252 - la porte derrière nous
Le Palais Royal de Sylvania, Clémence demande à me voir :
- Tu es plus forte que le Vatican. Greta est ta mère de lait. Et moi ?
- Je ne touche pas à la famille, même lointaine et indirecte. Sinon je suis plus Pôle Sud que Pôle Nord. In Bri I trust.
Avant de partir, j’hésite à lui parler plus amicalement. Il fait si froid ici. On est dans l’ère 4. Il lui faut une flamme. Alors je m’approche d’elle. Tristesse et mélancolique, elle esquisse un recul et ouvre la bouche pour inspirer. Un signe à ses gardienne m’épargne. Elle est si belle de près aussi. Ses yeux sont purs, son âme aussi. Le fardeau du pouvoir assombrit son esprit. Un deuxième signe et on se retrouve seules elle et moi. Même la lumière s’en va.
- Un thé ?
On descend de son trône et je lui tiens la main car elle risque de trébucher sur sa traîne. Elle dégrafe tout et on se réfugie dans un petit salon privé et chaleureux. On s’installe confortablement sur un divan en posant nos tasses chaudes sur une table basse. Elle serre un coussin contre elle et replie ses jambes. Je me rapproche d’elle et elle se penche sur moi pour me tenir le menton et regarder dans mes yeux. Je lui vole un bisou sur la bouche. Elle me le rend, tout doucement, en fermant les yeux. À mon tour de la goûter, vraiment. On s’interrompt pour boire notre thé avant qu’il ne refroidisse et aussi pour réaliser ce qu’il vient de se passer. Je rompt le silence :
- Alors, ma Reine, suis-je une menace ?
- C’est de moi qu’il faut avoir peur.
L’entretien est terminé. Le soir je bascule dans une autre ambiance. C’est l’inauguration de la Maison Bleue sous la surveillance de Kim dont on entend le sifflet au bord de la piscine. À l’intérieur je prépare des cocktails avec Maïa, dans la bonne humeur. Je l’admire de près, elle a l’air tellement solide. J’adore sa façon de bouger, gracieuse et précise. La serveuse part avec nos création sur un plateau et comme à chaque fois qu’on se retrouve seules, elle se met à légèrement trembler. C’est presque imperceptible mais je le sens plus que je ne le vois. Pour la détendre, je lui raconte mon entrevue avec Clémence en inversant la vérité.
- Elle m’a demandée si elle était une menace et je lui ai répondu que c’était de moi qu’il fallait avoir peur.
Elle ne me croit pas. Je n’insiste pas en espérant laisser planer le doute. On fait notre ronde, on va voir dans les chambres. Dans le grenier, elle ferme la porte derrière nous.
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