Chapitre 14

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La journée avait passé rapidement. Beaucoup trop rapidement. Il était déjà dix-huit heures. Victoria était dehors, comme à son habitude. Je me demandais bien comment elle pouvait supporter de vivre dans un penthouse alors qu'elle passait son temps dans le jardin.

Quant à moi, je scrollais sur les réseaux sociaux quand Nathan m'appela.

« — Alors, le futur fiancé ? Ça roule ?

— Je t’assure que si tu te moques encore de moi, je me débrouillerai pour te trouver une fiancée à toi aussi.

— Moi qui t'appelle pour te proposer de nous rejoindre en boîte avec les mecs, je ne suis plus si sûr de vouloir.

— J'ai rien dit , rigolais-je avec lui. C’est laquelle, de boîte ?

— La 613.

— C’est pas celle que tu voulais acheter ?

— Si, et je l'ai achetée, j’ai signé les derniers papiers ce matin. C’est officiellement la mienne.

— Je ne comprends toujours pas pourquoi investir là-dedans, mais je suis content pour toi.

— Tout simplement parce que c’est un milieu qui rapporte, et bien que j’aime la société de ma famille, je voudrais quelque chose qui soit… juste à moi. J’aime faire la fête et j’aime l’argent, quoi de mieux ?

— Dis comme ça, tu as fait l’affaire du siècle, rigolais-je.

— Exactement, mon pote. Bon, faut que je te laisse, j’ai déjà à faire pour l’ouverture de ce soir. Oh, et ramène Victoria. Elle est cool comme meuf, et je pense qu’elle doit avoir envie de se changer les idées.

— Et les miennes alors ?

— Elles seront sans doute dans les seins d’une fille que tu auras croisée. À ce soir, mec ! »

La proposition de Nathan de rejoindre la boîte de nuit avec les gars me traversa l'esprit pendant que je regardais l'écran de mon téléphone. Je me demandais si c'était une bonne idée de sortir ce soir. D'un côté, ça pourrait être une occasion de se détendre et de s'amuser un peu. De l’autre, vu ce qui nous attendait demain et le peu de sommeil qu’on aurait, je n’étais pas sûr que ce soit une bonne idée.

Je jetai un coup d'œil par la fenêtre et aperçus Victoria assise sur un banc, plongée dans un livre. Elle semblait paisible, loin de toute la tension qui avait régné entre nous plus tôt dans la journée.

Je me demandais si elle serait partante pour sortir ce soir. Peut-être que ça lui ferait du bien de se changer les idées, comme l'avait suggéré Nathan. Mais je n'avais pas envie de devoir la supporter. Elle risquait de tout critiquer. On finirait par se disputer une fois de plus.

Je pris une profonde inspiration et me décidai à lui parler. Après tout, nous étions censés être des partenaires dans cette mascarade de mariage, alors autant essayer de s'entendre un minimum. Même si pour cela, je devais prendre sur moi.

Je quittai ma chambre et descendis dans le jardin où Victoria était toujours plongée dans sa lecture.

— Salut Victoria, l'interpellai-je en m'approchant du banc.

Elle leva les yeux de son livre et me regarda avec surprise.

— Salut Thomas, tout va bien ?

— Ouais, tout va bien. Écoute, je me demandais si tu serais partante pour sortir ce soir, aller en boîte avec moi et les gars. Nathan m'a appelé et il a dit que tu serais la bienvenue.

Victoria sembla réfléchir un moment.

— Hmm, je ne sais pas. Je ne suis pas vraiment d'humeur à faire la fête ce soir.

— Compris, aucun souci. Je pensais juste te proposer, au cas où tu voudrais te changer les idées.

Je m'apprêtais à faire demi-tour quand ses paroles m'interrompirent.

— Attends, peut-être que ça pourrait être une bonne idée après tout. Un peu de distraction ne fait pas de mal.

Je tournai la tête vers elle, surpris par sa réponse. Je ne l’avais pas vue venir celle-là. Je pensais qu’elle resterait ici.

— Vraiment ? Tu es sûre ?

Elle hocha la tête avec un léger sourire.

— Oui, je pense que ça pourrait être amusant. Et puis, tes amis sont sympas, on va bien rire.

Je lui rendis son sourire. Bien que je ne sois pas certain d'apprécier qu'elle s'entende si bien avec mes amis, je m'abstins de tout commentaire. Du moins pour l'instant.

— Super, dans ce cas. Il faut y être pour vingt-deux heures trente. Je comptais partir vers huit heures. La boîte n’est pas loin.

— Je vais terminer ce chapitre et je me prépare, répondit-elle en désignant son livre.

