Chapitre 2 (5/6) : Un début théâtral

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Au même moment, dans un autre endroit de la cafétéria, un groupe de quatre garçons et d’une fille discute et mange leur repas avec joie.

  • Alors Charlie… Charlo, ça fait quoi d’avoir perdu face à ce petit gars ? demande Dylan, un grand garçon à lunette, en pointant Mathieu.
  • J’étais dégoûté, mais qu’est-ce que tu veux ? C’est le jeu. Mathieu a gagné… pour cette fois !
  • Haaa… J’aime ton état d’esprit. Tu te laisses pas faire ! Ça, c’est un vrai homme ! T’as entendu Mat ? Il faudra que tu prennes tes responsabilités en main et que tu donnes une revanche à Charlie ! rajoute le garçon aux cheveux gris et écarlate.
  • Pas de problème. On verra si t’es capable de me battre avec cent pour cent de tes capacités, répond-il d’un air décontracté.
  • Haaa… mais quel homme ! plaisante Dylan en replaçant ses cheveux.

Les trois garçons se mettent à rire. Face à eux, se trouve deux semi-humains, une semi-tigresse polaire et un semi-poisson rouge. La première fait jaillir du givre de ses doigts tout en agitant les bras tandis que le second fait sortir des bulles d’eaux de sa bouche. Devant cette scène plus qu’étrange, Charlie et Mathieu restent sans voix. Ils se demandent tous les deux ce qui est en train de se passer.

  • Héééé… Rach… arrête de faire le pitre, j’ai pas envie que mon repas finisse encore congelé ! Qu’est-ce tu fous avec le poisson rouge ? lâche Dylan d’un ton décomplexé.

Rachel stoppe ses mouvements de bras et se tourne dans la direction de l’adolescent à lunette.

  • On parle d’nos pouvoirs. Ça parait pas évident ? répond-elle d’un ton passif agressif sur la fin.
  • Toujours à vouloir exhiber ta magie de givre à ce que je vois, souffle Dylan d’un air las.
  • Tu dis ça comme si toi tu le faisais pas. J’te connais. T’adores faire le malin avec ton métal en fusion, sale binoclard ! injure Rachel d’un ton moqueur.
  • Combien de fois je dois te dire que c’est du fer en fusion,c’est pas du tout la même chose ! réplique Dylan énervée.

La discussion entre les deux adolescents dégénère très vite à la chicane. Malgré que l’ambiance se dégrade, un détail pique la curiosité du petit semi-poisson.

  • Euh… C’est juste moi ou vous vous connaissez depuis longtemps tous les deux ? Vous… vous… sortez ensemble ? demande-t-il le visage aussi rouge qu’une tomate.

Les deux adolescents se tournent brusquement dans sa direction.

  • Plutôt mourir que de sortir avec ! disent-ils à l’unisson.
  • Pourtant vous semblez si bien vous entendre, rajoute-t-il naïvement.
  • Non... on est juste ami d’enfance, explique Rachel.

Sur ses paroles, les deux amis d’enfance se mettent à rougir et détournent le regard.

  • Oh ! Vous avez de la chance d’être dans la même classe. Moi aussi, j’ai un ami d’enfance, mais il est dans une autre classe.
  • Ha oui ? C’est qui ? demande Mathieu.
  • Vous l’avez tous vu tantôt. C’est le gars qui a gagné le dernier combat.
  • Ha ! Contre la gorille, lâche Dylan d’un air blagueur.
  • De quoi contre la gorille ? C’est même pas une semi-humaine. C’est pas parce qu’elle est plus musclée que toi que tu peux te permettre de la dénigrer ! Satané de macho ! intervient la semi-tigresse du tac au tac.

« Et c’est reparti pour une autre dispute entre les deux tourtereaux », se dit le semi-poisson.

  • Sinon Léon ? C’est quoi ton élément ? demande Mathieu.

Léon est un garçon extrêmement mignon. Sa très petite taille, ses écailles orangés comparables à des taches de rousseurs et ses énorme yeux cyan globuleux donne l’impression de parler au plus adorable des jeunes enfants.

