Chapitre 2 (6/6) : Un début théâtral
Le dîner terminé, les élèves et leurs professeurs se dirigent vers le complexe sportif pour assister au duel entre les deux plus puissants mages de dernière année. Cet affrontement a pour but de motiver ses bourgeons en plein développement que sont les premières années. La direction veut leur faire comprendre jusqu’où en cinq ans ils peuvent progresser.
Dans une société où la magie est dominante, la puissance l’est tout autant. Il est bien vu pour une école que des guerriers, les mages les plus forts d’un pays, soient originaires de chez eux. La réputation de Saint-George-du-Bouclier n’est plus à prouver sur ce point puisqu’au moins un de leur élève, à chaque deux, ans finit par en devenir un.
Assis dans l’estrade d’une arène à ciel ouvert depuis maintenant une dizaine de minutes, Nicolas commence à s’impatienter que ce soit à cause du boucan provoqué par ses camarades ou le soleil qui brille de mille feux sans aucun nuage pour le camoufler. Pour au moins apaiser cette chaleur étouffante, l’adolescent crée une nébulosité qui lui fait de l’ombre et un léger courant d’air. Des élèves envieux lui demandent s’il peut leur faire la même chose. Il accepte sans trop d’hésitation.
Enfin, après une attente interminable, le directeur arrive accompagné de deux jeunes filles de cinquième année. Constatant qu’ils vont assister au combat entre deux magiciennes, certains garçons réagissent avec animosité et impatience. Ces comportements dégradants répugnent énormément Nicolas qui se contentent de fixer les prépubères avec un regard de dégout.
Des écrans holographiques magiques apparaissent un peu partout de chaque côté de l’arène. Au contraire des précédents duels de l’auditorium, cette fois-ci, il n’y a aucune limite puisque les deux filles sont dans une zone de combat, un endroit créé par un appareil magique, nommé balise, qui remplace les corps des combattantes par un autre magique. Une fois vaincu, le mage est éjecté de la zone et retrouve son corps d’origine.
Lors de ses premières années d’existence, la machine a créé beaucoup de controverse suite à la peur qu’elle désensibilise à la mort et provoque une augmentation des comportements violents et des meurtres. Au fil des années, c’est tout le contraire qui a été observé puisque ces combats à mort factice entraînent l’évacuation de la frustration et des envies meurtrières.
L’affrontement commence. Lors des premières minutes, aucune des deux ne réussit à s’imposer. Soudain, l’une des filles laisse entrevoir une brèche dans sa garde et perd son bras gauche. Grâce à la balise, il n’y a aucune trace de sang, à la place, une fumée de particules élémentaires émerge de la blessure. Il ne reste que peu de temps avant que le corps magique de la jeune magicienne atteigne sa limite et qu’elle soit éjectée. Elle tente le tout pour le tout et touche son adversaire en pleine poitrine, cependant cette dernière a renforcé sa défense à l’aide de son mana et ne se révèle pas sévèrement touchée. D’un claquement de langue désappointée, la jeune fille au bras manquant sait qu’elle a perdu. Une voix robotique émerge du corps agonisant.
« Limite du corps magique atteint. Éjection. »
Le corps se fissure et se transforme en une vive lumière avant d’exploser et de disparaître. La magicienne réapparaît aussitôt à l’extérieur de la zone de combat. Au final, c’est la première du classement des élèves qui sort vainqueur de l’affrontement qui a duré plus d’une vingtaine de minutes. Les premières années applaudissent et hurlent d’exaltation. Face à une telle ardeur, le directeur essaie de les calmer.
« Du calme, du calme. Je peux voir que ce combat vous a impressionné. Si vous avez trouvé cette jeune fille époustouflante, dites-vous qu’elle est candidate à devenir une future guerrière ! J’espère que ça vous a aussi motivé, car de la motivation vous allez en avoir besoin ! C’est vous qui allez vous battre pour cette dernière activité de la journée ! Vous combattrez dans une grande forêt créée par la balise. Chaque classe aura un drapeau à défendre. Attention ! Si votre drapeau est capturé, même si vous pouvez toujours vous battre, vous serez éjecté ! L’affrontement va prendre trois heures au maximum. »
Les élèves de première année sont excités et bouillants à l’idée de combattre. Pour Nicolas, c’est une occasion de prouver aux autres : ce qu’il est capable de faire, et cela sans recourir à sa magie de golem. C’est pour lui, une opportunité d’avoir des années prospères et agréables au sein de l’Académie ainsi que d’être autre chose qu’un élève fantôme. Il veut à tout prix éviter que cette chance lui glisse entre les doigts. Le jeune adolescent, les yeux pleins de détermination, est prêts à se battre !
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