264 - la brune primaire
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On passe une bonne soirée et une belle nuit, on est tellement fières l’une de l’autre qu’on s’aime encore plus. Même sous la douche du matin et jusqu’au brunch préparé avec amour. On passe un jour ou deux ensemble, chez nous et à l’extérieur mais en dehors de notre vie sociale classique, comme chaque autre couple pendant les days off qui sont de plus en plus nombreux. Parfois certaines n’en reviennent jamais. C’est ainsi que la décroissance continue. Seules les crises nous réveillent de notre léthargie éternelle de bonheur et de paix dans l’amour pour toujours.
- Mais toujours rien de mal, il ne se passe rien de grave, c’est cool. Chill.
- Chaque problème trouve sa solution. Chaque désir, son plaisir.
- Ne nous laissons pas aveugler par l’avenir qui peut nous noyer dans toutes ses possibilités.
- Laisse-moi juste me noyer dans toutes tes possibilités.
De câlins en orgasmes, le soleil se lève et se couche sur notre couche. On est bien, là.
- Et si on n’y retournait pas, au lycée ? On n’a pas besoin de plus qu’ici.
- Quoi qu’il arrive, on sait qu’on a notre foyer ici toi et moi. Quand ça se passe mal au lycée, en prépa, en école ou au boulot, c’est pas grave parce que tous les jours et toutes les nuits on rentre ici pour se retrouver. En attendant, Gloria doit préparer un reportage pour un de ses modules. Elle veut faire la suite d’une interview vidéo qu’il y avait eu de moi en école de médecine. Je m’en rappelle vaguement. On l’affiche sur le mur numérique pour regarder la jolie blonde bouclée aux yeux azur.
- Bonjour, je suis la docteure Honest, interne en génétique. Ma thèse repose sur la transformation génétique avec expression des gènes primaires et compatibilité avec les ondes telluriques, ce qu’on appelle les antennes d’immortalité (…) Ici c’est difficile, en prépa, c’était dur, au lycée c’était horrible. Burn out, harcèlement, suicide et j’en passe avec plus ou moins d’intensité en fonction des niveaux. J’ai bientôt fini et je pense faire tout autre chose pendant un moment, pour temporiser, prendre du recul avant d’exercer vraiment.
Je continue l’histoire au studio Russell, interviewée par Gloria.
- J’ai terminé ma thèse et une fois diplômée j’ai tout abandonné. Publish or perish. J’ai péri mais j’ai publié beaucoup de romans. Quand je suis arrivée au bout de ma carrière littéraire, je me suis remise à la médecine mais pour mes recherches, je n’avais pas de cobayes alors j’ai essayé sur moi. C’est là que je suis devenue Megan Honnest, la brune primaire.
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