280 - aller de l'avant
Gloria elle, s’est bien amusée. Ce matin elle sent le lait et ce n’est pas celui du petit-déjeuner. Émeline réclame sa part pendant qu’on dresse la table. On se sent en famille . J’avoue à Willem :
- C’était pas si puissant que la première fois. Mais c’était bien quand même. On va trouver notre rythme. Gloria a l’air de beaucoup apprécier Aline. Je pense qu’on va vite se revoir. En zone neutre, ailleurs que chez nous.
- On a un chalet au bord d’un lac, au sud du Village.
Je pars à l’entraînement pour ma nouvelle distance à appréhender pour la course. À la fin d’un cycle, je suis attendue à l’arrivée. Onelia. Elle a l’air si calme, c’est inquiétant. Je m’arrête à son niveau pour l’écouter.
- J’ai rêvée de toi cette nuit. Ça me perturbe, beaucoup.
- Moi aussi, en pleine action, je m’en suis évanouie.
- Tu as beaucoup d’aventures n’est-ce pas, de toutes sortes.
- En tous temps, en tous lieux. J’ai mes sites intimes, dédiés avec des activités plus ou moins différentes. J’attends ton invitation.
- Tu as les clefs de la Maison Bleue il me semble.
- Non, pas là-bas, regarde-toi, tu abuses de la piscine de jouvence.
- Si je grandis je serai moins moi.
- Non, tu seras plus. Il faut accepter le changement, l’évolution. C’est comme ça qu’on se trouve. Ou pas. Moi, j’ai préféré changer de corps au final. Mais donne-toi une chance.
- C’est toi ma chance, Jenna. Mon rêve est clair.
Elle commence à me faire peur. Je la regarde calmement. Elle bluffe.
- Sérieusement, Onze. Tu joues un rôle à chaque fois. Je sais pas qui tu es vraiment. Quand tu seras prête à t’ouvrir et à être toi-même, fais-moi signe. Mais là, tu vois, on est tout sauf proches.
Elle me prend la main, premier contact. Elle est un peu médium. Elle s’en sert sur le terrain. Elle est juste une tricheuse un peu perdue.
- Jenna, montre-moi le chemin. C’est ton devoir de coach mentale.
- Je peux le faire en amie aussi. Et plus, si affinités. Tu n’es pas non plus qu’une joueuse, Onelia.
Elle ne me lâche pas. Je l’emmène au fond des sanitaires, dans la cabine en bois, chaude et humide, pour un massage profond de tous les petits muscles de son corps. Sous mes doigts plus ou moins invasifs, chaque coin de son corps se rappelle à elle dans un râle. Elle pleure. Je lèche ses larmes. Maintenant elle va grandir et aller de l’avant.
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