CHAPITRE 25 : Le Bal de la Vérité
La semaine précédant le bal de printemps fut un véritable tourbillon pour Lila et Jonah. Après la confrontation nocturne avec Carter et la découverte qu’il n’agissait pas complètement seul, la pression ne cessa de croître. Les couloirs de Franklin High, décorés de flyers grunge et d’affiches de football, vibraient de rumeurs : certains élèves saluaient l’audace du couple, tandis que d’autres restaient hostiles ou sceptiques.
Ryan et Lucas, un peu plus confiants depuis l’initiative de Lila et Jonah, apportaient leur soutien technique. Pourtant, une inquiétude persistait dans leurs regards.
Mais Lila, galvanisée par la volonté de rétablir la vérité, voulait frapper un grand coup. Jonah, de son côté, oscillait entre la colère contre Carter et la crainte que leur plan rate.
Lila consacra plusieurs jours à interroger discrètement les élèves qui avaient été victimes ou témoins des actes de Carter. Elle recueillit leurs témoignages, prenant des notes précises. Certains avaient peur de représailles, mais beaucoup, encouragés par l’exemple de Lila et Jonah, se risquèrent à parler.
Emily se montra une alliée de poids, rassurant les plus hésitants. Elle avait retrouvé une complicité timide avec Lila depuis le concert.
Chloé, de son côté, restait distante, jusqu’au jour où Emily la convainquit de révéler ce qu’elle savait.
Chloé, en lui remettant une série de messages compromettants, déclara :
— Je ne fais pas ça pour toi, Lila. Je le fais parce que Carter est allé trop loin.
Dans ces messages, Carter exposait clairement ses plans pour harceler Jonah, manipuler la réputation de Lila, et rallier à lui un groupe d’élèves influents. Les preuves étaient écrasantes.
Pendant ce temps, Jonah, Lucas, et Ryan planchaient sur le côté technique. Ils prévoyaient de diffuser ces preuves sur l’écran principal du gymnase le soir du bal, écran habituellement réservé aux annonces et vidéos officielles du lycée.
Ryan, toujours un peu sceptique, fit un jour remarquer :
— Tu sais que si on se fait prendre, on risque des ennuis, pas vrai ?
Jonah, déterminé, hocha la tête :
— Peut-être, mais si on ne fait rien, Carter et ses sbires gagneront.
Lucas, penché sur un ordinateur portable d’époque et quelques câbles audio, acquiesça :
— On est avec toi, mec. Autant aller jusqu’au bout.
Malgré l’urgence et la gravité de leur plan, Lila insista pour acheter une robe pour le bal. Elle entraîna Jonah dans une petite boutique locale, un sweat de flanelle sur les épaules et un sac fourre-tout orné de badges 90’s. Là, elle essaya une robe noire simple mais élégante.
— Tu veux vraiment te soucier de ça maintenant ? plaisanta Jonah, amusé de la voir tourner devant le miroir.
— Si je dois affronter tout le lycée, autant le faire en beauté, répliqua-t-elle, clin d’œil à l’appui.
Jonah ne put s’empêcher de sourire, admirant la confiance qu’elle dégageait :
— Tu seras parfaite, quoi qu’il arrive.
Enfin, le vendredi tant attendu arriva. Le gymnase du lycée avait été transformé en salle de bal, avec guirlandes lumineuses, ballons suspendus et tables décorées aux couleurs du printemps. On diffusait un mélange de hits pop et rock de l’époque, tandis que les élèves arrivaient dans leurs tenues soignées.
Lila fit son entrée, le cœur battant à tout rompre, dans sa robe noire saisissante. Jonah, troquant son éternelle chemise à carreaux pour une veste sobre, l’accompagnait. Les regards se braquèrent aussitôt sur eux, mêlant admiration et critiques étouffées.
Chloé et Emily se tenaient près du buffet, Chloé les jaugeant d’un regard indéchiffrable, tandis qu’Emily leur adressait un discret signe d’encouragement.
Ryan et Lucas, déjà installés près de l’équipement audio-visuel, attendaient le signal.
Jonah serra brièvement la main de Lila :
— Tout le monde est là. On y va ?
Lila, malgré la peur qui la saisissait, hocha la tête :
— On va leur montrer.
À 21h précises, Jonah fit un geste vers Ryan. Aussitôt, les lumières du gymnase baissèrent, la musique s’arrêta et l’écran principal s’illumina. Les discussions se figèrent.
Sur l’écran apparut un texte simple : « La vérité sur Carter ». Un murmure d’étonnement parcourut la foule, bientôt remplacé par des chuchotements inquiets.
Les premières images exhibèrent les messages de Carter, projetés en grand. Chaque ligne révélait ses menaces, sa façon de harceler Jonah et Lila, et ses plans pour manipuler l’opinion. Puis vinrent les témoignages d’élèves, certains anonymes, d’autres filmés en cachette par Lila, relatant des faits de harcèlement.
— Ça ne peut pas être vrai, chuchota un élève.
— Si, je l’ai vu faire, répliqua un autre, plus grave.
Au fond, Carter se tenait, blême, entouré de quelques-uns de ses partisans. Voyant son nom et ses méfaits défiler, il ne put dissimuler la panique.
— Éteignez ça ! hurla-t-il, se ruant vers Lucas et Ryan.
Mais Jonah, anticipant sa réaction, s’interposa :
— C’est fini, Carter, articula-t-il, calme mais inflexible.
Les murmures se transformaient en un grondement de colère dans la foule, beaucoup comprenant qu’ils avaient été manipulés. Des voix s’élevèrent :
— Tu nous as utilisés, Carter ! Tu es un lâche, poursuivit quelqu’un.
Carter, humilié, recula, cherchant une issue. Le principal, alerté par le tumulte, entra dans le gymnase et stoppa la projection. Mais le mal était fait : Carter venait de perdre son aura intouchable.
Le principal ouvrit dès le lundi une enquête officielle. Les preuves étaient trop évidentes pour être ignorées, et les accusations contre Jonah tombèrent. Carter, pour la première fois, se trouva dans une situation critique.
Lorsque la soirée du bal s’acheva, Lila et Jonah s’éclipsèrent, épuisés, mais le cœur enfin plus léger. Dans le parking, elle sentit la tension retomber.
— On l’a fait, murmura-t-elle, serrant la main de Jonah dans la sienne.
— Oui, répondit-il doucement, mais ce n’est qu’un début…
— Peut-être, admit-elle, mais au moins ils savent maintenant.
Ils montèrent dans la voiture de Lila, s’éloignant du lycée, les lumières du gymnase diminuant dans le rétroviseur. Pour la première fois depuis des semaines, ils respiraient la liberté : leur combat n’était pas fini, mais un fardeau venait de s’alléger.
Annotations
Versions