Chapitre 17

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Cela faisait maintenant deux heures que nous attendions patiemment. Pendant ce temps, Victoria aidait la vieille dame à cuisiner dans la cuisine riant aux éclats. De mon côté, j'écoutais attentivement Michel, qui me racontait avec passion ses aventures militaires. Ses récits étaient captivants et remplis de détails impressionnants sur ses expériences passées. On voyait qu’il avait aimé ses années dans l’armée et que cela lui manquait.

Cependant, notre conversation fut interrompue lorsque sa femme l'appela pour qu'il vienne l'aider avec une tâche urgente. Michel s'excusa poliment et s'éloigna pour rejoindre sa femme. Peu de temps après, Victoria revint près de moi, un sourire sur le visage.

— Pourquoi tu n’appelles pas Liam ? déclara Victoria.

— Comment ça ?

— Il pourrait venir nous chercher. Ça nous éviterait d’attende. Il m’a dit qu’il n’avait pas de rendez-vous ni de séance photo cet après-midi.

— Et tu n’y penses que maintenant ?

— Je n'aurais pas eu à y songer si tu ne nous avais pas fait entrer en collision avec une biche.

— C’est elle qui m’a foncé dessus et en plus je ne l’ai pas touchée.

— Non, c’est sûr… tu as juste failli nous tuer.


J’allais répondre lorsque le téléphone sonna. Le vieil homme nous indiqua que c’était pour nous. Nous nous empressâmes de sortir. Le véhicule de remorquage était déjà dans l’allée.

Victoria prit le téléphone et échangea quelques mots avec le garagiste. Après avoir raccroché, elle se tourna vers moi, soulagé.


— C'est bon, le dépanneur est là. On peut récupérer la voiture et rentrer chez nous.


Un soulagement palpable m'envahit. Enfin, nous allions pouvoir sortir de cette situation et rentrer chez nous. Je remerciais silencieusement le ciel d’avoir mis sur notre chemin des gens aussi généreux et serviables que Michel et Mireille. Qui sait sur quel taré nous aurions pu tomber ?

Nous nous précipitâmes à l'extérieur pour rencontrer le dépanneur. Un homme robuste, vêtu d'une combinaison de travail tachée de graisse, nous accueillit avec un sourire sympathique. Il était le stéréotype du garagiste qu’on peut retrouver dans les émissions de télé.


— Salut les jeunes, je suis Max, votre dépanneur. On va s'occuper de récupérer votre voiture et de vous ramener à la maison, déclara-t-il d'une voix joviale.


Nous le suivîmes jusqu'à la voiture accidentée où il attacha soigneusement des sangles pour la remorquer. Pendant ce temps, Victoria et moi discutions avec Marc et Alexandrine pour les remercier une dernière fois de leur hospitalité.


— Nous ne pourrons jamais assez-vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour nous, déclara Victoria avec sincérité.

— Oh, ce n'est rien, ma chère. Nous sommes juste heureux d'avoir pu vous aider en ces temps difficiles, répondit Alexandrine avec un sourire bienveillant.

— Exactement, renchérit Marc. N'hésitez pas à revenir nous rendre visite si vous êtes dans le coin. Vous serez toujours les bienvenus chez nous. Et faites attention sur les routes, les jeunes, je sais que rouler vite c’est tentant mais vous avez eu un coup de chance.


Je le regardais, surpris. Comment avait-il deviné ? Nous ne devions pas être les premiers à avoir eu le pied un peu trop lourd sur l’accélérateur.

Nous échangeâmes des poignées de main chaleureuses et des au revoir empreints de gratitude avant de monter dans le véhicule de remorquage avec Max. Alors que nous quittions la petite maison isolée, je ressentis une profonde reconnaissance envers ces inconnus qui nous avaient offert leur aide désintéressée dans notre moment de besoin. Je devais reconnaître qu’il était rare de rencontrer de telles personnes. J’étais plutôt habitué à ceux qui me léchaient les pieds pour que je leur donne quelque chose en retour. De vrais vautours.

