303 - état de primarité
Au bâtiment des Freshwomen, sur le campus Russell, Beverly a besoin d’un coup de main pour une installation. Pourquoi moi ? Je suis sans doute la plus faible de l’Ouest pour porter leurs œuvres oversize. Une autre petiote est là, un ange pur, une denisova.
- C.T.0, la fille de Sabine, petite-fille de Izzy.
- Pas très artistique comme prénom.
- Il n’y a rien de plus anonyme qu’un prénom, alors…
J’adore sa répartie, son aura, son apparence, primaire, on se reconnaît comme si on ne s’était pas vues depuis longtemps, drôle d’impression. À partir de ce moment là, Beverly n’existe plus, il n’y a plus que elle et moi. Étrange, non ? Après la corvée logistique, on traîne dehors dans le parc.
- C’est donc toi, la transgène, il paraît que tu fais le lycée pour la deuxième fois ?
- Seulement une fois par vie. Je ne regrette pas d’avoir tout recommencé. Pas tout, j’ai embrayé en juniore. Et toi, quels sont tes projets ?
- J’arrive un peu en avance, de quoi faire deux cycles chez les Fresh avant d’attaquer les choses sérieuses.
- T’as bien raison, c’est pas une course, il faut y aller lentement, au rythme 4. Surtout qu’il n’y a pas de perspective et de prospective pour la suite. À chacune de trouver sa voie.
Elle est trop belle avec son gros nez, ses cheveux noirs et lisses, son strabisme, son allure rachitique. Elle se cache pas, elle assume, tout.
- T’es la première à me regarder comme ça. Moi je me vois juste comme la fille d’une sorcière. Sans ses pouvoirs, heureusement, pour l’instant. Je sens que ce sera mon principal combat de lutter contre mon héritage.
- L’occulte, c’est une histoire de fréquentation, d’influence. Si tu évites les sorcières, tu n’en seras jamais une. Avec moi tu es en sécurité, C.T zéro.
- Tu peux m’appeler Sitio, Jenna.
Une rencontre. Pour toujours. Ni amante, ni amie, plus que ça. On colle nos monos l’un contre l’autre. Maintenant, on est liées. J’ai cette envie en moi, de m’occuper d’elle. On passe à l’Hôpital voir Estelle qui nous examine. Elle coupe ses écrans un à un, range ses outils et nous ausculte en se concentrant. Verdict :
- Il n’y a aucune raison classique à ça mais c’est comme si vous étiez de la même famille ou un truc du genre. C’est sans doute lié à votre état de primarité.
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