« La vie à 5 » dans la maison 25, starring Auguste dans le rôle du pater familias, une espèce en voie de disparition ; Pénélope en mater et en famille aussi avec la nouvelle venue ma poulette Paulette ; Gloria Herm, l’écrivaine la plus talentueuse de sa génération mais qui traverse une opération de doute ; et moi, Jenna, en train de crépiter sur le balcon sous la fumée blanche, habemus mamam, je respire le fruit de mon péché en inondant l’Ambassadrice des cinq cercles olympiques, l’esprit coubertaine, l’importante c’est de participer.

• Merci Meg, tes copines épicées sont longues en bouches, je suis brûlée de partout. Meg ?
• C’est Jenna. Je commence à l’oublier aussi, à m’oublier, à t’oublier.

Pauvre Pauline. Elle a tout perdu. D’abord Auguste, ensuite moi. C’est dur. Sinon à l’Est, rien ne nouveau, au contraire, tout disparaît, de ma mémoire ou en vrai ? Au lycée, je vole dans les airs parce que je suis la plus légère au bord du stade où je ne comprends rien au sport qui se joue. Je ne suis qu’une pom pom girl et le bleu me va si mal. Un module de plus à mon compte, c’est toujours mieux que de courir en rond pour rien. Je préfère jouer les heureuses avec mon maquillage à paillette et avec le plaisir de me donner en spectacle, moi qui d’habitude me cache en régie dans un théâtre fermé, là je suis à l’air libre, libre dans l’air à être l’attention de toutes les spectatrices qui se demande si je ne vais pas… ouf ! Elles m’ont rattrapées de justesse. J’incite des vocations surtout lorsque j’aperçois le regard admiratif de Gloria toute debout avec sa canne. À la pause on se retire, je suis Paulette comme un guide, lorsque j’arrive enfin à la rattraper sous les gradins je lui avoue :

• T’as raison, c’est génial. Merci de m’avoir poussée, et rattrapée aussi.
• Je savais que ça allait de plaire. N’hésite plus à me dire oui.

Et elle m’embrasse, et je l’embrasse, et on rit, et on se regarde, heureuses, simplement. Ma poulette, elle se touche les lobes pour s’isoler dans son silence et me regarder comme on admire un paysage. Son opération à elle s’est si bien passée que ça a été sans anesthésie et indolore, juste une minute ou deux et la voilà plus que guérie puisqu’elle peut aussi décider de ne plus entendre. Je passe en langue des signes :

• Qu’est ce que tu me trouves ?
• C’est toi qui m’a trouvée. Je te trouve très belle en bleu et en joie.

J’ai encore un peu de mal à comprendre mais je ressens une brise fraîche, une prairie de fleurs et ce soir elle découvre ma langue entre ses fesses à lui faire changer à jamais l’expression jadis innocente de son visage parfait.