Le trajet de retour se déroula sans encombre, et bientôt nous arrivâmes devant chez nous. Max déchargea la voiture accidentée devant le garage, et nous le remerciâmes avant de le regarder s'éloigner.

Je regardai tristement ma voiture. Je vais contacter mon garagiste, bien que je connusse déjà sa réponse. Elle était foutue. J’allais être obligé d’en racheter une. Le véritable défi serait de retrouver ce modèle, tellement rare qu'il était presque vendu à la pièce.

Je secouai la tête avant de retrouver Victoria qui récupérait les bagues au gardien laissait par mon assistante et de rentrer.


En rentrant dans la maison, l’horloge murale indiquait que nous devrions déjà être partis pour la soirée. Je lançai un coup d’œil à Victoria qui me regardait elle aussi.


— On devrait déjà y être.

— Ouais.

— Il faut qu’on se douche car on ne sent pas la rose après avoir passé la journée à marcher.

— Je sens toujours bon.

— C’est faux. Tu pues.


J’ouvris la bouche pour rétorquer mais ne trouvai rien à redire. J’essayai discrètement de voir si je sentais mauvais.


— Ouais, je confirme, j’ai besoin d’une douche.

— Il faut aussi qu’on se prépare et qu’on y aille.

— Et à cela tu rajoutes la flemme énorme qui m’envahit.

— Je te comprends. J’ai juste envie de prendre une douche et de me poser.


Je lui jetai un petit coup d’œil en coin avec un sourire qui voulait tout dire.


— Non Thomas, tu vas prendre ta douche et on va à ce bal caritatif. C’est hors de question qu’on le loupe.

— Tu es une rabat-joie.

— Oui, je sais. Tais-toi et va te préparer.


Je bougonnai et allai dans ma salle de bain en traînant les pieds, ce qui, je l’entendis, la fit rire.

Après une douche rapide, je me sentis revigoré. Je m'habillai en vitesse, optant pour un costard noir tout en maudissant Victoria pour son insistance à nous faire sortir. Je la rejoignis ensuite dans le salon, où elle était déjà prête, vêtue d'une robe élégante.

Je la dévisageai. Elle était magnifique dans cette robe à bretelles bleu clair remplie de paillettes et fendue jusqu’en haut de sa cuisse. J’avais du mal à détacher mon regard d’elle. J’en avais vu des femmes, de tout style et de tout horizon, mais ce soir Victoria dégageait quelque chose. Elle avait toujours été d'une beauté éblouissante, surpassant presque toutes les autres femmes. Mais ce soir, vêtue de cette robe élégante et rayonnante de charme, elle semblait être la plus belle créature que j'aie jamais vue.


— Tu pourrais au moins faire semblant d'être enthousiaste, Thomas, lança-t-elle en levant un sourcil amusé, ce qui me fit sortir de mes pensées.

— Oh, crois-moi, je fais de mon mieux pour cacher ma joie débordante, répondis-je avec sarcasme.


Elle secoua la tête avec un sourire, puis attrapa son sac à main et nous sortîmes de la maison. Lorsqu’elle passa devant moi, je remarquai que sa robe était à lacets dans le dos, laissant une vue parfaite sur ce dernier. Elle était resplendissante.

Même si je n'avais aucune intention de me marier avec Victoria, et même si sa personnalité m'irritait, je ne pouvais nier que ma fausse fiancée était d'une beauté à couper le souffle.


— Je te préviens que si tu mates mes fesses je te crève les deux yeux.

— Ne prends pas tes rêves pour une réalité. Même un orang-outan ne serait pas intéressé par toi.

— Mais oui, bien sûr.

— Mais c’est vrai.

— Je ne dis pas le contraire.

— Vu le ton que tu emploies, tu ne me crois pas.


Nous montâmes dans sa voiture. Je crois que je ne pourrais plus jamais toucher un volant avec elle. Poursuivant notre débat tout en nous rendant à l'événement caritatif.

Le trajet se déroula dans le silence, Victoria concentrée sur la route tandis que je laissais mes pensées divaguer. Je me demandais comment nous rattraper de notre retard. Surtout auprès de mon père.