Je lui adressai un signe de tête avant de remonter dans ma chambre.

Avec un peu de chance, cette soirée allait nous permettre de nous détendre un peu et de profiter de ces derniers instants de célibataire.

La soirée en boîte s'annonçait animée. Nous nous préparâmes rapidement et rejoignîmes Nathan et les autres à la 613 dans le salon VIP. La pièce était sombre, mais on distinguait une dizaine de coins avec des sofas et table basse afin de créer un peu d'intimité. Une rambarde donnait vue sur la piste de danse en bas. L'ambiance était électrique, la musique battait son plein et les gens dansaient avec entrain.

— Alex n’est pas là ? demandai-je à Nathan.

— Son ex lui a demandé de s’occuper de Timéo, elle a été appelée en urgence.

— Dommage, ça fait un bail que je ne l’ai pas vu. Depuis que Victoria m’a enfermé dehors, me souvenais-je.

J’avais tendance à oublier qu’Alex avait déjà eu un enfant avec son ex-femme. Bien qu’ils soient tous deux des chirurgiens renommés, cela n’avait pas fonctionné entre eux et ils avaient rompu. Malgré tout, ils étaient restés en bons termes. Je me laissai emporter par l'ambiance, profitant de la musique et de la compagnie de mes amis. C'était agréable de prendre un moment pour s'amuser, loin des soucis et des tensions qui pesaient sur nos épaules. 

Une fille que j'avais aperçue un peu plus tôt me rejoignit et s'installa à côté de moi. Elle laissa ensuite ses mains se promener sur mon corps tout en me chuchotant des obscénités à l'oreille.

Seulement, toute bonne chose a une fin, lorsque Victoria vint m'interrompre pendant cette agréable compagnie. 

— Quoi encore ?

— Tu devrais éviter de te montrer en public avec des filles la veille de l’annonce de nos fiançailles.

— Tu es fiancé ? me demanda la fille que j’embrassais il y a encore trente secondes.

— Officiellement oui, officieusement non.

Elle s’écarta de moi. 

— Je suis vraiment désolé, je n’étais pas au courante je n’aurais rien fait sinon, se confondit en excuse la fille dont je ne connais pas le nom auprès de Victoria.

Une fois que Victoria eut fini de la rassurer, elle s’en alla. J’attrapai un verre de scotch avant d’en boire une longue gorgée.

— Tu n’es pas encore ma fiancée ni ma femme mais tu es aussi agaçante. Une chose est sûre, tu es faite pour ce rôle.

— Je dis ça pour éviter de futurs scandales.

— Tu dis ça car tu es jalouse, parce qu’aucun homme n’a posé le regard sur toi. Tu es trop coincée pour ça, lançai-je.

Victoria me lança un regard glacial, ses yeux étincelaient d'une lueur de défi.

— Oh, vraiment ? Tu crois vraiment me connaître aussi bien que ça ? Tu te trompes, Thomas. Je n'ai pas besoin de l'attention d'hommes pour me sentir valorisée. Je suis bien plus qu'un objet de désir, contrairement à ce que tu sembles penser.

Son ton était dur, sa voix empreinte d'une assurance que je n'avais pas souvent entendue chez elle. Sa réaction me surprit et me déstabilisa légèrement.

— Mais si tu veux jouer, jouons, reprit-elle.

Sur ces mots, elle monta sur la table. Au même moment, une musique sensuelle retentit, et Victoria se déhancha dessus.

Je m’attendais à être gêné. Bordel, cette femme était imprévisible.

Je me redressai du sofa, pleinement concentré sur les courbes qui roulaient devant moi. L’espace d’un instant, j’oubliai qui dansait, j’oubliai où l’on se trouvait. Seule cette nouvelle version de Victoria m’obsédait. Son corps se déhanchait avec une parfaite maitrise.

— Bordel mec, t’imagines le nombre de maris qui rêveraient d’une femme comme la tienne ! lança Nathan.

Je ne répondis pas, envouté par Victoria qui ne me lâchait pas du regard.

— Thomas, tu devrais la faire descendre de là, lança Liam.

— Pourquoi ? demandai-je.

— Parce qu’elle chauffe tous les mecs du salon.

— C’est son problème.

Je connaissais très bien l’effet qu’elle produisait sur les hommes ici, puisque je subissais le même. Mais si je la faisais descendre, elle aurait gagné. Sans compter qu’une part de moi ne voulait pas qu’elle arrête.

— Mec, tu dois vraiment la faire descendre, des gens commencent à la prendre en photo malgré l’interdiction. Non seulement ça pourrait nuire à votre mariage mais aussi à sa réputation », insita Liam.

