324 - la plus proche
Dans l’éternité, il suffit d’une journée, d’une simple rencontre, pour tout changer le reste à venir, comme une balise de sensations, une explosion de douceur, la naissance d’un univers sensoriel, une chaleur dans mon cœur. Même Greta me paraît froide à côté d’Aurélie. Aurélie, première personnage principale de la Bible, elle apparaît dès le chapitre 2, le 1 étant consacré à la mort de sa mère. Mais je ne tombe pas en emprise ni en amour, quoi que. Ça va être dur de ne pas la revoir. Quoi que. Tout était si parfait, la suite sera forcément moins bien, autant en rester là. Mais ce n’est pas à moi de décider je crois. Je navigue à vue, sans instruments, en coulisses et en toute discrétion mais sans être un secret. Les déléguées de l’Université sont invitées à visiter l’Ambassade à l’Est, près du Port, une de mes ancienne demeure et la maîtresse de maison est toujours là. Pauline. C’est bizarre, ça ne me fait absolument rien de la revoir. Comme si ce n’était pas moi, plus moi, qui a vécu avec elle, ici. Je suis Jenna Jenkins maintenant. Au cocktail, dans la foule, on s’aperçoit, elle est là, on fonce l’une sur l’autre pour une étreinte pleine d’émotions, je sens une larme couler sur ma joue droite.
- Jenna ! J’avoue que je suis venue exprès quand j’ai su que tu allais passer.
- Moi aussi je t’aime.
Elle éclate de rire et de bonheur en me serrant les mains en guise de réponse. À nouveau l’une dans l’autre.
- Moi aussi je ne suis personne, Jenna. Je ne suis qu’une victime et la Bible est mon histoire, surtout dans le tome 1.
- Amen.
- Awomen ! Girl Power et toutes ces conneries. Regarde autour de toi. Où sont les hommes ?
- Où est la guerre ? Moins il y en aura, plus il y aura la paix. C’est l’ère 4. Si on en est là, c’est grâce à des femmes comme toi et toutes celles dont le prénom commence et/ou fini par « A ». Aline, Greta, Paloma, moi, etc. L’alpha et l’oméga. Voilà où on en est, Aurélie.
Lila vient nous espionner. Elle aussi est un maillon essentiel des réseaux, le plus voyant pour être sûre d’être vue par les plus aveugles. Elle est en garçonne aujourd’hui. Ça la rend attirante. J’en suis troublée. Aurélie aussi. Je dois les laisser pour prendre la suite de Pauline au pupitre, elle termine son discours, c’est à mon tour. Je les surveille à travers mon texte projeté en hologramme devant moi et après les applaudissements pendant que la foule se disperse je les rejoins vite pour séparer leurs mains et me retrouver entre elles dans l’alcôve intime la plus proche.
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