268 - fin de ma convalescence

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Un endroit pour respirer. Voilà ce qu’il me faut. Je vais sur la plage entre la maison 25 et la 44 mais je me fais courser par Médo qui ne me reconnaît plus. J’ai changé d’odeur. À la visite médicale Hélène me le confirme.

  • Ça y est. Tu es arrivée au bout de ta transhumance génétique. Toutes les courbes sont dans la norme. Plus besoin de lait. Fini les vertiges.
  • Alors pourquoi j’ai l’impression d’étouffer. J’ai besoin d’air. Oxygène.
  • Non, suis-moi, on monte.

Sur le toit. Il fait nuit. Des lumières clignotent au loin. Une navette de secours arrive. Elle me fait m’asseoir sur un bloc de pierre avec elle et on admire le spectacle de l’atterrissage d’urgence et de l’évacuation de la civière entourée de medics. Elles ne nous remarquent pas, on est comme des fantômes du futur en train de regarder une scène du passé.

  • Ça y est, je sais d’où me venait cette impression de déjà vu quand j’étais dans Marine à l’Est, j’ai été interne en médecine, comme elles, à intervenir en aérien. J’ai fait la même chose sur l’océan, c’était beaucoup plus dur encore.
  • La boucle est bouclée Jenna. Tu peux aller de l’avant maintenant.

Elle me tend deux tiges. Une bleue et une rouge. Mais je n’ai plus ce genre de choix à faire.

  • Je ne fume plus. J’ai arrêté toutes les couleurs et même le blanc.

Elle range ses tiges et me donne une boite, noire. Pleine de tiges, noires.

  • Ce sont des royales. On est liées à la Couronne, Jenna. Respire.

Elle m’en pose une entre les lèvres. Pas besoin de l’allumer. Juste inspirer à travers. Mes poumons semblent s’ouvrir pour la première fois. J’attrape sa main et je serre, c’est une sensation impressionnante. La navette repart en intervention et le calme revient. On aperçoit quelques étoiles. La tige raccourcit à mesure de mes inspirations.

  • Qu’est ce que c’est ?
  • Oxygène solide, entre autres stimulants vitaux, ça se termine comme ça :

Elle me prend mon mégot, le met dans sa bouche et le croque. Je sens sa main sur ma nuque, son visage s’approcher du mien et sa bouche sur la mienne pour un baiser de la vie. Mon visage crépite de sensations électriques qui descendent dans ma gorge et dans mon ventre qui se retrouve contre le sien. Ma blonde ordinaire se frotte à une brune primaire. C’est sa manière à elle de me montrer que je suis guérie. Je n’ai plus besoin de médecin. Estelle est la fin de ma convalescence.

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