L'ÊTRE MALÉFIQUE
OUBAHADJA !!!
- ?
OUBAHADJA !!!
- ??
OUBAHDJA ALLALI ALLALA
???
Kiaï revint a lui avec beaucoup de difficultés comme lorsque il fallait se réveiller le matin pour aller travailler a la ferme et que cela prenait une éternité.
Il entendit soudain une voix qui flottait dans sa tête comme du brouillard. Il n’arrivait pas à mettre des mots dessus mais il crut entendre abracadabra.
La voix revint plus forte et devint plus nette.
AWAKADJA.
Non cette fois il en était sur cette voix n’était pas dans sa tête. Il l’entendait bel et bien.
AWAKADJA HADAKA.
POLULI ETERNA que le mal te libère et s’en va.
- Heu … où chui ?
- Tu es là où tu ne devrais pas être jeune imbécile. C’est la douleur qui t’a amené à moi. C’est elle qui forge les puissants de ce monde ou anéantis les gens au point d’en faire des loques comme ceux qui peuplent la cité d’à côté.
A demi réveillé, Kiaï toussota mais réussit a pondre une phrase qui ne manquait pas de piquant.
- c’est la douleur qu’a fait d’vous un ermite ?
Aux yeux de l’ermite le petit était perspicace ça ne faisait aucun doute. Même s’il s’exprimait dans un affreux patois sa question appartenait toute fois à l’ordre de l’interdit et l’ermite répondit par une autre question.
- Dis moi petit c’est bien toi qui habites la ferme a plusieurs lieues de l’entrée de la forêt noire n’est-ce pas ?
Kiaï ne voulu pas répondre. La prostituée et les deux crapules lui avaient volés son innocence et ses économies, il ne voulait pas ajouter à cela son intimité, même s’il n’en avait pas beaucoup en vérité, et laissa poursuivre le vieux dans son interrogatoire.
L’ermite le lut dans ses yeux et continua.
- N’est-ce pas aussi ta mère qui est morte il y a peu ?
Kiaï ne pipa mot puisqu’il avait cru apprendre que sa mère ne l’était pas en réalité. Il continua aussi dans son mutisme car il y avait quelque chose d’inquiétant dans l’attitude du vieux.
- Tu ne veux pas me répondre ? Très bien j’en ai une dernière pour toi alors mais attention celle-ci est mortelle !
Kiaï se prépara au sceau d’eau glacé que le vieux allait lui balancer en pleine figure.
- Souhaites-tu que je te révèle l’identité de ton vrai père et de ta vraie mère ?
Kiaî, bien que cloué sur place par ses côtes abîmées, se leva d’un bond.
-Vous savez qui sont mes parents vrais ???
- Aaaah tu vois j’avais raison à propos de la douleur. La douleur peut TOUT. Elle te fait te relever du sol alors que tout ton corps est abîmé. Elle te donne la force de combattre tes ennemis même avec une flèche plantée dans l’épaule. Elle te donne la rage pour détruire tous les obstacles qui se dressent sur ton chemin. La douleur peut beaucoup.
- Pitié dites moi qui sont mes parents vrais !
L’ermite changea soudain d’attitude et se mit à hurler sur le jeune Kiaï.
- Pitié ? PITIÉ ? Il n’y a pas de pitié ici. Seulement la douleur.
D’ailleurs ceci sera ta première leçon mon enfant. La douleur t’aideras à rester vivant ou bien a finir dans mon chaudron car j’ai très faim.
Le vieillard prononça cette phrase avec tant d’impact que Kiaï le crut avec sincérité.
- La vie n’est qu’épreuves. Il n’y a que dans les épreuves que l’homme grandit ou s’affaiblit et je vais t’en faire passer une. Si tu résistes tu vivras mais si tu flanches je me délecterais de mâcher tes os. Car seule la douleur te permettras d’accéder à mon savoir interdit. Mon savoir qui peut soumettre le monde entier à ta seule volonté.
Kiaï ne comprit rien à propos du savoir du vieillard. Tout ce qu’il voulait c’était sortir d’ici.
