326 - un lit là
Maintenant que Gloria a eu sa dose, elle me laisse sortir de notre couche. Dans la chambre d’amie, Lila ne dort pas. Je me glisse nue à côté d’elle pour quelques caresses mais surtout, c’est l’heure, de la tétée.
- Tu vas grandir et partir.
- Comme toutes les autres ?
- Comme une, autre. Cassie. Elle est si belle maintenant. Elle est comme ma fille tu sais. Et bientôt, toi aussi.
- Les filles de Jenna. Comme une secte.
- Comme un Ordre. J’en ai déjà eu un, noir. Pourquoi pas un nouveau, blanc ? C’est la bonne couleur, je crois.
Et elle me boit, ses yeux rassasiés d’abord fermés s’ouvrent. Et elle me voit, elle me goûte, elle me sent, elle est en moi, ma Lila à moi, de l’Ordre de la Chapelle Blanche, les Filles de Jenna. Patrice nous doit bien ça, dans sa Cathédrale, côté Couvent avec vue sur les Jardins. À l’inauguration, c’est l’occasion de revoir Cassie qui vient avec sa compagne Beverly. Côté dress code, je reprends celui des Anges Blanches d’une des fins du monde de la planète 3, chapitre 81 du tome 1 de la Bible.
- Mes Filles, nous sommes le contraire de la Guerre, nous sommes bien nées sous la bonne ère. Notre mission : la préserver jusqu’à la fin de l’éternité. Nous sommes une ligne de plus dans une annexe d’annexe qui ne sera jamais écrite, juste vécue, avec Amour et quelques péchés capitaux, au moins un, comme le « L » de Lila, ou un autre comme le « C » de Cassie. Je suis leur Mère et Avec mes Sœurs Adélaïde, Énola, Gloria et Paloma, prions ensemble pour la prochaine et dernière élue, « O », elle se reconnaîtra.
Un peu de suspens pour le cocktail dans les Jardins du Couvent où toutes sont prêtes à y croire. Quoi qu’elle en soit, ça donne du sens à Lila qui se sent moins perdue, plus orientée, spirituelle, posée. Avec le recul de la méditation solennelle, elle n’en est que plus forte, la Fille.
- Qu’est ce que ça te fait, quand je te bois ?
- Tellement d’effet, autant que l’autre connexion du corps, plus même.
- Moi aussi Jenna. Et ça me transforme. Je deviens toi ?
- Non Lila, avec mon lait primaire, tu te révèles à toi-même. Avec mon Amour, tu t’épanouis. Avec nos ventres collés l’un à l’autre, on j…
- Oui.
Elle ne finit pas mes phrases, elle termine mes maux. Pour moi aussi elle est une révélation, comme un lien qui nous lie, qui nous lit, devant l’autel remplacé par un lit, là.
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