Chapitre 2 (3/6) : Un début théâtral

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La cohue s’est emparé du local 205. Les discussions s’entremêlent et sont indiscernable. L’agitation rend l’air de la classe chaude et étouffante.

Nicolas, à côté d’une fenêtre, se contente d’apprécier la vue sur l’extérieur et les courants d’air frais. Le vent remue les feuilles des arbres, les oiseaux chantent et le soleil rayonne dans un ciel sans nuages.

Une bourrasque s’immisce dans la classe et un élève, très soucieux de son apparence, replace ses courts cheveux bruns. Louis Leduc, l’un des deux seuls garçons de la concentration comédie musicale enquête sur l’identité de son autre camarade masculin. L’adolescent aborde tout d’abord le garçon en face de lui. Il s’agit d’un semi-chat de petite taille. Cependant le langage très étrange composé de « miaou » et de « nya » de son interlocuteur vient couper court à la discussion.

« C’est quoi cette façon bizarre de parler ? », se demande-t-il mal à l’aise.

Il se tourne vers son voisin de derrière.

  • Salut ! C’est quoi ton nom ? s’exclame Louis de sa voix efféminée.

Nicolas, surpris qu’on lui adresse la parole, scrute son interlocuteur. C’est un garçon d’environ la même taille et musculature que lui. Sa peau lisse, ses boutons masqués par du maquillage, ses sourcils épilés au millimètre près et son visage presque parfaitement symétrique dégagent une aura très superficielle qui rendent mal à l’aise l’adolescent aux cheveux frisés.

  • La politesse exige que l’on donne son nom avant de demander celui des autres, lui répond timidement Nicolas.
  • Rah ! Laisse tomber la politesse ! Je m’appelle Louis Leduc et je suis en comédie musicale.
  • Moi, je m’appelle Nicolas Thibodeau… et je suis en régulier.
    • Ha, donc c’est pas toi l’autre gars en comé… Normal, vue comment t’as l’air gêné, dit-il d’un ton moqueur.
  • Mouais…
  • Une minute… Ha ! C’est toi qui as combattu tantôt ! Tu maîtrises les nuages ?! Ça doit pas faire très mal. Ha, ha, ha. Comment tu veux battre quelqu’un avec quelque chose d’aussi insignifiant que des nuages ? Ha ! ha !

« Il m’énerve ! D’où il se permet de rire de ma magie ! »

  • Euh, non… Je t’assure que ça peut faire très mal, répond-il avec une pointe d’agressivité.
  • Bah il faut admettre que comparé à ma magie de lumière, tes pauvres nuages risquent de ne pas faire le poids ! se vante-t-il en arborant un air de dédain.

« Comment j’en suis arrivé là ? S’il vous plaît que quelqu’un me débarrasse de ce pot de colle narcissique et méprisant ! »

Tout à coup, la conseillère demande l’attention général. Nicolas la remercie intérieurement et lâche un soupir de soulagement.

« Bonjour tout le monde ! J’espère que vous avez apprécié les combats de ce matin. Voici comment va fonctionner la journée. Quand on va nous appeler, on va aller faire la prise des photos. Ensuite, on va manger à la cafétéria et, finalement, faire un petit jeu contre les autres classes. En attendant, je vous propose que l’on se présente chacun notre tour. Je vais commencer et on continuera en ordre alphabétique. Je m’appelle Sylvie Vigneau, je suis votre professeur de sciences et votre conseillère. Cette année, ça fait six ans que je travaille à Saint-George-du-Bouclier et j’utilise la magie des hologrammes. C’est tout pour moi ! On va commencer par toi Christelle. »

Les présentations défilent, Nicolas, voulant le plus possible se faire des amis, y prête une attention méticuleuse. Sur trente-et-un élèves, le deux tiers sont des filles, car une bonne partie d’entre elles sont dans la concentration comédie musicale. Si, pour le jeune garçon, la plupart des présentations finissent par tous se ressembler, l’un de ses camarades attire son attention.

« Euh… Bonjour. Je, je m’appelle Alexandre Cadieux. Comme vous pouvez le voir, je suis un homme-loup et je maîtrise la magie de l’argent. J’appartiens à l’Ordre lunaire de Sommet-du-Loup. Ha ! Euh… Je suis dans la concentration sport », dit-il gêné.

Il est un bestial. Au contraire des semi-humains qui tiennent plus de l’humain que de l’animal, les hommes-bêtes ont davantage des caractéristique d'animaux. Nicolas est surpris d’avoir un tel individu dans sa classe, car la majorité de la population bestiale vit sur un autre continent. Il en déduit donc que son camarade est le fruit d’une anomalie génétique. Il arrive que deux semi-humains mettent au monde un bestial.

Après de nombreuses minutes de présentation, Nicolas commence à s’ennuyer. Il finit par regarder les nuages défiler.

« Je veux voler », soupire-t-il avec une profonde lassitude.

Malgré sa capacité à pouvoir s’envoler, il ne peut pas le faire quand bon lui semble. Les humains qui savent voler font figure d’exceptions. Il s’agit surtout de semi-humains volatiles, de puissants mages, comme des guerriers, ou des êtres spéciaux, comme des semi-élémentaire. Cela se révélerait donc très étrange qu’un adolescent normal à première vue sache voler.

Soudain, Nicolas se fait tirer de ses pensées par son enseignante. C’est à son tour de se présenter, mais il ne sait pas quoi dire, se met paniquer et commence à bégayer. Il s’apprête à parler, mais l’interphone sonne. Ses camarade et lui doivent se diriger à l’ancien gymnase pour la prise de photo. Sauvé par la cloche, le garçon soupire.

Naturellement comme tout bon groupe d’adolescents qui se respecte le déplacement se fait dans le désordre le plus total. Les deux fameuses colonnes demandées par l’enseignante se révèlent être très nébuleuses. N’aimant pas être dans la foule, Nicolas suit sa classe légèrement en retrait.

L’ancien gymnase fait office de pièce centrale du premier étage et est un vestige d’avant l’extension de l’établissement il y a une vingtaine d’années. Une fois à l’intérieur, les élèves doivent se mettre en ordre alphabétique, cependant, certains quittent très vite les rangs pour aller voir leurs amis. Pour Nicolas, ne pas respecter une règle aussi simple est incompréhensible. Ce genre de comportement l’énerve et le dégoûte, mais, d’un autre côté, le jeune garçon envie ses camarades, car eux, du moins, ont des amis avec qui parler et rire tandis que lui reste terré seul. Malgré qu’il soit habitué à côtoyer la solitude, le semi-golem commence à la trouver pesante.

Après plusieurs minutes à attendre, c’est enfin à son tour. Le photographe demande au garçon de sourire, mais ce dernier demeure de marbre. Il n’a pas le moral de simuler une quelconque joie. Une fois la photo prise, Nicolas rejoint ses camarades et personne ne le remarque à l’exception de son enseignante qui rassemble alors le reste du groupe.

« En attendant que ce soit l’heure du dîner, l’école a préparé une petite activité pour vous. »

Sur le coup, la plupart des adolescents apprécient l’idée, cependant…

« Le jeu auquel on va jouer est simple, il s’agit d’ouvrir le plus rapidement un cadenas. »

En une fraction de seconde, une grande partie des adolescents perdent tout intérêt. Il y a bien que Nicolas pour trouver qu’il s’agit d’une bonne idée.

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