Impossible ! Je ne peux pas y croire !

Bien qu'ils se soient installés sur les branches des arbres géants, mesurant plus de cinquante mètres de hauteur, j'entends très bien leur conversation. Eren aurait fuit sa cellule et orchestré l'assassinat du général Zackley ! Il vient clairement de montrer son hostilité envers l'état major en éliminant son plus haut représentant !

Ce n'est pas possible . . . Cela ne ressemble pas du tout à mon petit frère ! Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ? !

Les propos qui suivent m'éclaircissent très vite sur les raisons de ses agissements. L'armée avait l'intention de transférer l'originel à un autre eldien, plus fiable pour eux. En clair, ils comptaient faire dévorer mon cadet par un autre ! Pas étonnant qu'Eren soit passé à l'action ! Cependant, pourquoi en être allé jusqu'au meurtre ? ! Il aurait très bien pu s'échapper de sa prison à l'aide du pouvoir du titan marteau d'armes qu'il a absorbé lors de la bataille de Revelio et faire ce qu'il avait à faire sans mettre en péril la vie de qui que ce soit.

Je suis mitigée entre deux sentiments : D'une part, je suis soulagée qu'il ait fuit. L'état major ne nous a en effet jamais fait part de sa décision de remplacer définitivement Eren, il nous était donc impossible de savoir et de le sauver avant qu'il ne soit trop tard. Son escapade lui a donc permis de survivre. Voilà ce qui me rassure. Seulement, d'un autre côté, le radical et la violence de ses actes me choque et m'effraye ! Pour la première fois, je me rends compte que je connais très mal mon petit frère . . . Eren . . .

Le caporal-chef Livaï aussi est contre l'élimiation d'Eren. Si j'en crois ses propos, le problème est Sieg. Tout le monde a l'air de penser qu'il manipule notre cadet mais je n'en suis absolument pas convaincue : Eren, se faire manipuler ? Même enfant et donc logiquement plus facilement influençable, personne ne pouvait lui imposer sa volonté !

Leur entretien s'est conclu par cette décision : C'est Sieg qu'il faut éliminer. Livaï a l'intention de le faire dévorer par un autre individu digne de confiance en attendant que la grossesse d'Historia arrive à son terme et qu'elle puisse enfin hériter du bestial.

L'idée que ma cousine soit condamnée à ne vivre que 13 ans, durant lesquels elle sera réduite à enfanter la descendance la plus nombreuse possible me serre le coeur ! Dans ce sens, j'avais même proposé d'endosser ce rôle, étant moi-même de sang royal et, qui plus est, la soeur de Sieg.

D'ailleurs, cela m'amène à me poser une question : Si Livaï tient à se débarasser aussi vite de cet homme, pourquoi ne pas me charger d'hériter du titan bestial ? Je suis une héritière de la maison Fritz, pas enceinte et même en excellente santé. Je suis clairement la candidate idéale ! Sans compter que vu qu'il est mon supérieur, il peut m'imposer cette tâche sans que je n'ai le droit de contester. Alors pourquoi n'a-t-il pas proposé cette alternative ? Est-ce qu'il ne me fait pas assez confiance pour cela ? Ou bien . . .

Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps car mon caporal-chef descend déjà de l'arbre pour nous rejoindre. Il lance à Sieg :

- Passionnant, ton bouquin ?

- Pas mal, même au bout de la septième fois.

- Dur de te concentrer en essayant de nous écouter, hein ?

- Tu serais rivé à la même histoire sept fois, toi ? Au fait, il ne reserait pas un peu de vin ?

- Depuis un mois qu'on est là, il n'y en a plus une goutte, lui répond son geôlier.

- Franchement, soupire-t-il, c'est inhumain comme torture.

- Retourne à ta lecture, lui somme-t-il en tournant les talons.

- À vos ordres, chef.

Le chef en question s'éloigne, en marchant tranquillement. C'est le moment que choisit mon aîné pour se lever soudainement et courir dans le sens opposé !

Je ne comprends pas . . . Il espère vraiment pouvoir se faire la malle de cette façon ?

Après quelques mètres de course, il se met brusquement à hurler !

Oh, non ! Ce n'est tout de même pas . . .

Les trente soldats nichés dans les arbres se figent, perdent l'équilibre et tombent tous de leurs branches ! Pluiseurs boules de lumière, constituées d'éclairs, viennent éclairer la forêt !

Pousée par mon instinct, je me lève en sursaut ! Tous nos camarades, transformés en titans, tombent littéralement du ciel et viennent s'écraser sur le sol autour de nous ! Je ne sais si c'est heureusement ou malheureusement, mais la chute n'est pas assez haute pour les achever, ni même les blesser !

Privés de leur conscience, ils nous sautent dessus ! Nous parvenons à les esquiver à l'aide de notre équipement tridimensionnel. Nous nous mouvoyons ainsi avec vitesse et agilité entre les arbres et les branches. Je vois bien, à l'expression du caporal-chef Livaï, qu'il est tout aussi choqué et bouleversé que moi ! Aucun de nous deux ne s'attendait à un tel événement !

Le possesseur du titan bestial, en criant, vient de transformer nos trente camarades en titans primaires. Pourtant, il faut pour qu'il en soit capable, que ces derniers aient préalablement ingéré son liquide cérébro-spinal. Et Sieg nous a bien dit que ceux qui le faisaient étaient aussitôt paralysés. Hors, il n'y a eu absolument aucun symptôme de ce genre ! Attends . . . Il nous aurait menti ? Cette histoire de paralysie n'était qu'un coup de bluff ?

C'est alors que je me souviens de la question qu'il a posée quelques minutes plus tôt : " Au fait, il ne resterait pas un peu de vin ? ". Le vin ! C'est un grand crû mahr que nous a offert Jelena ! Il était à l'origine réservé aux officiers des brigades spéciales mais nos camarades ont réussi à en obtenir une caisse. Notre supérieur les avait même réprimandés sur cela mais ils l'ont tant supplié qu'il a fini par céder ! Je comprends mieux maintenant . . . Le liquide cérébro-spinal de Sieg y était mélangé ! Ils avaient tout prévu depuis le début !

Heureusement que je ne bois jamais d'alcool, j'ai toujours su que cette boisson n'apporte rien de bon !

Je sens alors que ma taille est brusquement serrée ! Je pousse un cri de surprise ! Oh, non ! J'étais si déstabilisée et perturbée par la situation qu'un titan a réussi à m'attrapper !

Son imposante main enveloppe aussi mon bras gauche et les fourreaux de mes lames que je n'avais pas préalablement dégainées ! En clair, je suis incapable de me dégager de son emprise !