CHAPITRE 24 : En Territoire Ennemi

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Malgré leur face-à-face réussi avec Carter, Lila et Jonah durent admettre que leurs soucis ne disparaîtraient pas comme par magie. Au contraire, la victoire qu’ils avaient remportée semblait attiser d’autres hostilités. Les moqueries et les menaces ne cessaient pas, et un sentiment d’inquiétude régnait dans les couloirs de Franklin High.

Quelques jours après la confrontation publique, Lila remarqua plus d’élèves les éviter ou les toiser. Certains étaient curieux de leur prochaine action, d’autres sans doute craignaient les représailles de Carter et sa clique. Entre les casiers recouverts de stickers rock et les affiches de matchs de football, l’atmosphère s’était alourdie.

Un mardi matin, tandis que Lila vidait son casier, une enveloppe glissa au sol. Pas de gribouillis agressifs cette fois, mais une écriture soignée, presque élégante.

"Rendez-vous ce soir, au terrain de football. 22h. Venez seuls si vous voulez des réponses."

Le cœur de Lila se serra. Elle montra aussitôt la lettre à Jonah, qui fronça les sourcils.

— C’est un piège, déclara-t-il aussitôt, sa voix empreinte de méfiance.

— Peut-être, reconnut Lila, mais c’est notre seule chance de comprendre qui se cache derrière cette hostilité grandissante.

Jonah, frustré, passa une main dans ses cheveux :

— Ils essaient de nous isoler, de nous faire tomber dans leur jeu.

— Si on n’y va pas, ils auront gagné, trancha Lila.

Jonah soupira, sentant la détermination de Lila :

— Très bien. Mais je viens avec toi.

— On reste ensemble, confirma-t-elle, serrant sa main comme pour sceller un pacte.

À 22h précises, Lila et Jonah arrivèrent sur le terrain de football. La nuit, humide et sombre, enveloppait les gradins. Seuls quelques réverbères éloignés projetaient des ombres fantomatiques sur la pelouse. De temps à autre, une brise agitait les banderoles publicitaires autour du terrain.

— Ils sont là, murmura Jonah, désignant une silhouette près des gradins.
En s’approchant, ils réalisèrent qu’il y en avait trois, leurs visages partiellement dissimulés par des capuches. Malgré l’obscurité, Jonah reconnut la stature et l’attitude de Carter, flanqué de deux acolytes qu’ils avaient déjà vus traîner avec lui.

Carter sourit d’un air suffisant :

— Bien sûr que c’est moi, lâcha-t-il, croisant les bras. Vous ne vous attendiez pas à quelqu’un d’autre ?

Lila, bras croisés, garda son sang-froid :

— Qu’est-ce que tu veux, Carter ?

Carter haussa les épaules, un sourire froid :

— Je veux que vous compreniez. Ce lycée n’est pas fait pour les marginaux comme vous. Vous perturbez… l’équilibre.

Jonah laissa échapper un rire amer :

— Tu veux dire ton contrôle, rectifia-t-il.

Carter secoua la tête :

— Appelle ça comme tu veux. Mais personne ne vous veut ici.

Lila avança d’un pas, la colère flamboyant dans son regard :

— Alors pourquoi ce rendez-vous ? Si tu veux tant que tout le monde soit comme toi, pourquoi nous provoquer encore ?

Le sourire de Carter s’effaça :

— Parce que vous êtes trop bruyants. Votre concert, vos confrontations… tout ça nous force à réagir.

— "Nous" ? releva Jonah, sa voix résonnant dans le silence du terrain. Qui d’autre est impliqué ?

L’un des garçons près de Carter murmura quelque chose, et Carter lui jeta un regard noir.

— Ça suffit, coupa-t-il, se tournant vers Lila et Jonah.

Lila, serrant les poings, déclara :

— Tu ne nous fais pas peur, Carter. Si tu crois qu’une mise en scène nocturne nous fera fuir, tu te trompes.

Carter avança, reprenant son sourire arrogant :

— Ce n’est pas une question de peur, Lila. C’est une question de temps. Vous finirez par céder.

Jonah se plaça devant elle, poings serrés :

— Pas ce soir, et pas demain.

Carter soutint son regard un instant, puis haussa les épaules :

— On verra bien, conclut-il, avant de faire signe à ses complices. Tous trois s’évanouirent dans la nuit, leurs silhouettes disparaissant derrière les gradins.

Sur le chemin du retour, Lila et Jonah restèrent silencieux, la colère et la frustration les submergeant.

— Il ne lâchera pas, lâcha Jonah finalement, serrant le volant de la voiture de Lila.

— Alors, on le force à lâcher, trancha-t-elle, déterminée.

Jonah, un mélange de fierté et d’inquiétude dans les yeux, soupira :

— Comment ?

— On expose tout, répondit-elle, le regard fixe. Ses menaces, ses mensonges… on montre à tout le monde qui il est.

Jonah hocha la tête, même si une lueur d’angoisse demeurait dans son regard.

Le lendemain, Lila et Jonah commencèrent à rassembler des preuves. Avec l’aide de Lucas et Ryan, ils interrogèrent discrètement des élèves témoins de harcèlement, de menaces ou d’intimidation orchestrés par Carter et son groupe. Plusieurs hésitaient, craignant des représailles, mais d’autres, encouragés par le concert et la posture audacieuse du couple, parlaient enfin, racontant leurs histoires.

Emily, ayant regagné la confiance de Lila, proposa son aide :

— Chloé sait des choses, confia-t-elle, la voix basse, alors qu’elles se trouvaient dans un coin isolé du couloir décoré de posters d’équipes sportives. Si tu peux la convaincre de parler, ça suffirait.

Lila sentit un frisson de nervosité : approcher Chloé serait délicat, mais indispensable.

Cette nuit-là, Jonah et Lila mirent la dernière main à leur plan. Ils savaient qu’un événement d’envergure au lycée approchait : le bal de printemps, prévu pour le vendredi suivant. Un classique de la culture 90’s, avec le gymnase décoré de banderoles et de ballons, de la musique pop et rock, et tous les élèves habillés pour l’occasion.

— Tout le monde sera là, dit Jonah en griffonnant des notes sur une feuille. Même Carter.

— Parfait, répondit Lila. On profitera de l’attention générale pour dévoiler nos preuves.

Ils espéraient faire une démonstration publique, assez frappante pour briser définitivement la façade de Carter et de ses alliés. Le risque, bien sûr, était grand : s’ils échouaient, Carter en sortirait renforcé.

— Si on rate, murmura Lila, la gorge nouée, ils auront gagné.

Jonah posa une main réconfortante sur la sienne :

— On ne va pas échouer.

Dans l’obscurité de la pièce, on percevait le grésillement d’une vieille radio diffusant un morceau rock. Seattle, pluvieuse et mélancolique, s’étendait dehors, prête à être le théâtre de leur prochain grand acte.

Ils échangèrent un regard déterminé : qu’importent les menaces, ils iraient jusqu’au bout. Tandis que le tic-tac d’une horloge ancrait l’angoisse dans le temps, leur résolution se renforçait : dénoncer Carter et ses complices lors du bal de printemps, quitte à tout risquer.

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