312 - de l'autre côté

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J’accepte l’invitation du staff, ils ont leur bar sur le campus. Il y a de la musique de fond, rythmée et électrique, des matchs passent sur les écrans, certaines rigolent sur des jeux d’adresse et le coach principal a son carré VIP où il est assis seul devant un grand verre plein, les yeux dans le vague. J’attaque direct :

  • Le sport, c’est mauvais pour la santé.
  • C’est pour ça qu’on a besoin d’assistantes comme toi.
  • Comme je ne vais rien faire de mon diplôme, je veux bien intégrer le staff mais à mes conditions.
  • Écris ton contrat, je le validerai. J’ai bien compris que tu n’as pas besoin d’être guidée ou encadrée. En réunion on a besoin de profil comme toi pour nous contredire, changer les choses et évoluer, ensemble, en équipe. Je ne suis pas d’accord, je ne trouve pas ça constructif mais je ne suis que le chef et je dois faire avec des contraintes comme toi, tu comprends ? Mais des blessés, c’est pas des morts. Je le sais. Tu le sais ?
  • C’est juste l’étape d’après. Je l’ai vu dans ma propre promotion au lycée dans mon premier cursus. Je l’ai vu ensuite à l’Hôpital. Et j’ai perdu des patients, même après dans la Marine, sous ma responsabilité. On a ça en commun, coach. Toi et moi on est prêt à affronter tout ça. Mais les joueuses, rien que leurs blessures, c’est dur. Trop. Et comme la mort, c’est à éviter. Et on peut l’éviter. Sans changer l’esprit, du sport.
  • L’équipe a peut-être besoin de coach moins compétents que nous, plus cool, dans l’esprit de l’ère. On est trop qualifiés pour le poste. Ici je suis juste en attente jusqu’à la prochaine crise. C’est pour ça que tu es là, pour ton réseau. En cas de problème tu as ton rôle à jouer, dans l’ombre, discrètement. C’est la diplomatie, je connais. Mais en attendant, on a une équipe à gérer, à orienter, à fédérer. Elles vont apprendre sur le terrain de quoi affronter l’avenir, le leur, le nôtre. C’est mon Ordre à moi, tu comprends ?

Justement. Sous couvert de préparation mentale, j’ai déjà instauré une sorte de prière dans les vestiaires, avant et après le match. Elles ont toutes besoin de croire et je suis là pour assouvir leurs désirs les plus profonds. J’ai besoin d’un slogan, d’une incantation, je demande à Gloria de travailler là-dessus. On n’a plus de guerres mais il nous reste le sport pour apprendre à préserver la paix. Au lycée on perd notre dernier match, les adieux sont émouvants dans les vestiaires. Onze :

  • Ce fut un honneur les filles. On se retrouve de l’autre côté.

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