207 - bonheur en trio
Quand je regarde les ascendantes de Edwige, je tombe sur un problème. Martine. Je l’ai bien connue. Elle a eu une existence tumultueuse et productive avec plein de descendantes. Edwige en fait partie. Voilà peut-être pourquoi elle me ressemble. Il y a trois générations d’écart, les analyses génétiques ne sont pas probantes. Mais au-delà de ça, on s’est reconnues, c’est sûre, à travers notre baiser d’instruction. Mais je suis coincée. Je ne peux pas aller voir Edwige et lui montrer son arbre généalogique pour expliquer que j’ai fricoté avec mémé Martine. À quoi bon griller ma couverture ? Advienne que pourra. Mais quand je croise le regard passionné de Edwige, je la suis dans la sale de couture du théâtre pour remettre les pendules à l’heure.
- Je suis avec Glory. Tu es avec Paulette.
- Je suis avec Paulette. Tu es avec Glory. Je veux rien Jenna. Je veux juste recommencer, pour voir. C’est tout. Si tu veux pas, c’est qu’il y a une raison, non ?
- Oui, si. J’ai ressenti quelque chose. Mais je ne veux pas d’histoires.
- Pas d’histoires ?
- Tu serais pas un peu medium ?
- Non, juste intuitive. Je ressens un danger, une interdiction.
- Moi aussi, Ed oui je… propose qu’on règle ça et on passe à autre chose.
Mon jeu de mot la fait sourire. L’ambiance se détend. Elle s’approche. Elle pose sa bouche contre la mienne, elle me lèche les lèvres, je les ouvre pour nous noyer dans un déluge d’émotions. Je me sens toute chose. Elle a l’air satisfaite. Elle s’est débarrassée de son fantasme en moi. Elle est partie avancer vers un autre chemin que le mien. Affaire classée. Me voilà tout seule comme une conne face à des robes à coudre, abandonnée à peine après avoir été consommée, par une toute petite sophomore, la mienne à moi quand même. Elle va en vivre des choses torrides, c’est sûr, elle a le bagage pour. Mais je me reprends en main et je sors dans la lumière du soleil de l’Ouest, moins fier depuis que je suis brune, en plus il fait ressortir mes taches, de rousseur. J’essaie de vraiment cette fois-ci me libérer mentalement de toute la pression de ces derniers temps, je n’ai à traiter que mes petits problèmes de petite lycéenne avec mes petites copines, coquines, en particulier la mienne, mon adepte et ma suc’suceuse de talent, Gloria H. ou Glory A., Glo que je m’applique à déniaiser avec la plus douce des terriennes de la vague 1 chez qui on habite, entre autres, pour mon plus grand bonheur en trio.
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