247 - les négociations
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Je retrouve la vue. Et le présent aussi. Ouf ! Estelle est là. À la maison, chez Gloria et moi à Laguna City. Je lui explique :
- J’ai vu toute ma vie défiler depuis … j’étais la Megan des Suburbs. C’était un message mystique, une voie à suivre. Maintenant je sais.
- Il te faut une correction génétique. Hôpital.
- Non, je maîtrise, je suis revenue toute seule au bon moment et au bon endroit. Si tu m’obliges à ça, je ne t’appellerai plus jamais.
- Tu étais en crise d’épilepsie. Tu veux prendre le risque de griller ?
- Bon, OK, juste un traitement alors. Pas en tige, j’ai arrêtée de fumer. Pas en capsule interne à diffusion régulée non plus. Je veux avoir la main. Des cachets.
- Trop contraignant, tu les prendras pas ou pas bien. Capsule contrôlable.
Toutes les deux on veut voir ce que ça fait, on est des exploratrices de la conscience. Va pour sa dernière proposition. Estelle me pose la capsule et s’en va. Gloria attend des explications :
- Avec ma transformation génétique, j’ai des effets secondaires. Comme celui-ci, je peux disjoncter de l’esprit à tout moment. J’échappe ainsi aussi à l’éternité qui n’a plus vraiment de sens pour moi.
- Tu parles bizarre. Vous jouez à quoi ? J’ai entendu «correction génétique». C’est qu’il y a une solution. C’est qu’il n’y a pas de problème. Alors pourquoi ?
- Pour la science. C’est mon projet initial. J’ai faite une thèse là-dessus. Il n’y a pas qu’au lycée où ça s’est mal passé, au centre de recherches biomédical aussi. Je suis même folle, je suis devenue écrivaine. Pour en sortir, j’ai subi une régression génétique. Et me voilà.
- Tu peux m’oublier et je peux te perdre en un instant. J’aime pas ça.
- Je suis stable. En cas de gros problème, il y a une grosse solution.
En attendant, j’ai comprise que je suis sur la bonne voie, technique. M’orienter ensuite en ingénierie spatiale. Pour y retourner ? Pour quoi faire ? Il n’y a rien là-haut, c’est le néant. Je n’y crois pas. J’ai de l’anti-Foi en tout ça. Gloria fait une drôle de tête.
- Non Jenna. Je ne suis pas d’accord. Tu peux m’oublier. C’est fini.
- Glo. Je ne veux pas te perdre. Emmène-moi à l’Hôpital, on va me corriger.
- Non Jenna, je ne veux pas t’empêcher d’être toi-même ou une autre. Je n’ai pas le droit. On est libres. Tu es libre. Je ne sais plus. C’est trop.
Alors dans le doute, elle pleure, elle m’aime, elle reste. Je suis soulagée, pour moi, pour elle, dans l’amour, dans les compromis, dans les négociations.
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