258 - dans la mienne
Talia, elle est toute potelée, pas très féminine, blonde aux yeux bleus, on dirait un ange en fait avec ses joues rouges de honte à se frotter le ventre contre le mien au fond de l’arrière salle du laboratoire où je lui souffle :
- Mon bébé, t’es facile à satisfaire. Une fois que tu es lancée, on ne peut pas t’arrêter. Tu t’es déjà évanouie deux fois. Je n’ose plus t’explorer avec mes doigts. Tu as vraiment envie de moi, pourquoi ?
- Jenna, tu es une légende. Et tu es tout le contraire de moi. Brune, fine, belle, j’ai vraiment de la chance de pouvoir te toucher, t’embrasser. Merci.
Elle me fait plein de bisous et on retourne à notre paillasse technique. Après le cours on ne se quitte pas et on marche dans la cour en se tenant par la main. Elle me chuchote des bêtises qui me font rire aux éclats. Elle est trop drôle. Je me sens bien avec elle, moins stressée, plus insouciante. Une dame nous fait coucou depuis une fenêtre du premier étage. C’est Valériane, rassurée de me voir si joyeuse. Et avec Talia c’est simple. On n’en est pas à s’enfoncer les outils, elle veut juste un peu d’affection, c’est tout. Souvent elle me trouve un peu trop entreprenante, elle repousse mes avances, elle m’apprend le soft love, elle appelle ça de la camaraderie. On se chatouille et on rit. Elle me fait réaliser que :
- On n’est que des lycéennes, pas obligées de faire comme les grandes.
Je la trouve limpide. C’est son style. J’aime bien. Même les mauvaises langues de la promotion disent :
- On la trouvait moche et conne jusqu’à ce qu’elle traîne avec toi. Nous on n’a pas su la voir, toi si.
- Je suis pas aussi évoluée que vous. Je regarde pas avec les yeux.
Je leur montre mon doigt, je le renifle, je le goûte jusqu’à les choquer. Me voilà moyennement populaire. Mais bon, c’est des grandes maintenant, elles sont prêtes à jouer, il suffit de les motiver. Mon audace force le respect. À suivre ou pas, je suis un certain exemple de seniore. Avec Gloria on ne se croise jamais au lycée, les « L » ont leur rythme à part. Avec Talia, j’ai maintenant toujours un peu d’affection sous la main.
- Mais je tiens à en rester là, je ne suis pas prête à te suivre chez toi.
- Ni moi non plus, je veux bien que tu restes pour moi un petit bonbon acidulé qu’on mange en cachette après le dessert, je n’en demande pas plus, je m’en tiens à ce que tu es prête à me donner.
Justement, elle sort des confiseries de toutes les couleurs et on les goûte une par une, dans sa bouche et dans la mienne.
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