Chapitre 2 (partie 1)
Hayato pivota d’un bond avant d’atterrir dans une étagère, provoquant un déluge de cartons et de babioles. Enfoui sous un tas d’affaires, il s’en extirpa sous des rires enfantins.
- Quelle réaction ! C’était très drôle à voir !
Devant lui, se tenait – enfin plutôt, flottait – une petite fille frêle, aux longs cheveux noirs parfaitement lisses et aux yeux noisette. Elle était vêtue d’une simple robe bleue. Sa peau était blanche, trop blanche. Elle était même translucide.
- Tout va bien Hayato ? s’inquiéta sa mère en bas, ayant entendu le vacarme.
Le jeune homme n’osait rien dire. Il ne pouvait pas parler. Rien ne voulait sortir de sa gorge. La stupeur le paralysait. Il avait peur et en même temps, ne se rendait pas vraiment compte de la situation dans laquelle il se trouvait. La fille s’approcha de lui et agita sa main devant ses yeux.
- Allo, Hayato-kun[1] ? Ici la terre. Vous êtes attendu dans votre propre corps.
- Hayato ?
Sa mère était montée dans le grenier, n’ayant pas reçu de réponse de son fils. Elle eut une réaction de surprise en inspirant une grande bouffée d’air. Elle s’approcha du garçon, l’air inquiet.
- Hayato ! Mais qu’est-ce qui s’est passé ? On dirait que tu as vu un fantôme !
Par réflexe, ou par simple instinct, elle posa la main sur son front. Elle fut soulagée de constater qu’il n’avait pas de fièvre.
- Y…Y’a… L…là, bégaya le jeune homme en indiquant la fille transparente qui s’amusait de la scène.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Chizuru avait beau se creuser la tête, elle ne voyait vraiment rien d’inquiétant dans la direction qu’indiquait son fils.
- Elle ne peut ni me voir, ni m’entendre donc ça ne sert à rien de me pointer du doigt, nargua la fille.
Hayato baissa sa main. Il devenait fou, ce n’était pas possible. Cette petite fille sortait tout droit de son imagination. Il ne se serait jamais douté d’en avoir autant.
- C’est la chaleur, c’est ça ? Oh, je ne savais pas que tu y étais aussi sensible ! Reste-là, je vais te chercher un verre d’eau. Ne bouge surtout pas ! ajouta sa mère avant de rejoindre la cuisine au pas de course.
Le jeune homme n’eut pas le temps de rassurer sa mère. Il ne lui semblait pas avoir de coup de chaleur, mais… et si c’était ça qui lui faisait voir ce truc ?
- Elle est toujours aussi gentille ta mère. Bon, tu te remets de tes émotions ?
La fille blanche aux cheveux noirs le toisait depuis les airs. Hayato la regardait avec un air totalement béat, entre l’incompréhension la plus totale et la peur qui le saisissait. Il n’avait vraiment pas l’impression qu’il s’agissait d’un rêve. Il se pinça le bras, et la grimace de douleur qu’il afficha confirma qu’il était toujours dans la réalité. Sa mère revint auprès de lui, avec un verre d’eau. Il le but d’une traite. La soif le tenaillait bien finalement.
- C’est l’endroit le plus frais de la maison ici. Je te conseille de te relever quand tu te sentiras mieux, d’accord ? Je repasserai si tu n’es pas descendu. Et appelle-moi dès que tu as un souci.
Chizuru quitta son fils, toujours inquiète, mais ne pouvait rien faire de plus. Il fallait attendre un peu que ça passe et si ça s’empirait, elle était prête à aller chez un médecin. Hayato resta figé quelques instants, à se masser le crâne. Il devait être fatigué. Il ne voyait vraiment pas d’autre explication.
- Tu sais, je suis bien réelle. Ça ne sert à rien de te retourner le cerveau pour trouver une raison à ma présence.
La fille regardait le jeune homme, un air agacé sur son visage. Il mettait beaucoup de temps à réagir.
- Tu ne me reconnais pas ?
- Que… comment ?
Elle leva les yeux au ciel.
- Dis donc, tu n’es toujours pas très futé, même avec dix ans de plus.
Il se passa quelques instants avant que ses mots ne percutent dans la tête du lycéen. Soudain, ses yeux retrouvèrent de l’éclat et il se releva d’un bond.
- Hana, dit-il dans un souffle.
[1] Au Japon, il est fréquent d’utiliser des suffixes après les noms. Ils sont un signe de reconnaissance des liens entre les individus. On peut citer notamment : -Kun et -chan sont respectivement utilisé pour les garçons et les filles pour dénommer un ami, un camarade, ou une personne plus jeune ; -san peut simplement signifier « monsieur » ou « madame » et est utilisé en signe de respect ; -senpaï pour parler d’un aîné/mentor (par exemple un lycéen d’une année supérieure) ; -sensei pour un professeur. Pour parler de quelqu’un de proche, on peut simplement utiliser le prénom sans rajouter de suffixe.
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