345 - un goût de bonbon
Ça serait plus simple si elle était jalouse. Mais non. Gloria accepte, ma relation, avec Paloma. Elle m’envie même, en envisageant Paloma qui résiste à la tentation.
- J’ai peur de me brûler à Gloria, je suis plus safe avec toi. Plus secure. Elle a une telle emprise sur toi, je ne veux pas y succomber non plus. Comment tu l’as rencontrée déjà ?
- C’est l’ex de mon beau-père. La première fois que je l’ai vue, elle était en train de rompre. C’est une histoire de famille, sa famille aussi, bannie. Elle, elle se bat pour en sortir par le haut.
- Elle est tellement fascinante, Gloria. Des fois je me dis que je suis là juste pour te sauver, Jenna, ou me sauver moi. Mais tu n’es pas prioritaire, ni moi non plus. Ta mission est accomplie, la mienne aussi. Tu peux reposer en Paix maintenant que la Bible est finie. Tout comme moi. Ainsi soit-elle. Ainsi soient-nous, Jenna mon Amour.
Paloma essaye de comprendre Gloria autant que je cherche à apprivoiser sa petite Marie Lenn. Elle est revenue de Sylvania pour continuer d’enseigner en prépa GC35. Je m’inscrit à son cours, elle est si douce à nous parler dans l’amphi, à expliquer les choses simplement. C’est bizarre, même de dos, quand elle baisse la tête et ferme les yeux, j’ai l’impression qu’elle me regarde. À la fin du cours je vais la voir. Elle me regarde avec défi :
- Je porte son nom comme ta gloire porte le tien. On n’est pas du même côté Jenna. Alors comme ça, tu veux passer le concours ?
- Tout le monde sait que ce n’en est pas un. Je suis juste venue te voir.
- Tu es troublante Jenna. Ta légende est donc vraie. On ne peut pas lire en toi. Ni toi en moi.
- Pas d’aussi loin, c’est vrai. Paloma y arrive bien maintenant. Tu ne me vois pas à travers elle ?
- Je pourrais, mais je respecte votre intimité.
Pourquoi mon cour s’emballe ? Je la regarde, de près, les imperfections de son visage, sa coiffure négligée, sa tenue modeste, son chemisier ouvert sur sa petite poitrine ferme qui pointe. Je me perds dans la chaleur de son regard.
- Si tu veux, je peux te montrer, qui je suis.
- Pas ici. Suis-moi.
Dans la salle derrière le grand tableau, on se place l’une en face de l’autre. Elle prend mes mains. On lève nos yeux sur nos visages qui se touchent, le front, le nez, la bouche, les lèvres, la langue. Elle a un goût de bonbon.
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