Rencontre Partie 5
Petit, tout petit.
Je l'ai vu dans ses couches, tout petit, avec sa bonne odeur de bébé. Son sourire, ses colères, cette façon de vous regarder comme si vous étiez l'univers entier. Les yeux dans les yeux. C'est pas de l'amour, ça ?
- Ce n'est pas la peine de rouler aussi vite. Je ne suis pas pressée. J'ai peur, Henri. Peur de ce que je vais voir, mon bébé, cassé, abîmé, mutilé. Je ne peux pas !
- Nous allons faire une pause, Evy.
Arrêtés sur une aire d'autoroute, ils prennent un café. Il lui prend la main. Elle le regarde.
- Serre-moi fort, Henri. Embrasse-moi !
Il la prend dans ses bras, au creux l'un de l'autre.
- Nous sommes deux vieux fous.
Dehors, tous les deux enlacés encore, il pleut, ils s'aiment, mouillés comme des chats, trempés comme le malheur. Plus tard dans la voiture,
- Je vais démissionner, Henri.
Henri ne dit rien. Il réfléchit à des choses profondes, anciennes, dans son esprit et son coeur, cela remue fort. Il possède une grande ferme et des terres, qu'il cultive du mieux qu'il peut. Ils n'ont plus l'âge se dit-il, Evy et lui, mais y a-t-il un âge pour être heureux ? Tout à l'heure, lorsque Evy parlait du bonheur dans un sourire, de l'amour les yeux dans les yeux, il a été jaloux. Pas bien longtemps, et pas pour Jean, mais pour tout ce bonheur que l'on a en naissant, et que la vie efface.
Réparer, il fallait tout refaire, renaître, et sourire à nouveau du sourire des nouveaux nés dans un amour neuf. Désormais, en tout bien tout honneur, faire ce qui est bien.
- Tu viendras vivre avec moi ?
- Oui, Henri, oui.
Le bonheur, la peine, la douleur, la joie, tout peut se lire dans leur sourire. Leurs mains se retrouvent sur le levier de vitesse, et leurs doigts s'entremêlent. Henri et Evy passent la cinquième.
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