Aux archives universitaires, je tombe sur des vieux rapports. J’en trouve un de Greta. Il est daté mais sans calendrier, impossible de savoir quand. Il a été écrit au fur et à mesure des corrections. C’est comme un titre, un résumé de documents annexes qui sont manquants. Je lis :

Petite planète viable avec quelques îles pas trop grandes. La principale a un climat stable et varié. Vie éternelle pour les humains. Jeunesse à géométrie variable, entre autres. Contrôle total de la génétique. Énergie illimitée. Ressources alimentaires contrôlée. Civilisation en paix et en équilibre politique et spirituel. Population faible dans de grandes infrastructures construites automatiquement par des machines autonomes. Le genre mâle est en voie de disparition. Les humaines ont de multiples partenaires et une régulière. Chaque activité sociale s’accompagne souvent d’une relation intime intense avec des outils technologiques spécifiques. La science est en régression. Chaque phrase a une multitude de références, absentes elles aussi. Je trouve d’autres notes libres : Ciel jaune, lumière bleue, journée de 18 heures, pesanteur plus faible, taux d’oxygène à 40 %. Hygrométrie moyenne, Ouest chaud, Est froid, Sud tempéré, Nord très froid. Univers petit. Peu d’étoiles. Multiples trous de verre vers d’autres multivers dont celui de la Terre à période temporelle linéaire proportionnelle.

Quelle proportion ? On s’en fout. Je referme le registre. Il y a une étiquette de Westech dessus. Certainement une prise de guerre de l’école d’ingénieurs. Même ici, Paloma parvient à me retrouver.

• Tu me traques ? Tu as placé un mouchard dans ma culotte ?
• Bonne idée mais non. Je te géolocalise avec ton MonoD, à l’ancienne.

Bisou. Elle est belle. Un peu plus que moi. Bien moins que Gloria. Mais elle pétille, insouciante et heureuse de me voir. Elle louche pour me faire rire et me montre une feuille avec un texte de sermon.

• Tu as bien plus l’habitude que moi, je n’ai rien à te corriger.
• Non c’est pour toi, à la Chapelle Blanche. Moi je n’ai pas de texte, juste des mots clés, à l’ancienne.

Je parcours le texte, ça me donne envie de devenir none. La puissance des mots, la rhétorique peut brûler l’esprit, surtout pendant une Messe. Ça m’excite. Elle le sent. Nos bouches s’effleurent et elle me plaque contre la bibliothèque en soulevant ma jupe pour frotter son ventre contre le mien avant d’y immiscer un brisim en programme express, direction le septième ciel. En redescendant, je suis désorientée. Où suis-je ?