Chapitre 1 (2/2) : Le cauchemar de la rentrée

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Tout à coup, un énorme raffut se fait entendre de la salle de bain d’en-bas. Les trois petites soeurs de Nicolas en sont l’origine. Rosalie, huit ans, la plus âgée des trois, est la première à monter dans la cuisine. À cause de son énergie débordante, elle ne peut pas rester en place une minute. Sa passion pour la mode lui octroie la fâcheuse manie « d’emprunter » beaucoup trop souvent les affaires de sa cadette.

  • Regardez comment je suis belle pour la rentrée ! dit-elle surexcitée d’un grand sourire.

« Mais ces vêtements… se ne sont pas ceux de… »

  • Rosalie ! Rends-moi mon chandail ! crie son autre soeur, Juliette.

La petite fille de six ans est l’intello de la famille. Personne n’aurait l'idée de la qualifier d’aimable puisque elle a la fâcheuse tendance de prendre les autres de haut du fait de son intelligence. En guise de riposte, Rosalie compare souvent son corps athlétique et ses atypiques cheveux bruns aux pointes bleu pastel au physique légèrement en bon point ainsi que la banale chevelure châtain clair de sa cadette. La guerre entre les deux filles est lancée pour la matinée. L’aînée, pour se protéger des racines invoquées par Juliette, crée un bouclier de coquillage. Voyant la situation dégénérer, le paternel tente tant bien que mal de les séparer.

Sous la pluie d’insultes, un charmant petit minois montre le bout de son nez. Aurélie la benjamine de la famille Thibodeau, contrairement à ses deux aînées qui sont toujours fourrées ensemble, adore jouer toute seule dans son coin avec ses poupées. Son imagination est tout simplement débordante. Voyant la troisième guerre mondiale déclarée, cette dernière contourne l’affrontement et va directement manger son déjeuner.

« Nicolas, est-ce que tu pourrais aller réveiller ton frère, en haut, s’il te plaît ? », demande Charles embêté.

Le garçon acquiesce d’un léger râlement et d’un hochement de tête. Dans la chambre de son cadet, Alexi dort. Cela sera une tout autre paire de manches de parvenir à réveiller cette marmotte sans qu’elle se fâche. Son frère est une véritable créature de la nuit qui ne passe son temps qu’à jouer à l’ordinateur, allant même jusqu’à mal se nourrir. Sa petite taille et son corps squelettique le démontrent bien.

  • Alexi, réveille-toi. T’as école…
  • Mmmm…
  • Alexi… Réveille-toi. Il faudrait pas que tu sois en retard.
  • Mmmmm ! grogne-t-il.
  • Ah… Quelle galère… Qu’est-ce que je vais faire… se demande Nicolas légèrement désespéré.

Commençant à perdre patience, il agrippe le bras de son petit frère et le tire d’un coup sec. La belle au bois dormant tombe automatiquement de son lit.

  • Haaa ! Pourquoi t’as fait ça ! crie-t-il furibond.

Les cheveux de ténèbres d’Alexi s’embrasent. Tout comme son aîné, il est un semi-golem. Cependant, à cause de différents troubles moteurs et intellectuels, le garçon a de la difficulté à parler et utiliser adéquatement ses mains. Avoir deux semi-élémentaires dans une même famille est des plus inhabituels, mais la possession d’une certaine magie, l’arcane de la forge du golem, chez les deux parents explique en partie cette rareté. Toujours assis sur le plancher, le semi-golem de ténèbres regarde son frère d’un air mauvais. Ses yeux s’illuminent d’une lueur noirâtre.

  • Ne me regarde pas comme ça. T'avais juste à te lever. Allez, viens manger. Papa t’a fait des toasts.
  • Pas faim !
  • C'est pas mon problème. T’auras juste à lui dire. Allez, viens ! lui répondit l’ainé prêt à lui agripper le bras.
  • Tasse-toi ! crie Alexi en repoussant violemment son bras à l’aide d’un fouet de fumée ténébreuse qui lui sort du torse, avant de partir de sa chambre.
  • Pourquoi doit-il toujours être sur les nerfs ? soupire-t-il exaspéré.

Le jeune garçon pensait retrouver une cuisine chaotique avec ses deux soeurs qui se disputent et son petit frère en colère, mais étonnamment, la pièce est calme et silencieuse, ses cadets étant occupés à manger leur déjeuner. Malgré tout ce beau monde autour d’une même table, Nicolas remarque qu’il manque sa grande soeur Camille.

  • Maman, Cam est pas encore réveiller ? Elle risque pas d’être en retard à prendre autant de temps ?
  • Oh, pas du tout ! Aujourd’hui, c’est la rentrée des premières et cinquième année. Camille, elle c’est seulement demain.
    • Ha… C’est pour ça que j’ai pas école demain…

Le départ approche à grand pas. L’adolescent devient de plus en plus stressé en voyant les minutes s’écouler. Sa mère vient pour la troisième fois de la matinée demander une photo, mais cette fois-ci avec ses frères et soeurs. Nicolas n’est pas le seul à témoigner un manque flagrant d’enthousiasme, mais la ferveur bouillonnante de sa maternelle réussit à prendre le dessus. Ils sortent tous dehors à l’exception du père. Le soleil brille haut et fort dès le début de la journée. Ses rayons viennent directement agresser les rétines du garçon fatigué. La mère place ses progénitures en ordre d’âge sur les escaliers en béton. Nicolas, sur la marche du dessus, droit comme un piquet, fixe la caméra en affichant un léger sourire niais. Sur celle du milieu, Alexi, à gauche, affiche un air boudeur en détournant légèrement la tête de l’appareil. À droite, Rosalie et Juliette s'accrochent et se chamaillent. Un peu plus bas, Aurélie, en plein milieu, semble être la seule de joyeuse avec son mignon petit sourire et son V de la victoire.

