Préambule
Je me souviens de la mort.
Tout était sombre autour de moi, je flottais dans une noirceur profonde, insondable. Pourtant, il me semblait que des lumières brillaient au loin, çà et là, me rassurant par leur présence réconfortante. L'ensemble ressemblait beaucoup à un ciel noir d'encre parsemé d'étoiles étincelantes. Je ne me sentais pas en danger, ni menacée ; pourtant je savais que cela signifiait ma fin.
Je me sentais en paix, en harmonie avec cette éternité à la fois noire et lumineuse ; j'étais en béatitude et pourtant, la petite parcelle d'humanité qui restait en moi ne cessait de supplier « pas maintenant, s'il vous plaît, laissez-moi vivre ! ».
En y repensant aujourd'hui, je ne comprends pas cette frénésie de vivre. Après tout, la vie est parfois belle, mais elle est souvent douloureuse et cruelle, alors que cette éternité qui m'englobait semblait tellement accueillante, chaleureuse ; divine même. Je ne ressentais aucune émotion, à part un bonheur hors-norme, une véritable extase ; j'étais enfin entière, j'étais là et cela me semblait logique d'être ici et non ailleurs. J'étais une petite particule, libérée de son alourdissante enveloppe charnelle, qui flottait dans un immense océan noir comme l'univers, exempt de gravité, nageant dans l’ivresse du bonheur à l'état pur. C’était grisant ; je vivais un moment de félicité.
J'aurais dû me taire et rester là à tout jamais, à flotter dans cet univers merveilleux, mais non, il a fallu que mon esprit hurle à en perdre la raison : « laissez-moi vivre ! »
Malheureusement, ces pitoyables prières ont été entendues.
Des tréfonds de l'abîme qui m'entourait et venue de partout à la fois, une voix, ou plutôt une pensée vibrante de pureté et de puissance, me répondit : « Tu vivras. Mais pas ici, et pas maintenant. »
Alors, l'univers se métamorphosa.
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