298 - braver un interdit

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Je ne peux plus fuir. Je suis prisonnière des bisous qui me réveillent. Je les laisse l’une à l’autre et je m’extirpe de notre couche. Se laver. S’habiller. Préparer le petit-déjeuner. Je les embrasse avant de partir au lycée, elles suintent de leurs fluides. Talia aussi est en avance. Préoccupée. Bisou pour attirer son attention.

  • On va s’inscrire quand même, à GEIO. Dès qu’on se lasse de notre job, on pourra plus facilement basculer sur autre chose.
  • J’ai eu une proposition de Westech. Je n’ai pas pu refuser. Ce sera juste pour la pratique. OK pour la théorie à GEIO.

Elle me prend la main et on se cache dans la régie de l’amphithéâtre pour un gros câlin. Je suis si réceptive que je pars en première sous l’impulsion d’une décharge électrique qui monte du bas de mon dos pour résonner dans mon crane. Un gémissement s’échappe de ma bouche pleine de sa salive.

  • Tu n’as pas le même plaisir que moi avec toi.
  • J’ai eu ma dose ce matin, moi. Elles te délaissent, tes copines ?
  • Non, c’est moi. J’ai la tête ailleurs en ce moment.
  • Beaucoup de propositions à refuser ?
  • Quand j’ai le choix, oui. Sinon, je le prends quand même.

On suit les cours comme si on écoute des chansons dont on connaît les paroles par cœur, en pensant à autre chose. Je prends des notes sur mon cahier. J’adore écrire, physiquement. Surtout avec ce stylo, sur ce papier. Je m’applique. Liste des application pratiques à la théorie du cours. Je ferai corriger par la prof. Je mets un code dans le texte, juste pour voir. Il y a quelque chose de pas clair dans son profil. J’arrache la page de mon cahier et je la laisse sur son bureau en partant. L’après-midi, je passe à mon casier changer de livres. Il y a un papier plier en quatre bloqué dans l’aération de la porte. Je le déplie, c’est la correction. Trois lignes barrées. Deux remarques. Une note numérique avec des 1 et des zéros. C’est une agente. Pourtant, je ne l’ai pas souvent en cours. Je remet la page dans mon cahier, je change mes livres et je regarde dans quelle salle je dois aller pour le prochain cours. À la maison j’aime les regarder s’aimer, ça sublime leur beauté. Je n’ai pas à attendre que les choses aillent mieux pour décider d’être heureuse. Alors je m’immisce entre elles pour leur exprimer ma fougue.

  • Te voilà enfin Jenna.
  • Pourquoi et comment vous vous aimez autant ?
  • Parce qu’on devrait se détester, c’est le plaisir de braver un interdit.

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