302 - les deux ensemble
Réunion de famille à la maison 25, Laguna Beach. On présente le onzième pilier de notre trouple à notre responsable légale, Pénélope qui pétille de ses bouclettes blondes avec son homme comme branché derrière elle et qui a l’air de la satisfaire encore et encore sur tous les plans, Auguste à qui je fais un gros câlin paternel accompagné d’un furtif regard ambiguë, juste pour l’émoustiller comme le fait notre Onélia, enfin une fille capable de le dominer lui, ça se sent. Paulette est là avec Misha, elles habitent ici. Je sens une attirance entre Auguste et Misha qui lui tient tête, il ne l’aura pas. Quand à Paulette, elle rayonne de bonheur. Onelia est hypnotisée devant la grande baie vitrée :
- L’océan paraît menaçant, vu d’ici. On est si bas. Altitude zéro.
- Le meilleur taux d’oxygène, la plus grande pression.
- Sur la plage la mieux fréquentée de toute la civilisation.
- Plus ou moins, ça dépend. On est au bout du monde ici, à la fin. Je suis retournée au début, à l’Est, au Port, dans mon corps aussi, pour revenir ici « encore et encore, ce n’est que le début, d’accord, d’accord. »
- Tu fais le tour, Jenna, de la planète 4 et de toi.
- Peut-être bien, Onelia, et je prends le risque de tout recommencer. Megan Honest avait bien réussi à s’en sortir. Moi, j’ai encore tout à prouver. On est seulement au lycée. Rien ni personne n’attend rien de nous. L’ère 4 ne donne pas sa chance à ses nouvelles générations. Il faut donc la lui prendre. C’est ce que vous faites, Gloria et toi, vous reprenez votre prédestinée en main, vous avez cette force et je l’ai aussi. Il n’est plus question de ce qu’on va faire pour notre civilisation, elle est morte, décadente, régressive, condamnée. Il s’agit de savoir et de faire, de savoir faire pour nous-même, s’en sortir, par le haut, au milieu du chaos. Alors regarde à nouveau l’océan, tu ne dois pas en avoir peur. C’est lui qui doit nous craindre.
Les cinq filles de la maison 25 participent au dressage du dîner. On se sent en famille, même Auguste, comme jamais. La nuit tombe. Les esprits se libèrent. Pas de psychotropes pour moi, ni liquides, ni gazeux. Je me sens bien en ce moment, en forme. Immortelle. Transformée. Aboutie. Avec Gloria comme raison d’être. Et notre numéro fétiche, Onze, ma protégée, ma pouliche. Je sens l’esprit de Auguste vulnérable, j’en profite pour lui envoyer un message télépathique ambiguë histoire de le harceler : « Don’t look at me like that, mister Dimitri. » Il réagit et me regarde, désabusé par mon sourire moqueur. Je zappe sur Paulette qui éclaire Misha, comme elles sont belles toutes les deux, ensemble.
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