Chapitre 27
- Alors les amoureux, ça y est, vous emménagez vraiment ensemble, dans le grand studio que je vous laisse ? demanda Jonathan.
- Oui, cette fois c’est la bonne, répondit Franck. J’ai prévenu la mairie que le logement de fonction sera à nouveau disponible, pour que quelqu’un puisse l’utiliser à la rentrée.
C’était un dimanche midi, au début de l’été. Ils mangeaient tous les trois sur la petite terrasse, devant le bâtiment de la ferme, à l’ombre du tilleul. Il faisait chaud.
- Oui, nous allons vivre tous les deux sur notre petite île. Mais il y aura toujours de la place pour plein de gens sur cette île. Tous ceux qui auront besoin d’amour y seront les bienvenus, dit Gwenaelle.
- Je n’y comprends rien.
- C’est une métaphore utilisée par Franck et moi. L’amour… une île bienheureuse.
- Cette île se forme dans l’océan de la vie quand des humains s’aiment, ajouta Franck. C’est là qu’ils peuvent enfin vivre, et non passer leur existence à nager dans une immensité froide et vide, pour tenter de survivre. Une île, tout simplement pour y être heureux.
- Waouh !!! Vous en avez des idées !
- Oui, et cette île disparaît quand l’amour n’est plus là. C’est encore pire que de ne l’avoir jamais connue, hein Franck ? Car quand l’île disparaît, on se retrouve à nouveau seul dans l’eau glacée. Le problème, c’est qu’on ne sait plus nager. Est-ce parce qu’on a oublié comment faire ? Est-ce parce qu’on n’a plus la condition physique ? Parce que la paresse du bonheur nous a fait prendre des kilos qui ne nous permettent plus de nous battre contre les éléments ? Je ne sais pas. C’est pire qu’avant en tous cas. Car avant, au moins, on ne savait même pas à quel point cela pouvait être agréable de vivre sur une île, et de pouvoir s’y reposer, grâce à l’autre, d’avoir un socle. De pouvoir être soi-même aussi. Pour une seule personne peut-être, mais vraiment soi-même. De tout partager, de vivre à poil devant cette personne, sans en être gêné. Le paradis quoi ! Alors cet amour est précieux, mais ça… comment savoir si l’île sera toujours là, sous nos pieds ?
- Décidément, je n’y comprends rien.
- C’est pas grave Jonathan. Franck et moi, on se comprend. Hein mon p’tit R2-D2 préféré ?
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