Une fois la photo prise, une voiture se gare quelques minutes plus tard devant la maison. Ce n’est nul autre que Charlie, l’ami d’enfance de Nicolas, et de sa mère. Ils ont convenu que pour la première semaine de cours, ils iraient à l’école ensemble. Le jeune adolescent se dépêche d’aller prendre son sac à l’intérieur, salue son père de la main puis lévite vers l’extérieur. Retenu dans sa hâte par sa maternelle, un câlin est obligatoire. Une fois devant la voiture, il vérifie une dernière fois que tous les réglages sont normaux avant d’ouvrir la portière.

Le garçon aux cheveux châtains clairs qui l’attend sur la banquette arrière s’appelle Charlie Houde. Lui et Nicolas se côtoient depuis leur plus tendre enfance et il est l’une des rares personnes en dehors de la famille du semi-golem à connaître sa véritable nature.

  • Salut Nic ! Ça va ? Prêt à commencer l’Académie ? demande Charlie d’une tape dans le dos.
  • Oui… ça peut aller. C’est sûr que l’idée de rentrer à l’Académie des mages stresse un peu. Sinon toi…?
  • J’ai tellement hâte d’y être ! On peut dire qu’on rentre enfin dans la cour des grands. Je m’ennuyais trop lors de la sixième année à l’école élémentaire, ricane-t-il sur la fin.
  • Ha, ha ! T’as trop raison, rie nerveusement Nicolas.

Un vent de malaise s’immisce entre les deux garçons. Le semi-élémentaire déteste ces moments typiques où deux personnes n’ont plus rien à se dire. À l’opposé, cela ne dérange aucunement son camarade. Il regarde par la fenêtre espérant trouver un sujet de conversation.

  • Pour la première journée, t'as décidé de mettre le cardigan gris et la chemise blanche…

Nicolas, stupéfait qu’on lui adresse la parole pour un sujet aussi anodin, se tourne brusquement vers son ami d’un air ravi. Charlie, surprise par ce soudain gain d’intérêt, clignent des yeux d'un air étonné.

  • Oui… Toi, tu portes tout le contraire avec ton cardigan beige et ta chemise bleu clair, répond Nicolas légèrement nonchalamment .
  • C’est bien qu’on soit pas habillé pareil. Sinon j’aurais eu l’impression qu’on se serait appelé la veille pour savoir ce qu’on devrait porter aujourd’hui, plaisante Charlie d’un sourire gêné.
  • C’est vrai. T’as raison…

Un autre silence beaucoup plus pesant que le premier survient. Constatant le malaise à l’arrière, Anne, la mère de Charlie intervient.

  • Tu es dans quel programme, Nicolas ?
  • Euh, en régulier…
  • Oh vraiment ? Je t’aurais imaginé à prendre le même programme que ta grande soeur.
  • En comédie musicale ?! Ça risque pas, maman. On parle de Nic là ! Il se figerait probablement à l’idée de monter sur scène, taquine Charlie.
  • Dis donc mon grand ! Sois plus gentil avec Nicolas !
  • Non, c’est correct ! Après tout, Charlo a raison, ricane-t-il nerveusement sur la fin. Je suis beaucoup trop timide.
  • Et, en plus, dans ce programme, y a plein de filles ! J’imagine pas comment tu serais gêné ! Ha ha ha !
  • Avoue, ça serait infernal. Hé hé !

Voyant la bonne ambiance de retour sur la banquette arrière depuis le rétroviseur, Anne sourit. Les deux garçons parlent de tout et n’importe quoi. Les bâtiments défilent rapidement puis plus rien. Tout ce qui reste est une immense étendue de champs de blés dorés. En pleine banlieue, ils sont les vestiges du passé rural de la région.

« Oh ! Les champs ! Ça veut dire qu’on est presque arrivé ! », s’exalte Charlie.

Quelques minutes plus tard, les jeunes garçons croisent de vastes terrains de sport et de combat puis enfin l’Académie Saint-George-du-Bouclier. Leur école est un immense bâtiment à l’architecture moderne et cubique. Il est principalement composé de briques bleutée, s’harmonisant parfaitement avec le reste de la ville. Le haut de la bâtisse est en plaque de métal noir. Le toit est délimité par des clôtures du même matériau. Une autre section de l’école est construites uniquement de planches de bois lustré. Une immense baie vitrée permet de voir la piscine intérieur.

Une fois débarqué dans le stationnement de l’établissement, Nicolas remercie poliment la mère de Charlie et attend brièvement que ce dernier termine à son tour de dire au revoir à sa maternelle.

  • Que la déesse Pix soit avec toi en cette journée importante mon chéri.
  • Merci maman, toi aussi.

Pour de tous jeunes adolescents, cette école, qui leur est encore inconnue, est un véritable labyrinthe avec tous ces couloirs et escaliers. Heureusement, des flèches indiquent le chemin à suivre. Charlie, un éternel téméraire, entame le pas, suivi de Nicolas un peu plus craintif. Cela les conduit à un rassemblement cacophonique d’élèves qui attendent pour rentrer dans l’auditorium. Un membre du personnel peine à transmettre les procédures à suivre.

« Les élèves du programme international, porte de gauche. Ceux des autres programmes, porte de droite. »

Charlie étant dans la première concentration, le duo se sépare. Une fois à leur porte respective, les deux adolescents se font demander leur nom par un professeur avant de connaître leur classe. Les deux garçons prennent une grande inspiration avant de rentrer dans l’auditorium et d’ainsi commencer leur toute première année à l’Académie des mages de Saint-George-du-Bouclier.

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