  • Je maîtrise les bulles ! dit-il fièrement avec sa voix enfantine.
  • Les bulles ? répète Charlie visiblement surpris par l’élément.

La nageoire qu’a le semi-poisson sur la tête se met à se trémousser nerveusement.

  • Charlie… Mathieu, vous… vous en pensez quoi ? demande-t-il le regard plein d’espoir.

Les deux interlocuteurs se regardent décidément mal à l’aise.

  • Euh… On peut dire qu’il y a plus menaçant que des bulles…

Léon exprime un regard abattu avant de fixer Charlie en espérant que ce dernier trouve quelque chose de plus valorisant à rajouter. L’adolescent fait de son mieux pour ne pas le vexer.

  • Tu sais ce qu’on dit… c’est pas la puissance du pouvoir qui importe, c’est comment on s’en sert.

Le visage du petit garçon tourne au blanc. Ses énormes pupilles noires pleines de vie reflètent dorénavant qu’un vide infini. Sa nageoire autrefois fièrement dressée est maintenant étalée sur sa tête. Léon, en état de choc, est immobile, la bouche grande ouverte. Charlie, qui n’a qu’enfoncé le couteau dans la plaie, essaie de se racheter. Il cherche désespérément une qualité qui serait bien accueillie par son nouveau camarade quand il remarque des formes d’ouverture sur son cou.

  • Léon, c’est quoi que t’as au cou ?
  • Euh… C’est mes branchies… répond-il lentement, toujours sous le choc.
  • Ça veut dire que tu peux respirer sous l’eau ? C’est grave cool ça ! intervient Mathieu.

Le garçon, soudainement revalorisé, reprend des couleurs et la conversation continue de plus belle. Après plusieurs minutes à discuter, Charlie se demande comment cela se passe pour son ami d’enfance. Il s’imagine que Nicolas doit probablement manger seul et cette simple pensée le désole.

« Si seulement il pouvait sourire un peu plus. »

Il voudrait bien essayer de le retrouver ne serait-ce que pour s’assurer qu’il va bien et qu’il n’est pas seul, mais avec autant de monde dans la cafétéria et l’interdiction de trop s’éloigner de la table assignée à sa classe, c’est mission impossible. Son tracas finit par paraître sur son visage.

  • Ça va Charlie ? demande Mathieu soucieux.
  • Oui… Je me demandais si mon ami d’enfance allait bien. Il n’est pas bien sociable, donc j’ai peur qu’il mange seul. Je pourrais bien détecter sa magie, l’affaire c’est que je saurais pas dire s’il est avec quelqu’un…
  • Ha… si c’est que ça, je peux essayer de voir s’il est avec quelqu’un, lâche le semi-humain sereinement.
  • Ha oui ? Tu serais capable de faire ça ? demande Charlie très étonné.
  • Je suis peut-être pas très fort en combat, mais si j’excelle en quelque chose c’est bien dans ma détection magique ! répond Léon fièrement. Bon j’ai juste à chercher la magie du gars du dernier combat. C’est ça ?

Charlie hoche de la tête. Le semi-poisson rouge détecte le mana de Nicolas en quelques secondes à peine.

  • De ce que je peux constater… il n’est pas seul et interagit avec quelqu’un qui a un élément lié à un métal.
  • Au fait Léon, comment tu sais qu’il parle avec quelqu’un ?

La nageoire sur la tête du semi-poisson rouge s’agite visiblement satisfait.

  • C’est simple Charlo. Quand je détecte de la magie, je me visualise des bulles d’air. Lorsque j’ai trouvé la bulle de ton ami, j’ai remarqué qu’elle interagissait et bougeait de manière semblable avec une autre lié à un élément métallique.

Charlie trouve la capacité de détection de son camarade tout bonnement stupéfiante. Simplement savoir que Nicolas a par miracle trouvé quelqu’un avec qui manger le rassure énormément et lui permet de profiter du reste du dîner avec ses nouveaux amis.

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