Juste une petite fessée. Le problème, c’est qu’elle aime ça.

• Et toi, tu aimes quoi, coach ?
• J’aime ne pas être, coach. Ou autre. Je suis venue me cacher ici, à la source, au lycée. Je l’ai déjà faite une fois il y a longtemps, un vrai cauchemar, c’est beaucoup mieux aujourd’hui, il s’est transformé en rêve où le pire que j’ai à faire est de taper sur tes fesses.

Elle remonte son short et va s’asseoir dans le siège de Kim, la petite effrontée. Elle me montre ses deux majeurs. C’est son numéro sur le terrain, 11. Ses cheveux courts, sa façon de bouger, sa silhouette, elle a tout d’un garçon et elle en joue.

• Fais bien attention, Onze, ne te trompe pas de chemin. Tu es au carrefour de tous les possibles et le meilleur choix est de ne prendre aucune direction.
• Moi aussi je vais revenir dans ce lycée, en tant que recruteuse pour envoyer tout la génération 5 à la guerre. Mais avant il faut que je m’engage. C’est pour ça que je suis dans l’équipe, pour le sport et pour le collectif. J’y pensais plus ou moins depuis un niveau ou deux mais j’ai eu une révélation, quand je t’ai vue en uniforme au lever des couleurs du campus.
• Il va falloir apprendre à nager alors.
• Je fais que ça, à la Maison Bleue. J’ai rien d’autre à y faire, peu de succès avec les filles. J’y connais rien, tu peux me montrer ? Entre lycéennes, on peut se donner un coup, de main, ou de doigt, non ?

Elle est complètement allumée, j’adore. Mais c’est pour cacher sa vraie personnalité, insignifiante, gentille, timide. Je regarde le tableau de la coach Crow et sur la liste des joueuses, en face du numéro 11 on peut lire :

• Onelia Zellweger. Joli prénom. O.Z. On.Ze. Même les deux ailes forment un 11. Profitons de notre statut de seniores, profitons de n’être rien, arrête d’embêter Kim et soit plus calme sur le terrain, tu te blesses trop souvent à jouer les garçonnes.

Elle se lève et vient me provoquer en face à face menaçante en mâchant son bout de plastique fruité.

• T’aimes pas les mecs ?
• Ce que je préfère en eux, c’est leur féminité. J’avoue que la tienne, enrobée ainsi, ne me laisse pas indifférente.

Elle arrête de mâcher. Si elle m’embrasse, je lui pique son jouet. Mais non, elle recule. Dommage. Elle redevient normale, elle, ne se cache plus.