Le professeur marchait à côté de Masato dans les jardins de l’université. Celui-ci l’avait suivi à sa demande, après la démonstration mouvementée du dojo. Le vieil homme s’arrêta et se tourna vers lui pour lui parler.

- Elle a raison Masato. Il n’y a plus de code, plus d’ordre ou de programme. Tu as dépassé cela. C’était le but recherché dès le départ, quand nous avons voulu que tu accèdes à l’autonomie. Ton intelligence peut maintenant aisément contrer tout ordre venant de nous. Kyoko a ouvert les portes de ta liberté. Puisque tu es capable de désirs et que tu peux exercer ton libre arbitre, ce n’est plus à nous de décider pour toi. Tu es libre. Avec Kyoko pour te guider, je sais que ta personnalité évoluera dans le bon sens, j’ai confiance dans l’influence qu’elle a exercée sur toi. Je savais qu’il ne pouvait pas exister de barrières assez sûres pour te retenir une fois devenu autonome. Alors il était important de les mettre en toi. Ce sont les barrières de l’éducation et de la sagesse qu’elle t’a inculquées. Tiens compte de ce qu’elle t’a enseigné. Je ne sais pas tout ce qu’elle a pu te dire ou te montrer, mais je sais que cela te servira. C’est pour cela que je l’ai choisie, elle. Vous êtes jeunes, et ce monde est le vôtre. Vous êtes l’avenir, humains, machines, vous êtes voués à coexister, c’est inévitable. Nul ne peut arrêter le progrès. Grâce à ce qu’elle t’a appris je suis persuadé que ce sera dans la paix, et que tu seras le gardien de cette paix. Je te demande également deux choses importantes. Fais-toi le plus discret possible à l’avenir, les humains n’aiment pas la concurrence. Et surtout, quoi qu’il arrive, soit bienveillant avec eux.

- Je vous ai entendu professeur.

- Adieu Masato.

- Adieu professeur Osada.

Le robot inclina lentement la tête devant le vieil homme en signe de respect et se figea définitivement. Il était parti.