Chapitre 3 (3/6) : La capture de drapeau de la classe 1G

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Une fois le groupe complet, l’ambiance est tout de suite plus animé.

  • U… une… une fille !?

À la vue de la semi-papillon, Alexandre perd ses moyens comme si c’était la première fois de sa vie qu’il rencontrait une personne du sexe opposé. De malaise, sa queue d’homme-loup s’agite légèrement.

Il la lorgne sous tous les angles possibles. Ses cheveux longs bruns et frisés aux mèches mauves, ses yeux verts citronnelle perçants, ses longues jambes élégantes à la peau chocolat au lait et ses magnifiques petites antennes et ailes de papillon.

Sous le charme de l’adolescente, le bestial reste figé et la bouche grande ouverte, à deux doigts de laisser tomber une coulée de bave. Des yeux de la jeune fille, elle ne voit qu’un loup salivant sur elle. Apeurée, elle se cache derrière son camarade.

  • Nicolas ! crie-t-elle. C’est qui ce type ?! On dirait qu’il veut me dévorer.

Le garçon, n’aimant pas être touché, s’écarte.

  • Euh, pardon ! Je voulais pas te faire peur ! Je m’appelle Alexandre, bégaye le bestial.
  • Ne m’approche pas, le chien ! hurle-t-elle complètement paniquée.

Face aux insultes, Alexandre freine sec. Démoralisées, ses oreilles et sa queue de canidé se baissent.

Voyant l’ambiance s’envenimer, Nicolas tente d’arranger les choses. Le reste de leur marche se fait dans le silence avec le semi-golem entre ses deux compères. L’une ne peut s’empêcher d'arborer un regard de dégoût et l’autre affiche un visage de chien battu.

Une fois arrivé proche de la base, quelque chose cloche : l’endroit est beaucoup trop silencieux. Nicolas et ses deux compagnons y pénètrent donc précautionneusement. À leur grande surprise, il n’y a plus rien. Aucun élève et aucun drapeau. La classe F avait déjà perdu.

  • Qu’est qu’on fait maintenant ? demande Nicolas.
  • On devrait retourner à la base, y’en a beaucoup de notre classe qui ont été éjectée, propose Alexandre.
  • Moi, je suis d’avis qu’on devrait plutôt aller à la prochaine base, enchaîne Alice.

Nicolas réfléchit quelques secondes avant de partager l’avis de sa camarade. Ils ont déjà parcouru une distance considérable et le mage de nuages ne veut pas que ses efforts n’aient servi à rien.

  • Mais, dans cette forêt aussi dense, ça va bien nous prendre une trentaine de minutes pour y aller ! En plus, la distance entre notre base et celle de la E est presque à un kilomètre. Même si on arrive à capturer leur drapeau, ça signifie aussi de se faire traquer sur presque tout le chemin du retour ! Ça fait déjà quarante-trois minutes qu'on est dans la simulation. Je suis pas d’avis qu’on devrait continuer.
  • Attends une minute. Comment tu sais que ça fait quarante-trois minutes précisément ? intervient Alice dubitative.
  • J’ai… on peut dire, un sixième sens qui fait que je connais toujours l’heure exact. On me l’a diagnostiqué.

Malgré les réticences du bestial, ses deux camarades restent du même avis. Pour ne perdre aucune autre précieuse minute, il accélère la cadence. Au final, seulement un peu plus d’un quart d’heure leur suffit à atteindre la prochaine base.

Cachée derrière des ruines, Alice concentre tout son mana dans la détection des empreintes magiques des alentours.

  • Si personne ne camoufle sa magie, ils sont quatre, chuchote-t-elle.
  • Mon odorat semble dire la même chose, confirme Alexandre.
  • On est donc en infériorité numérique, pense Nicolas à voix haute. C’est pas grave. J’ai pensé à un plan face à cette éventualité.

***

Alice s’est séparée de ses deux compères pour, au moment venu, assurer leur arrière depuis le haut de la base ennemie.

« Je suis en position », communique-t-elle par télépathie.

Nicolas commence une incantation.

« Je fuis la réalité dans les cieux. Nuage illusoire, descends et fais-nous sombrer dans ton univers. Fata Morgana. »

L’intégralité des ruines de la classe E se recouvre d’un dôme de nuage. De l’extérieur, une énorme nébulosité est visible, mais de l’intérieur, rien ne change. Toute réflexion de la lumière devient le jouet de Nicolas. Lui et ses alliés deviennent invisibles.

« C’est parti. »

À ce moment, les trois adolescents se mettent à bouger, tout en prenant soin de camoufler leur présence. Dans la base adverse, il y a quatre personnes, trois au sol et une autre en hauteur.

Le but de leur tactique n’est pas de chercher la confrontation, mais bien de leur dérober discrètement leur drapeau. Pour brouiller les pistes, les deux garçons invisibles prennent deux chemins différents et passent à côté des trois élèves comme si de rien n’était, mais un gaillard aux yeux orange sent, un bref moment, une présence.

Il se demande si c’est son cerveau qui lui joue des tours avant de se dire que cela pourrait être bien autre chose.

« Mmmh… étrange… Juste au cas où. Rayonnement solaire ! »

Un flash lumineux émane du garçon. L’illusion de Nicolas disparaît instantanément. Alexandre, dorénavant à la vue de tous, est à la portée de trois ennemies.

« Le sort… il s’est annu… »

L’homme-loup n’a pas le temps de finir sa phrase qu’il se fait violemment projeter sur l’un des murs de la base en ruine. Heureusement, il n’est pas sévèrement touché et se déblaye rapidement des gravats.

Pendant ce temps, au premier étage, Alice, elle aussi démasquée, combat une magicienne à l’aide de ses multiples papillons.

