis, où est la menace ?
- Adé et Hilde. Le jour où elle seront ici, il en sera fini de la civilisation. C’est pour ça que je vais aller prêcher la bonne parole dans la Chapelle Noire du Port, pour les âmes disparues en mer et pour celles qui se perdent dans notre annexe.
Sur ce, on rejoint notre couche pour laisser nos corps s’exprimer et s’endormir.
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