Chapitre 2 (4/6) : Un début théâtral

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Après l’activité, les élèves descendent à la cafétéria pour manger un sandwich produit à la chaîne par un fast-food du coin. Faites à l’avance, la principale préoccupation du jeune garçon n’est pas de choisir ce qu’il préfère entre jambon, dinde et végétarien, mais lequel est le moins subjectif de l’empoisonner.

Après avoir obtenu son dîner, il cherche son ami d’enfance. Ne le trouvant pas parmi la foule, Nicolas tente de détecter sa magie. Après quelques secondes de recherche, il ressent son empreinte magique et s’y dirige avant de le voir en train de rire, entouré par quatre autres élèves. Cela a l’effet d’une douche froide. Même si cela n’est pas le cas, il a l’impression d’avoir été trahi.

Démoralisé, Nicolas part s’asseoir.

Ayant senti quelqu’un tracer sa magie, Charlie regarde tout autour de lui et aperçoit son ami d’enfance, seul. Cela lui procure un goût amer. Il s’apprête à aller le rejoindre, mais est intercepté par l’un de ses nouveaux amis.

Nicolas entame son sandwich tête baissée, complètement dans sa bulle, quand une silhouette s’arrête de l’autre côté de la table. C’est le petit homme-loup. Ses yeux argentés sont brillants. Son pelage qui recouvre l’intégralité de son corps est d’un magnifique gris cendré et beige. Dévisagé de la tête au pied par le garçon aux cheveux frisés, le bestial détourne le regard et se gratte l’une de ses oreilles. Sa queue agitée trahit sa gêne.

  • Euh… Est-ce que je peux manger avec toi ?
  • Bien sûr, Alexandre.
  • Merci… Euh… souffle le bestial en s’assoyant.
  • Nicolas. Nicolas Thibodeau.
  • Ha oui ! C’est vrai…

Embarrassé, le canidé hésite à parler.

  • Je pensais pas que tu te souviendrais de mon nom…marmonne-t-il.
  • Tu l’as dit tantôt. C’est la moindre des choses de se souvenir du nom de ses propres camarades, répond-il nonchalamment .
  • Souvent le monde ne se souvient même pas comment je m’appelle. Il se contente de m’appeler l’homme-chien ou juste le bestial. T’entendre m’appeler par mon prénom, alors qu’on se connaît pas, ça me fait plaisir, dit-il avec la queue agitée.
  • De rien.

Pendant une bonne minute, l’homme-loup et le semi-golem ne s’adressent plus un mot. C’est une situation désagréable pour Nicolas qui déteste ce sentiment de malaise lorsque deux personnes ne savent plus quoi se dire. Lorsque cela se produit avec un inconnu, il se contente de se taire et attend que ce dernier s’en aille. Cependant, ce Alexandre Cadieux ne semble pas comme les autres garçons arriérés et immatures de sa classe. L’adolescent continue alors la conversation en disant la première chose qui lui passe par la tête.

  • Pourquoi t’es venu t’asseoir avec moi ? On ne se connaît pas pourtant.
  • Euh… Je sais pas. T’avais l’air gentil et tu avais une bonne odeur, on va dire.
  • Une bonne odeur ? C’est glauque…
  • Euh… je veux dire que tu dégages une odeur qui n’a aucune empreinte d’agressivité.
  • C’est donc vrai que ton odorat peut lire les émotions, lâche Nicolas d’un air intéressé.
  • En partie. Les humains normaux ne le sentent pas, mais on sécrète toutes sortes d’hormones et d’odeurs selon ce qu’on ressent, explique-t-il heureux de parler de ses capacités. Comme toi, depuis tout à l’heure, tu as toujours cette sorte d'absence d’émotion ! C’est fou quand même… Euh… tu vois ce que je veux dire.
  • Oui… je vois…

Dérangé par la tournure de la discussion, Alexandre cherche à aborder un autre sujet. Sa truffe se met à bouger frénétiquement en direction du repas de son camarade.

  • T’es végétarien ? demande maladroitement l’homme-loup en s’appuyant sur la table et agitant le museau.
  • Euh… non pas du tout, répond Nicolas surpris.
  • Euh… J’ai senti que tu avais pris le sandwich végé. C’est pour ça, alors je pensais que… voilà…
  • Non, c’est juste que ça semblait être le sandwich qui avait le moins de chance de me donner une indigestion, répond le garçon d’un ton rationnel.
  • Choisir un sandwich sur le plus mangeable. J’ai jamais vu ça ! s’esclaffe le bestial.
  • Je vois pas ce qu’il y a de drôle ?

Une fois calmé, le visage heureux du canidé passe de nouveau à de la gêne. Il détourne le regard.

  • Nicolas… Je t’ai pas complètement dit la vérité tantôt. Quand tu m’as demandé pourquoi je suis venu te voir, le truc des odeurs c’était vrai, mais… ce n’est pas parce que t’avais l’air gentil. C’est parce que ton odeur est vraiment à part des autres. Les humains ont pas mal toute la même odeur et ça varie si c’est des semi-humains, mais la tienne… j’en ai jamais senti une comme ça. Tu m’intrigues trop ! T’es quoi au juste ?

Les yeux turquoises du semi-golem reflètent de la tristesse et de la déception. Non seulement son secret va être découvert, mais surtout, il a pensé s’être enfin trouvé un ami. Il ne peut pas nier ce qu’Alexandre avance et ne sait pas comment réagir. En fin de compte, il est impossible pour lui de rester à ses côtés.

Il prend une grande respiration.

  • Euh… Moi… Différent ? Non. Ton museau doit te jouer des tours, bégaye le semi-golem en détournant le regard.

Alexandre, voyant qu’il a touché un point sensible, se contente d’acquiescer.

« Si seulement je pouvais n’être qu’un humain normal… comme Charlie… »

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