Je sors du lit chaud et soyeux pour chercher mes habits dans le wagon de l’amour de l’Orient Express à quai dans la gare abandonnée de Laguna City, le siège historique du Pôle Sud de Bri qui se réveille et qui vient me faire un gros câlin tendre et doux. Je n’ai pas hésité une seconde quand elle m’a proposée de visiter son train, arrière. Je me laisse encore couler dans ses bras un instant. On reste là à mémoriser ce moment à nous en dehors de nos histoire et du temps qui ne passe plus. On est en connexion sensuelle comme elle dit. À ma prochaine visite médicale j’ai un nom à ajouter à ma liste et d’autres à enlever. Il nous faut des limites, nos journées sont courtes et nos nuits sont exclusives. Surtout que j’ai du travail pour mes modules théoriques. Et j’ai pas le niveau. Et j’ai trop de distractions. Rien à voir avec mon expérience primaire de lycée où l’ambiance était exécrable et que je n’avais qu’à travailler, un peu trop passionnée par la biogénétique déjà, je suis allé au bout du sujet, je suis même dedans maintenant et pour toujours, c’est irréversible. C’est pour ça que j’avais gardé mon nom et mon prénom, pour me rappeler d’où je viens et qui je suis, une sous-Megan H, une Jenna J et j’adore ça être plus fragile, plus simple, moins torturée, dans un monde d’amour et de paix, je suis une petiote adolescente de mon ère. Je vais voir la psychologue scolaire, Valériane K, pour lui raconter que :

• Je ne suis pas intelligente. En senior, c’est un soulagement d’avoir gardé seulement le T et abandonné la filière S. Mais même comme ça, j’ai du mal. J’essaie de mieux m’organiser mais mes résultats sont faibles.
• On ne peut pas tout savoir, il y a trop d’informations à assimiler dans les domaines. Tu as fait des choix mais ça ne suffit pas pour être bonne. Qu’est ce qui t’empêche de rester moyenne ? Sors-toi de tes objectifs. Concentre toi sur le prochain pas. Tu te prépares pour l’école d’ingénieure sur le campus. Ce sera à ton rythme. Et le reste viendra, ou pas. Ceux qui ont des espoirs se mettent en danger. Prends ce qui vient. Le lycée, les grandes écoles, c’est juste une occupation de ton corps et de ton esprit pendant que ton destin se dessine, dans l’ombre de ton âme.

Vu comme ça, je me sens plus légère et je peux profiter de tous les à côtés, ce qui compte vraiment, en pleine conscience. En travaux pratique une camarade insiste pour être en binôme avec moi sur un atelier où on se complète parce que je m’occupe de la programmation et elle maîtrise la gestion des fluides. À la pause elle me parle des affluents du fleuve Jordania et de la distribution de l’eau dans les villes. Pour la faire taire je l’embrasse sur la bouche.