Nous arrivâmes finalement à destination, et je réalisai que l'événement se déroulait dans un grand hall décoré avec élégance. Des guirlandes lumineuses ornaient les murs, et une musique douce flottait dans l'air.


Victoria gara la voiture et nous descendîmes, rejoignant la file d'attente pour entrer dans le hall. Le vigile demanda nos noms et cartons d’invitation avant de nous laisser entrer. Si je ne me sentais pas à l’aise dans ces endroits, Victoria, quant à elle, semblait parfaitement à sa place, comme toujours.


Nous franchîmes les portes et entrâmes dans le hall, où nous fûmes accueillis par des serveurs portant des plateaux de champagne. Victoria attrapa deux flûtes et m'en tendit une avant de me tirer vers l'intérieur de la salle.


Je détaillais rapidement des yeux la salle. Une atmosphère feutrée régnait, accentuée par la douce lueur des guirlandes lumineuses qui ornaient les murs. Le décor respirait l'élégance, avec des tables recouvertes de nappes blanches immaculées et des chaises assorties, disposées de manière à créer un espace fluide et accueillant. Des arrangements floraux sophistiqués ajoutaient une touche de couleur et de fraîcheur à l'ensemble.

Au centre de la salle se dressait une estrade où un orchestre jouait des mélodies envoûtantes, créant une ambiance enchanteresse qui invitait à la détente et à la conversation. Des convives vêtus de tenues raffinées déambulaient entre les tables, échangeant des salutations chaleureuses et des sourires complices.

Les serveurs circulaient, offrant des plateaux de champagne pétillant et d'autres délices culinaires aux convives. Le murmure des conversations emplissait l'air, ponctué par des éclats de rire joyeux et des exclamations admiratives. À l'arrière de la salle, un espace avait était aménagé pour accueillir des œuvres d'art ou des objets de collection mis en vente lors de l'événement caritatif, attirant l'attention des convives et suscitant leur intérêt.


Comment mon cher paternel pouvait-il profiter d’une telle occasion pour annoncer nos fiançailles ? Je savais bien que je n’avais pas l’âme charitable. La plupart du temps, je me moquais royalement des autres, mais ce soir, nous étions là pour récolter de l’argent pour je ne sais quelle cause, pas pour annoncer un futur mariage. Comment pouvait-il être aussi narcissique et égocentrique ? Il aurait pu organiser une autre soirée, mais non, cela serait m'accorderait trop d’attention.


— Allez, Thomas, détends-toi un peu. Ça ne peut pas être si terrible, m’encouragea Victoria.

— On va annoncer nos fiançailles, donc si.


Je soupirai et pris une gorgée de champagne.

Nous circulâmes dans la salle, saluant quelques connaissances en chemin. Je me sentais un peu perdu parmi tous ces gens, mais je fis de mon mieux pour paraître à l'aise. Finalement, nous trouvâmes une table libre et nous y installâmes, observant les autres convives en discutant de choses et d'autres. Je n’avais pas encore aperçu mon père, bien qu’il soit ici, vu les nombreux messages de reproche que j’ai reçus. Je me demandais si Victoria en avait de son père. J’avais toujours été un peu jaloux sur ce sujet. Son père à elle était toujours aimant et jovial. Tout le contraire du mien. Victoria me parlait, mais je me détournais petit à petit de la conversation en voyant une jolie blonde au bar qui me faisait de l’œil.


— Je reviens, coupai-je Victoria.

— Heu, d’accord.


Je me dirigeai vers cette jolie blonde avec mon plus beau sourire aux lèvres avant de m’asseoir avec elle. Elle était plutôt pas mal, ses yeux bleu nuit étaient hypnotisant.


— Thomas, me présentai-je, et toi ?

— Anna. Mais entre nous, tout le monde sait qui tu es.

— Pas faux, riais-je. Que fais-tu ici ?

— C’est un événement de charité, je viens donc participer en donnant de l’argent.

