À la maison tout va bien. Gloria, Lila et moi. Les trois à l’Université sur le Campus Russell, chacune dans nos domaines d’activités. Il y a nos vies sociales et il y a nos vies intimes, bien séparées. L’autre vie est comme un songe, un rêve, d’un côté comme de l’autre, comme deux univers séparés mais reliés, par notre corps.

• Qu’est ce qu’elle voulait, Dana ?
• Rien je crois. Juste me rencontrer. Celles qui m’inquiètent, ce sont celles dont le prénom commence par « A ». Aurélié, Aline, Adélaïde, Abigaëlle, Anna, c’est qui celle là ? Annabelle ?
• Lâche ton MonoD, concentre-toi sur les autres « a » minuscule de la fin de nos prénoms.

Je fais la liste des gens qui ne comptent plus. Clémence, Rachelle, François, Patrice, Victor, Benjamin, Elin, Brigitte, Izzy, Pauline, Gaby, Big Bang, Taylor. Crow, c’est quoi son prénom déjà ? Kim. Kimberley. Mais elle est avec Maïa, ça change tout. Comme Danielle est la fille de Dana. On continue, Pénélope, Dimitri, Paulette mais elle est avec Misha. Il y a trop de monde, mieux vaut se concentrer sur les a, minuscules, Gloria a raison, une fois de plus. Je pose mon MonoD.

• Cassie, Cassiopée, pas de bol.
• Mais c’est la fille de Jenna. Te prends pas la tête.
• J’aime pas découvrir les règles du jeu en cours de jeu.

Lila vient nous rassurer, à sa façon :

• Elles peuvent encore changer. À nous de les inventer. Quoi penser des « B » ? On peut aller jusqu’à Z. Tout ça c’est de l’embrouille.

Des tentations à l’action, à la provocation d’événements, à la déstabilisation sociale. Si Paloma a supprimé les calendrier, c’est pour maintenir l’ère 4 dans l’éternité. Les choses peuvent évoluer mais très lentement. On va passer beaucoup de temps à l’Université. Les changements posent problème. Je suis bordeline, dissidente, déviante avec dans ma couche une bouche sur chacun de mes seins à changer Gloria, à faire grandir Lila. C’est une responsabilité. Je me porte garante à ne pas mettre en péril l’équilibre de la civilisation dans mes actes et leurs conséquences. Chaque action entraîne une réaction qui lui est égale et contraire. Ça me fait rire tellement c’est de la propagande scientifique qui ne fonctionne pas, qui ne marche plus, à notre époque, dans notre monde. Je ferme les yeux de plaisir à sentir mon lait sortir et nourrir les corps de mes femmes, quel que soit mon Amour, quel que soit l’Ordre, dans la liberté de notre intimité secrète, extase luxuriante.