300 - le chiffre magique
- 300. Ça sera jamais publié. Mais tu y es arrivée.
- T’en a pas marre, Adé ? Tu devrais déconnecter toi aussi.
- Je n’ai pas ton talent. À chaque fois j’ai été rattrapée.
- Alors cours plus vite. Moi, je m’entraîne, tous les jours, ou presque.
- Je suis trop impliquée, depuis trop longtemps, depuis trop loin aussi, j’ai commencée sur la planète 3. Et même ici sur la 4, à chaque fois que j’ai l’occasion de partir, à chaque démission, j’ai une promotion. Clarisse générale, cardinale, etc. Je suis devenue ainsi la plus haute autorité religieuse après le Pape François IV.
- Après ou avant ? Ça dépend du point de vue. Intéressante. Tu es tout et je ne suis rien. Mon néant a anéantit la Bible. On est complémentaires dans ce complément de la Terre qu’est notre planète 4 à l’ère 4.
Mon réseau s’agrandit à nouveau. Adé n’est plus une ennemie mais une alliée. Et ce que je préfère en elle, c’est Hilde. Comment elle va ?
- Tu lui manques. Comme à d’autres. Ton intimité s’est restreinte à Gloria ?
- Et à Onelia. Surtout pour Gloria. Elles se plaisent bien. On est toutes nos propres héroïnes avec nos propres histoires qui nous inspirent nos réalités parallèles. J’ai du mal à suivre le cours des événements, réaction secondaire à ma transition primaire où je perds mes repères.
- Mais tu deviens quand même un repère pour nous toutes.
Il n’empêche, j’essaie de me concentrer pour ne pas m’oublier. Jenna, seniore, je vis au 12 Rainbow Street à Laguna City, avec Gloria Herm et Onelia Zellweger, des descendantes de bannis du cercle de Vivien Virein. Et moi d’où je viens ? Mes ancêtre étaient des réfugiés d’Angleterre au Château numéro 1 en Bretagne sur Terre. Et où on va toutes ensemble ? Vers nos destins qui se croisent dans l’espace et dans le temps mais dans la même dimension, sous ce ciel pauvre en étoiles que je scrute à longueur de stage. Et les mots de Brigitte résonnent en moi : « Il n’y a rien là-haut. Tout est ici bas, en toi, en moi, en nous. Tu ne regarde pas au bon endroit. Et il n’y a rien à chercher non plus, ni en toi, ni en moi, ni en nous. » Elle a pas le moral en ce moment, pauvre Bri. Je déambule au lycée dans le couloir de la gloire avec mes livres de cours dans les bras. Je m’arrête au niveau de la vitrine où apparaît la photo de promotion de Megan Honest. Ce lycée a été le cimetière de nos ambitions. Aujourd’hui encore, je n’en ai plus aucune de ce genre. J’ai eu la chance de pouvoir tout recommencer. J’espère ne pas avoir à revenir une troisième fois, ou une quatrième, le chiffre magique de notre ère.
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