— Elle le sait très bien, elle n’a qu’à arrêter d’elle-même.

— Vous êtes vraiment soit complètement immature soit avez une fierté surdimensionnée, dans tous les cas. Ce n’est pas un bon mélange de vous mettre ensemble.

— Je ne te le fais pas dire.

Je m’enfonçai dans le sofa en gardant mes yeux rivés sur Victoria, bien qu’ils déviassent régulièrement le long de son corps. Seulement, le spectacle se termina quand Liam la força à descendre. Il l’assit à sa place, à côté de moi bien que Victoria se débattait

— Je suis une adulte, j’ai pas besoin que tu me donne des ordres, râlait-elle.

— Vous êtes des gamins, s’indigna Liam. Alors je vous traite comme tel ! 

— La gamine est plutôt chaude , rigola Nathan complètement ivre.

Victoria ne répondit rien et se contenta de croiser les bras, comme une enfant boudeuse.

— Gamine, murmurai-je.

— Tu l’as matée bien, la gamine, il y a cinq minutes.

Victoria enchaîna les shots de toute sorte d’alcool. Je la regardai, un brin sceptique. Je ne connaissais vraiment pas la Victoria qui se lâchait.

— On devrait rentrer, reprit Liam, les mecs n’arrêtent pas de fixer Victoria et Nathan est complètement déchiré.

— C’est même pas vrai, je fète le peu… non je pète le feu, intervint Nathan avec un sourire alcoolisé.

— Mais je suis à peine alcoolisé moi. J’ai même pas pu me trouver quelqu’un, Victoria a fait fuir la seule que j’avais repérée, m’interposai-je.

— Thomas… Sois adulte s’il te plaît. Victoria n’est pas loin d’être dans le même état que Nathan. S' ils continuent demain tu annonceras tes fiançailles mais avec un zombie, elle risquerait de se faire tuer par sa famille en plus.

— Victoria vous entend, vous savez. Je n’ai pas envie de rentrer non plus, moi.

Nous l’ignorions et je finis par accepter, bien qu’à contre-cœur. Pendant que Liam attrapait Nathan, je faisais de même avec Victoria.

En arrivant dehors, cette dernière commença à avoir des hauts-le-cœur.

— Je te préviens que si tu me vomis dessus, je te jette par terre, la menaçai-je.

À peine avais-je fini ma phrase qu’elle rendit tout l’alcool ingéré sur moi.

Génial…

Liam explosa de rire en voyant sans doute la tête que je faisais. Je repoussai Victoria afin de limiter la casse, mais celle-ci tituba et tomba sur les fesses.

— Même pas mal, rigola-t-elle.

Je me dépêchai de l’aider à se relever et vérifiai qu’elle ne s’était rien cassé. Pourquoi avait-elle dû boire autant ? Non mais franchement, je n’avais aucune envie de jouer à la baby-sitter avec elle. En plus, je trouvais ça insupportable les gens bourrés tout court, après réflexion.

— Ne me touche pas, tu es tout sale, me lança-t-elle.

— La faute à qui ?

Elle rigola et je me tournai vers Liam :

— Nous devrions tous dormir chez moi. Tu n’as rien bu mais tu dois être fatigué, tu n’as sans doute pas envie de faire le chauffeur pour tout le monde.

— Ouais, pas bête, merci mec. On prend ma voiture, on ramènera les vôtres demain, même si, vu ta collection, tu n’es pas à une près, plaisanta-t-il.

Nous arrivâmes enfin. Victoria eut des hauts-le-cœur tout le long du trajet, mais au plus grand bonheur de Liam, elle sut se retenir. Je l'allongeai sur le canapé, priant les cieux qu’elle ne le salisse pas. En me dirigeant vers ma salle de bain, je montrai la chambre à Liam pour lui et Nathan.

— Je vais dormir avec lui, on ne sait jamais. Vu la quantité qu’il doit avoir dans le sang, je préfère veiller sur lui. Tu devrais faire de même avec Victoria.

— Pourquoi n’échangeons-nous pas ?

— Parce que ce n’est pas ma fiancée.

Je soupirai, agacé par cette situation. 

Si tu ne tiens pas l'alcool, tu ne bois pas. Tu ne viens pas pourrir la soirée des autres. 

Je pris une douche rapide afin d’enfiler des vêtements propres et d’aller me coucher. Du moins, m'asseoir dans le fauteuil du canapé.

Lorsque je sortis de ma salle de bain, Victoria était assise sur mon lit.

— Bordel, tu m’as fait peur, Victoria !

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