316 - un grand flash
Nues de mes destinées je suis enfin moi, m’aime / Qui ose et je la couvre de toutes les roses qui sèment / Leurs pétales soyeuses couvrant les heureuses victimes. / Fauchées en plein vol. Dans la fleur de l’âge. Intimes.
Gloria me montre cet extrait de poème imprimé dans sa gazette. Son regard accusateur me jauge et devine mes plus profonds secrets.
- Jenna, Megan s’est aussi débarrassée de sa prose apparemment.
- Gloria, c’est pas du Megan. Soyons honnêtes, elle était pas aussi douée surtout pour dire tant de choses en si peu de maux.
- Et si je me mettais au sport ?
Pour rétablir l’équilibre. J’ai profané son territoire, elle envisage le mien. C’est tout ce que j’ai trouvé pour la sortir de sa zone de confort. Manipulatrice je suis. Je secoue ma gloire, je la presse pour en boire le jus. Au sens propre comme au sens figuré. Déjà rousse, sa peau rougit aussi, de son effort physique comme dans sa luxure qui est la mienne.
- Comment tu te sens ?
- Morte. Vivante. À quoi ça sert de courir pour rien ?
- À évoluer ton potentiel.
- Mauvais esprit, c’est pas dans l’ère du temps.
- C’est mon côté moniale de l’Ordre de la Chapelle Noire, que je ne suis plus. Ma nouvelle identité m’en dédouane. J’en suis innocente.
- Tu parles bizarre. Ça me trouble.
Dans les vestiaires et sous la douche, son corps préparé, déjà en état, elle en glisse facilement à l’extase sous ma langue et mes doigts. Avec le sport un nouveau monde s’ouvre à elle. C’est épanouie qu’elle retourne à sa bibliothèque de livres morts et leurs portes fermées sur d’autres dimensions. Ouvrir un livre, c’est disparaître dans un autre monde. J’en suis revenue pour devenir une autre où j’ai trouvé mon autre que je nourris et que je modèle. Pour le reste, je renonce. À demander une chapelle dans la cathédrale pour ne pas avoir à faire au Pasteur Patrice. À accepter un poste à la Mairie pour ne pas me fourvoyer ou prendre partie. Je ne dois rien à personne et j’évite le pouvoir politique comme les pouvoirs occultes. Mon agenda est rempli de listes de listes de choses à ne pas faire. Mais si j’ose ne pas écouter Rachelle, j’accepte les sèches invectives du coach principal Taylor.
- Jenkins, si les joueuses ne t’aimaient pas tant, je t’aurais déjà virée.
- Un jour, une de tes réflexions va finir par me toucher. Tu le sauras quand tu entendras un sifflement de missile juste avant un grand flash.
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