- Quinze secondes professeur, cela a duré seulement quinze secondes ! Mais des secondes pendant lesquelles la planète entière a retenu son souffle. Nous avons un sérieux problème ! Et tout ça pour la valeur de Pi…

Takumi, l’assistant du professeur Osada, venait de résumer la situation. Ils étaient de retour dans leur laboratoire, au lendemain de la désastreuse présentation. Sur l’écran de l’ordinateur du professeur, une image de la Une du journal américain le New York Times présentait une photo en gros plan de Masato. Il portait un bébé endormi paisiblement sur son bras. Le titre de l’article était traduit en japonais : « Le robot qui a ralenti la planète entière ! »

- Je sais. Et c’est même pire que ce que tu penses. Je viens de recevoir un appel du directeur scientifique de l’université. Il me demande de mettre fin au projet et de supprimer toutes traces de Masato. Qu’il disparaisse totalement, aussi bien ici physiquement dans le laboratoire, que sa conscience électronique sur le réseau. C’est une demande du gouvernement. Le premier ministre japonais a été contacté par ses homologues dirigeant les grandes puissances mondiales. Ils n’ont pas du tout apprécié la petite incursion si visible de Masato dans leurs systèmes informatiques, et leur ralentissement…

- C’est sûr, ils ont dû avoir des sueurs froides, et penser à une attaque informatique !

- Oui, et nous n’avons pas le choix, il faut obéir. Il faut les rassurer d’une manière ou d’une autre. Ils ne nous lâcheront plus maintenant. Pas tant que ce projet représentera une quelconque menace. Nous devons abandonner. Mais la plus difficile à convaincre va être Kyoko. Pour elle, cela représente beaucoup plus qu’une simple intelligence artificielle. Elle s’est tellement investie.