— Tu n’as pas l’air très réjouie d’être ici.

— Je viens d’un milieu aisé certes, mais pas assez pour vivre tout ça, désigne-t-elle d’un signe de main. Je préfère être chez moi.

— Tu diriges quoi ?

— Je ne dirige rien. J’ai juste créé une application qui a fait un carton.

— Je vois. C’est très impressionnant.

— Merci.

— Si tu veux, je peux peut-être t’aider à passer une meilleure soirée ? Je suis impressionnant dans certains domaines.

— Si tu dragues comme ça, Thomas, tu fais pitié, déclara une voix que je ne connaissais que trop bien.

— Bonsoir papa.

— Suis-moi. Maintenant. Bonne soirée, déclara-t-il à Anna avant de m’entraîner un peu plus loin.


Forcément, il ne fallait pas qu’il entache sa jolie réputation. Nous nous dirigeâmes vers le fond de la salle. D’ici, j’aperçus Victoria m’interrogeait du regard et Anna qui me faisait un petit signe de la main. Lorsque mon père fut certain qu’aucune oreille indiscrète ne nous écoutait il entreprit son discours moralisateur.


— Dois-je te rappeler pourquoi tu es ici ?

— Parce que tu veux annoncer des fiançailles dont ni Victoria ni moi ne voulons ?

— Descends d’un ton, petite merde. Tu as de la chance qu’on soit en public. Je veux bien que tu annules ce mariage si tu en acceptes les conséquences.

— Et te faire briser la promesse que tu as faite à maman avant qu’elle ne meure ? Jamais, ça te ferait trop plaisir.

— Ne me parle plus jamais de ta mère. Pour qui te prends-tu à croire que tu peux la mentionner ? lança-t-il en approchant son visage furieux du mien. Maintenant, soit tu arrêtes de faire le guignol et tu retournes t’asseoir avec ta future femme, soit tu annules ce mariage et tu sors de ma vie définitivement en tirant un trait sur ton héritage.

— Très bien.

— Déjà que tu arrives en retard, tu pourrais au moins te tenir correctement.

— Tu sais pourquoi je suis arrivé en retard au moins ?

— Non, et je n’en ai que faire. Je suppose que tu étais encore avec une de tes pin-up.

— J’ai eu un accident de voiture. Elle est en ruine, c’est un miracle que je n’ai rien.

— Même te tuer, tu n’y arrives pas. Tu es vraiment la plus grosse déception de toute ma vie.


Je le fixais, ayant du mal à contenir toute la haine que j’éprouvais à son égard. Malgré tout, je détournai le regard et repartis m'asseoir avec Victoria.


— Tout va bien ?

— Oui.

— Tu es sûr ?

— Oui.

— Tu avais l’air d’avoir une conversation agitée avec ton père.

— C’est bon, Victoria, je vais bien.


Victoria semblait avoir remarqué mon malaise, mais elle ne posa pas plus de questions, probablement pour éviter de raviver des souvenirs douloureux. Pour ma part, je m'efforçais de garder un visage impassible malgré la tempête qui grondait en moi. Je savais que mon père me détestait, mais je pensais qu’en lui annonçant l’accident de voiture, il aurait réagi différemment. On dirait qu’une part de moi gardait toujours espoir qu’il change. Malheureusement, cet espoir ne m’apportait plus de déception que de joie. Comment pouvais-je encore croire après toutes ces années qu’il changerait d’avis ?

Nous échangeâmes quelques mots avec les autres invités, mais mon esprit était ailleurs. Les paroles de mon père résonnaient encore dans ma tête, me rappelant la véritable raison de ma présence ici ce soir : annoncer des fiançailles que je ne voulais pas.


Je me sentais piégé, comme si les murs de cette salle élégante se refermaient lentement autour de moi, m'empêchant de respirer. Victoria lançait des regards, mais je détournai le regard, incapable de lui faire face. D’habitude, j’arrivais à bien cacher ce que je ressentais, surtout en public. Mais ce soir, je n’y arrivais pas, ce qui m’énervait d’autant plus.

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