Amour disparu
Je me suis toujours sentit seule.
Ce soir là, j'avais décidé de tout changer.
Je saisis mon sac, descend doucement, et sans faire un bruit, les escaliers de la maison, évitant de les faire grincer. C'est désormais le seul obstacle qui me sépare de la sortie... De la liberté...
Je descend, marche par marche, chacune d'elles est une raison de m'évader de cette maison, de cette prison...
J'arrive en bas, essoufflée. Le stress ? Je ne sais pas, mais en tous les cas, je me précipite vers la porte, sans réfléchir plus longuement. J'ouvre la porte sans la faire grincer, et le vent m'ébouriffe, m'enlevant ma capuche... Les lumières de la ville se mélangent à celles des étoiles. Tellement magnifiques. La lumière de la Lune me réchauffe la peau qui commence déjà à être glacée par le froid de la nuit.
Puis, je me lance, et pars. Refermant la porte derrière moi dans un grand fracas, j'avance sans même regarder derrière moi. Je marche, remet ma capuche, mon sac bas sur mes cuisses à un rythmes réguliers. Puis, de plus en plus rapide, je me rend compte que je me met à courir, courir très vite. Droit devant moi, je ne réfléchis pas, ou plutôt, je ne réfléchis plus. Je sais que ma vie est ailleurs... Je ne peux plus être enfermée ainsi.
J'ai toujours vécu seule.
A jamais dans mon coin, dans mon esprit, ayant mes propres idées, mes propres visions.
Personnes n'a jamais osé m'approcher.
Suis-je si différente ?
Je continue de courir, et j'entends mes pas raisonner dans la rue sombre, et pourtant si clair à mes yeux. Oui. Clair. Les ténèbres sont pour moi si lumineux. Regarder le ciel si sombre me fait parfois mal aux yeux. Alors je préfère baisser la tête, et ne même pas regarder là où je vais, quitte à m’assommer contre un lampadaire.
''Tu es différente... A ta manière... C'est pour cela que je t'aime...''
Cette voix, je ne peux plus l'entendre. Mon but est de l'effacer de ma mémoire. Je court encore plus vite, toujours plus vite, tournant quand il le faut, essayant de toujours aller tout droit. Les ténèbres sont mon refuge, cela a toujours été ainsi, et cela sera toujours ainsi...
''Ne me fuis pas... Je suis comme toi... Les ténèbres sont pour moi le jour... Et la lumière est la nuit que je redoute...''
J'ai envie de lui hurler de me laisser tranquille. Mais même sa silhouette ne me laisse pas en paix. Je ne veux pas me retourner, car je sais que son fantôme sera là, à m'épier, à me regarder de ses pupilles vides. La vie l'a quittée depuis longtemps. Pourtant il est toujours le même... Il est toujours celui que j'ai aimé.
''Ne me fuis pas !!!''
Cette fois c'est un cri aiguë qui me clou au sol. Je met mes mains sur mes satanées oreilles, espérant ne plus l'entendre, lui criant de s'en aller, de me laisser en paix. Mes paroles semblent faire effet, car la voix se tait. Alors je relève la tête, et regarde droit devant moi. Un canal. J'ai faillis me précipiter droit dedans. Je regarde autour de moi. Où suis-je ? Je connais cette endroit...
''C'est ici que tout à commencé... Et que tout se finira si tel est ton souhait...''
Tais toi !!! Pourquoi ne veux-tu donc pas te taire ?!!!
Je me relève, m'écorchant les mains, et je l'entends gémir. Il détestait que je me blesse, bien plus que je ne le blesse lui. Et pourtant...
''...C'est moi qui t'ai assassiné. A petit feu... Jusqu'à ce que tu en finisse...'' finis-je par dire réellement, et ces quelques mots semblent créer des ondes sur l'eau du canal.
Je m'approche et observe l'eau noire. J'ai l'impression de voir son visage, blanc comme neige, les yeux fermés. Celui d'un mort...
Son corps n'est plus là, mais son âme y restera toujours.
''Comment ai-je pu ?...'' chuchotais-je, m'approchant un peu plus du bord.
''Ne me rejoins pas...Ce n'est pas le destin qui t'es réservé...''
C'est une voix douce et calme désormais. Pourquoi est-ce que je suis la seule à l'entendre, la seule à voir la nuit clair, et le jour sombre. Pourquoi suis-je différente ? Pourquoi suis-je en vie, alors qu'il était pareil que moi, et qu'il est mort ? Je ne veux plus supporter cette séparation !
Finalement je sais pourquoi je me suis enfuie, car je voulais d'une certaine manière le fuir, lui. Pourtant, nous sommes lié, lui et moi. Je ne peux pas le fuir, tout comme il ne peux pas me laisser en paix : il m'aime toujours, même après la mort...
Je m'approche une fois de plus, je sens presque son souffle. Le même calme du jour où il a décidé de sauter. Son souffle sourd, grave et puissant que je lui connaissais. Celui que j'aimais tend sentir sur ma joue. Ses cheveux flottent dans l'eau sombre, autour de son visage, comme une aura.
''C'est ici que tout doit se finir... Pardonne moi... Mais je t'aime trop...''
''Tel sera ton souhait... Je t'attends de l'autre côté...''
Je regarde une dernière fois l'eau sombre, et le visage blanc qui s'y trouve disparaît. Le vent souffle de nouveau, enlève de nouveau ma capuche noir, et découvre mon visage, à moitié brûlé, mes yeux aveugles. Pourtant je voix, et je ne souffre pas.
Je fais un pas de plus. Et cette fois, il n'y a que le vide. La chute est longue, mais douce. Je touche l'eau glacée. Froide, me pétrifiant. Pourtant, c'est un soulagement qui m'envahit.
Enfin...
La paix.
Je coule, je tombe.
Peu à peu, mes poumons s'emplissent d'eau.
Peu à peu, je sens le froid m'envahir, la mort me prendre. La paix m'envahir.
J'ouvre une dernière fois les yeux en sentant la douleur qui me brûle à l'intérieur. Mon corps proteste, il ne veut pas mourir. Pourtant c'est ce que je veux.
Dans les ténèbres de l'eau, car ce sont bien des ténèbres qui m'envahissent, je vois son visage, en vie. Souriant, ses yeux pétillant. Je l'aime. Et je vais le rejoindre.
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