Le vieil ermite invita Kiaï à s’asseoir en face de lui. Le vieux se saisit d’une sorte de petite table en bois sur laquelle était posé deux fioles. L’une noire et l’autre transparente. Il y avait aussi divers outils dont un qui se terminait en aiguille. Le vieux lui saisit le poignet gauche et le rituel commença.
- Que l’épreuve commence ! Je vais apposer ma marque sur toi. Marque mystique dont je ne te dirais l’utilité que bien plus tard. Tu n’as pas a en savoir davantage. Sache tout au plus que ceci t’apportera le plus dont tu as toujours manqué. Encore une fois si tu hurles c’est la mort assurée pour toi. Tu comprends ce que je te dis ?
Le jeune homme répondit sur un ton évasif sans savoir à quoi il s’en tenait.
- Heu oui je crois répondit Kiaï.
- Courage petit.
Le vieux trempa l’outil en pointe d’aiguille dans la fiole noire puis commença a en trouer la peau du poignet. Kiaï qui ne comprenait pas ce qu’il se passait ressentit soudain une douleur sourde. Il avait l’impression qu’on le fouettait avec des orties d’abord. La douleur était insidieuse mais aussi psychologique. Kiaï sur l’instant redoutait moins la douleur que ce dessin noir qui semblait vouloir lui coller a la peau tel une sangsue.
Kiaï souffrait. Le vieux s’en aperçut et lui dis : sois digne de la douleur.
A ces mots Kiaï redoubla de courage. D’un point de vue il considérait à la fois le vieux comme un ennemi mais d’un autre comme un étrange ami. Digne. Ce mot résonna dans son esprit bouseux.
Tandis qu’il lui picorait la peau le vieil ermite lança des regards furtifs à Kiaï se demandant s’il tiendrais le coup jusqu’au bout comme s’il avait hâte que le gamin crie car son estomac gargouillait. Alors que Kiaï s’apprêta à crier il entendit l’estomac du vieux gronder et cela lui redonna plus de résistance face a la douleur.
- Encore quelques instants et tu seras libre. Lui dit-il.
Kiaï était sur le point de s’évanouir.
- L’épreuve est terminée jeune Kiaï.
Kiaï ne se rappelait pas lui avoir dis son nom. Etrange. Comment l’ermite savait-il comment Kiaï s’appelait ?
Le vieillard se servit de la fiole transparente et en humidifia le tatouage.
- Leve toi et vois ma marque.
Kiaï se leva du tabouret et admira le superbe dessin noir qui faisait désormais parti de lui et pour toujours. Le dessin représentait un losange dans lequel était inscrit toutes sortes de signes que Kiaï ne connaissait pas. Le tatouage sur son poignet ne mesurait pas plus de sept centimètres de largeur et de hauteur. Kiaï n’avait reçu ni cadeaux ni présents de personne dans sa vie mais il plaça le tatouage au dessus de tout. Désormais il allait pouvoir crâner auprès de ses rares congénères qu’il croiserait peut-être un jour ou pas.
- J’ai réussit ? demanda Kiaï affaibli au vieux.
Tu as réussit l’épreuve petit ! Je peux à présent répondre à la question qui te brûle tant les lèvres.
Sans même s’attarder sur son poignet, Kiaï se précipita à l’essentiel.
- C’est qui mes parents vrais ?
Tes parents s’appellent en réalité …
Kiaï était suspendu aux lèvres de l’ermite. Il attendait avec encore plus d’impatience la suite. Quand soudain le vieux lui dis : Oh eh puis non ! Tu n’es pas encore prêt à entendre ça. Retournes à ta ferme. Et reviens me voir d’ici quelques années.
Kiaï se révolta et dis au vieux qu’il était prêt à tout pour retrouver ses parents.
- J’frais tout ce que vous voudrez mais j’veux savoir qui sont mes parents. Il voulut terminer sa phrase par « pitié » mais se souvint de la réaction du vieillard il y a peu.
L’ermite ne répondit point et invita Kiaï a retourner chez lui. Déçu il repartit donc à la ferme sans demander son reste avec un immense vide à l’intérieur.
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