321 - ou une nuit

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Sur la colline de Laguna, sur la terrasse d’une maison, installées ensemble autour d’une table, j’admire la vue panoramique sur Laguna Beach et sur la City derrière mes convives, Danielle, Elin et Brigitte, silencieuses à communiquer en télépathie me laissant exclue de l’entrevue alors j’observe le paysage et leurs visages. Je ne vis pas dans la même dimension qu’elles, la mienne n’est faite que d’actes et de faits. Libérée des pouvoirs occultes de ma génération, j’en suis aussi imperméables pour toutes celles autour de moi. Un non don bien précieux et utile aussi bien pour elles que pour moi. Je dois me fier à autre chose pour évoluer en société, pourquoi pas à mon Humanité simple et pure loin de la complexité toxique des autres autrice de l’annexe 4 dont les 4 narratrices se trouvent ici, ensemble, mais pas toutes de la même façon. C’est de Brigitte dont je me sens la plus proche, comme amie, comme grande sœur, comme amante, comme âme sœur à l’opposée de Greta et de sa fille Elin, une perdante et sa condamnée. Je les juge avec lucidité mais je les aime avec naïveté, heureuse de les voir sourdes de mes pensées et entendantes des ondes d’amour que je leur envoie d’un regard, d’un geste, d’un mouvement primaire de mes lèvres sur leurs joues quand on se fait la bise. Il manque quelqu’une. Elle arrive enfin. Je lui demande :

  • On en est où ?
  • 321.
  • C’est tout ? Ça avance pas vite. Avec tout ce qui se passe ?
  • C’est le rythme de l’éternité.

Elle scrute le ciel. Aucun missile en vue. On ne le verrait pas arriver, si ? Je crois qu’elle peut m’entendre. Mais non. Seule Greta le peut, sans même être là d’ailleurs. Adé nous prêche sa bonne parole. C’était le dernier briefing. On est libres. On s’en va. Je pars vers l’Ouest, comme un appel, poser mon front contre le sien. Nos franges s’emmêlent. Nos bouches aussi. Nos mamelles. Nos ventres. Elle est mon point G. Je suis son point J. Ressourcée de son Amour, je rentre dans mon foyer partager mes fluides avec ma régulière.

  • Tu sens Greta. Tu la vois souvent. Qu’est ce qui se passe ?
  • Le moins de choses possibles. On se fait oublier. L’ère suit son court.
  • Vous êtres des agentes dormantes qui dorment ensemble.
  • On s’oublie l’une dans l’autre. Je crois que Elin est jalouse, que je sois aussi proche, de sa mère. Et toi, tu es jalouse aussi ?
  • Non, je suis excitée, à l’idée, de t’accompagner un jour dans sa couche.
  • Ou une nuit.

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