Les trois ennemies proches du drapeau se ruent sur le bestial qui invoque son épée, Éclat-Lune, prêt à en découdre. Désemparé de se retrouver à un contre trois, il commence à incanter son sort le plus puissant, mais également le plus épuisant.

« L’argent, source d’avarice. Connu pour séparer les hommes, fais-le encore une fois. Arbore ton éclat argenté ! Déferlante d’argents ! »

Une imposante crevasse jonchée de pics d’argents se forme en direction des trois opposants. La plupart d’entre eux se protègent avec plus ou moins de réactivité. Le sol est dorénavant parsemé de fragments du métal précieux argenté.

Un élève s’empale une jambe sur un pieu. Ses camarades ne s’en préoccupent pas et continuent leur course en direction du bestial.

« Lune violette. »

Des runes d’un éclat mauve s’illuminent sur l’épée de l’homme-loup.

Il assène un coup au grand gaillard. Son corps se déforme comme de la gelée et prend une teinte orangée avant de se refermer comme si son attaque n’a jamais eu lieu. Alexandre ne comprend pas ce qui vient de se passer et encaisse un puissant poing enduit de plasma. Il s’effondre sur place en regardant, complètement confus, son adversaire qui affiche un visage moqueur.

  • Tu ne me toucheras pas avec un simple coup d’épée.
  • Je… je te reconnais. T’es lui qui était sensé combattre pour la classe E à l’auditorium, mais ton adversaire a abandonné. Tu es…
  • Frank Gagnon, et c’est pas aujourd’hui que tu vas me battre. Achevez-le. Moi, je vais m’occuper de la fille au premier étage.

« Merde ?! »

Alexandre ferme instinctivement les yeux et attend d’entendre la voix robotique.

« Point vital touché. Limite du corps magique atteint. Éjection. »

Surpris d’être toujours dans la simulation, le semi-loup voit que son adversaire s'est fait transpercé dans le dos par un rayon coloré. Six rayons multicolores se dirigent vers les deux autres élèves. Frank bloque automatiquement l’attaque, mais son camarade est touché au bras. Alexandre en profite pour asséner un coup d’épée fatale au blessé qui se fait éjecter.

Soudain, une alarme sonne. Nicolas réapparaît progressivement derrière un nuage invisible.

« J’ai bien fait d’avoir été prudent deux fois plutôt qu’une », dit-il le drapeau de la classe 1E à la main.

Le grand gaillard ne se laisse pas déboussoler pour autant et lance un rayon orangé en direction de l’homme-loup. Ce dernier tente de se protéger, mais il n’a plus l’énergie de faire quoi que ce soit et se fait sévèrement toucher par un puissant vent solaire. Alexandre sent son enveloppe magique se fragmenter et perd progressivement conscience.

« Tu ferais mieux d’apporter ce drapeau à notre base », dit-il à Nicolas par télépathie.

Un rayon lumineux émerge de la position d’Alexandre avant d’aussitôt disparaître. Nicolas se retrouve seul face à Frank, un adversaire qui en impose physiquement par ses larges épaules, ses muscles bien développés et sa grande taille. Le semi-golem préfère éviter de devoir affronter un tel mastodonte, cependant, il ne voit aucune ouverture pour fuir. Son sort Nuage invisible ne lui est d’aucune utilité face à un mage pouvant dissiper les illusions.

« Cela ne fonctionnera pas deux fois contre lui. »

Pour enfoncer le couteau dans la plaie, Frank utilise Splendeur solaire pour empêcher Nicolas de fuir. Avec une auréole à l’énergie céleste flottant au-dessus de sa tête, Frank a tout d’un ange de la guerre.

Le semi-golem, intimidé, veut à tout prix garder ses distances. Il lance plusieurs sorts pour l’empêcher d’avancer : une myriade de Nuage lenticulaire, d’Arcus ou encore de Nuage nacré. S’ils ne sont pas bloqués par le garçon de plasma, ils traversaient son corps de manière inexplicable sans lui occasionner le moindre dégât.

« Merde ! crie Nicolas. Ô nuages qui ondulent telles des vagues, déferle-toi et inonde la terre. Aspératus. »

Une immense étendue de nuages vient s’abattre sur Frank. Comme les autres sorts, cela ne le blesse pas, mais le fait au moins reculer.

Le semi-golem, après avoir lancé autant de sortilèges, se retrouve désarmé. En sueur et essoufflé, il ne sait plus quoi faire. Le colosse avance tranquillement dans sa direction arborant un air supérieur.

« Éruption solaire. »

De ses mains émerge une énergie orangée. À la trajectoire arquée, l’imposant rayon de plasma fonce sur Nicolas. Ce dernier s’attelle à faire un sort défensif et concentre son mana dans sa défense. Son corps se recouvre d’une énergie protectrice turquoise, cependant l’offensive est telle que son bouclier cède instantanément et la seule chose qui le protège d’une quelconque blessure est son corps renforcé. Nicolas, effondré au sol, se relève malgré tout.

Soudain, des rayons de pollen tirer par les papillons d’Alice viennent déranger Frank, avant que ce dernier se fasse engloutir dans une tornade de particules colorées. Derrière Nicolas, il apparaît une silhouette.

  • Vient vite Nic ! On n’a pas beaucoup de temps ! dit-elle en agrippant son bras.
  • Alice ?! Comment t’as fait ? Tu vas bien ?
  • On en parle plus tard ! Cours !

Une puissante lumière orangée brille de la tornade d’Alice avant d’exploser. Frank se libère de sa prison de pollen, mais, une fois sorti, il ne trouve rien. Aucun allié, aucun ennemi et aucun drapeau.

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