Isabeau Partie 4

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Colombe était arrivée la première, bientôt suivie de Jean, par le côté qui leur semblait à tous le plus naturel, celui de leur maison.

- Je suis sûr que vous avez oublié !

- Voyons, Jean, oublié quoi ?

- C’est bien ce que je disais. Vous avez oublié ! Aujourd’hui, j’ai dix-huit ans !

Jean arrivait, avec un paquet de chocolats enrubanné, bien convaincu qu’il n’aurait de vrai anniversaire que s’il prenait les choses en main. Depuis quelque temps, tout était devenu plus difficile. Mais Jean se trompait. Il eut droit à un cadeau de la part de chacune de ses sœurs. Victoire, arrivée la dernière comme à son habitude, avait bien résumé le sentiment général.

- Une cuisine, là, maintenant ! Ho, c’est trop génial ! Comme avant !

Ce que le petit clan Combrigal appelait avec tant de ferveur une cuisine, c’était une réunion familiale, avec tartines et tisanes, chocolats et autres douceurs, dans l’immense cuisine de la résidence. L’hiver, ils allumaient la cheminée, et se regroupaient du côté chauffé de l’immense table en bois massif. L’été, ils ouvraient les fenêtres et les portes qui donnaient sur le potager, sa fraicheur et ses senteurs sucrées.

Evelyne, que tout le monde appelait affectueusement Evy, était là. Evy, leur ancienne nourrice avait gardé un faible particulier pour Jean, le petit dernier, qu’elle avait connu dès la naissance. Elle était restée, par attachement pour la famille, et peut-être aussi pour Henri. Les enfants Combrigal l’avaient toujours soupçonnée d’entretenir avec Henri une relation qui allait au delà de la simple affection. A l’âge où les enfants commencent à comprendre bien des choses, ils avaient essayé d’en savoir plus, se cachant dans la cuisine ou la buanderie. Mais, soit qu’ils se soient trompé, soit que leur présence ait été décelée, ils ne purent aboutir à rien. Un soir, Henri était venu chercher Evelyne, et ils étaient partis pour la soirée. Cela avait beaucoup intrigué les enfants. Le lendemain, il y avait une chanson sur toutes les lèvres.

- Elle est amoureuse, elle est amoureuse ! Chantée à tue-tête. Cela avait duré trois jours, trois jours pendant lesquels Evy, rouge comme une pivoine, ne savait plus que dire ou faire pour les faire taire. Puis, plus rien. Henri venait toujours prendre le café à la cuisine, plus souvent que les occasions ne se présentaient, mais rien d’autre ne se passa. Aujourd’hui que Victoire, Colombe et Isabeau étaient adultes, une forme de remord accompagnait ce souvenir, souvenir qui un jour, avait fait l’objet d’une discussion âpre entre Colombe et Victoire. Colombe toujours prompte à prendre sur elle toutes les fautes, et Victoire s’en dédouanant, comme à l’ordinaire.

- Et si c’était à cause de nous ?

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